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1 avril 2020 3 01 /04 /avril /2020 19:04

C'est ici que nos chemins se séparent. C'est l'arrivée de cette période de confinement n°1. Une autre la prolonge de 15 jours, voilà ce que l'on sait, et ensuite c'est l'aventure !

Comment en sortirons-nous ? La recherche travaille dessus. Des tests sont en cours de tests.

Quelque chose est certain, entre la théorie et la pratique il y a des moyens en matériel dont nous manquons toujours.

Pour bien sortir du confinement, il faudrait pouvoir attendre d'être en mesure de bien le faire. Mais attendre est inconfortable et surtout économiquement inenvisageable. Rater la sortie, c'est nous promettre d'y retourner tôt ou tard avec des conséquences qui ne sont pas quantifiables. Alors...

Le monde a un sérieux problème à résoudre.

Les pays les plus riches, dont nous faisons partie, ont le luxe de pouvoir calculer au mieux, de se battre pour limiter la casse, d'élaborer des stratégies de moindre coût en vies et en monnaie. En réalité nous pestons contre les moyens qui nous manquent et qui risquent de contrarier la réussite de cet objectif.

Mais les autres, les pays en voie de développement comme on les appelle? Ils traversent à la nage !

On en parle assez peu, les médias restent centrés sur notre propre vécu et notre devenir.

Comment confiner les gens qui mangent, le soir, le peu qu'ils ont trouvé dans la journée ? Quel accès aux soins ont-ils  lorsque déjà ils n'ont pas accès à l'eau et à l'électricité ? Ils sont déjà en survie.

J'aurais bien aimé trouver une note positive pour clôturer. Que la médecine trouve vite un vaccin ou un remède ? Que tout le monde en bénéficie ?

Je suis tombé par hasard sur cette citation ce matin :

"Mais si le but poursuivi était, non de rester vivant, mais de rester humain..." - Georges Orwel 1984

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Février 2016 - Sur le voilier fin de la transatlantique - Jour 15 -

Vers 4 heures du matin, j'entends que les choses s'agitent dehors. 8, 10, 12 Nœuds de vent. Je renvoie les voiles nous sommes délivrés de ce trou.

 

Une heure plus tard c’est tonique ; force 5.

Agur reprend ses grandes foulées à 8 nœuds.

Le vent est en effet orienté au Sud mais en raison de notre déplacement nous le recevons sur une allure de près bon plein à 60° du vent, voiles partiellement réduites.

2020 04 01 - Confinement jour 15 -

A 6 heures c’est plus fort encore, autour de 25 Nœuds. L’océan se forme. Les vagues sont à 2,50 mètres, 3 mètres.

Le pilote tient mais embarde de temps en temps.

Je prends la barre en mains, je ne le sais pas encore mais je la garderai pratiquement en continu jusque l’arrivée, 20 heures plus tard.

 

A cette allure de près, escalader les vagues est impressionnant. Le vent devrait petit à petit passer sur l’arrière, mais il n’en donne pas encore de signes.

 

A 6 h 30, pour la première fois depuis 15 jours, la radio crachote ; au milieu d’une quantité de parasites je comprends trois mots, mais ils me suffisent : « bulletin marine spécial ». Dès qu'il y a un bulletin spécial, je sais qu’il annonce au moins du force 7.

 

La situation a donc évolué depuis notre dernière connexion. Déception, inquiétudes.

 

Dans la matinée nous recevons mieux la diffusion du Cross Martinique. Nous sommes sous BMS « Grand Frais » 30 Nœuds sur la zone, et rafales à 40 nœuds à attendre à l’approche, dans le canal de Sainte Lucie. Force 7 à 8. C'est la cote maximale pour notre bateau. Sur les instructions de navigation il est indiqué en caractères gras " au delà de 35 Nœuds navigation non recommandée".

2020 04 01 - Confinement jour 15 -

De trop peu nous passons à trop.

Le vent monte à 30 Nœuds. L’océan gonfle à vue d’œil.

Les vagues sont à 4 mètres, quelques unes, plus hautes se cabrent. Ça explose devant, derrière, et parfois sur le bateau. Le cockpit est régulièrement saucé.

La barre devient physique mais toujours précise.

« Agur t’es un bon bateau ! Tu vas me passer ce truc là ! » ; et jusque-là ça passe.

 

Syl est dans le carré, assise bien calée, parfois allongée, elle gère l’inévitable stress, toujours sur le qui-vive, prête à donner le coup de main qu’il me manque.

Cette position de soumission aux éléments est plus impressionnante qu’à la barre où je garde une relative maîtrise de ce qui se passe.

Elle me donne de temps en temps une friandise. Pas le temps de prendre des repas.

Elle prend la barre trois minutes le temps que j’aille aux toilettes et elle rejoint vite l’intérieur.

 

J’ai l’impression que ça ne fait que monter.

 

Nous avons la configuration de voiles minimum, il faut choquer parfois pour étaler quelques minutes des rafales plus violentes, et reprendre ensuite. Ce n'est plus le cap qui prime, c'est le passage des vagues, au mieux.

 

14.40 N - 59.08 W - A la mi-journée. Maigre progression, nous payons notre arrêt encalminé.

2020 04 01 - Confinement jour 15 -

Nous sommes encore à 100 milles (180 km) de la Martinique.

 

Il faut attendre la fin d’après-midi pour que le vent passe progressivement sur l’arrière à 120 degrés.

 

Nous avançons entre 8 et 10 Nœuds en permanence, le meilleur surf est à 13,7 Nœuds. Mais à ce niveau-là, plus de plaisir. C’est de la concentration à 100 % pour que rien ne casse, pour ne pas faire une fausse manœuvre.

 

Une vague plus intrépide que les autres réussit à finir à l'intérieur, dans le carré et à dégringoler les escaliers de la coursive tribord. Ceux qui connaissent la configuration du bateau apprécieront.

 

Cette journée est gagnée minute par minute.

 

Je redoute les 40 Nœuds promis par le BMS en fin de parcours.

A 18 H 30, la nuit tombe. Par radio, je me signale au Cross, en approche de la pointe sud de La Martinique. Ils notent les coordonnées, je rappellerai lorsque nous serons à l’abri. Dans le cas contraire, ils ont toute latitude pour réagir.

 

La lune ne nous éclaire plus depuis quelques jours.

On ne voit plus les vagues, mais elles sont toujours là. Barrer dans l’obscurité est difficile dans ces conditions. J’alterne entre quelques minutes de pilote et je reprends la main.

 

Le phare de l’ilet des Cabrits apparaît. Terre ! Terre !

La vue de ce repère est un soulagement, il devient à nouveau possible de diriger le bateau sans avoir en permanence le nez sur le compas et l'anémomètre.

Il nous reste 3 ou 4 heures.

Le vent semble mollir un peu il revient vers les 20, 25 nœuds. L’océan retrouve à son tour des caractéristiques maniables. Il y a du bon.

 

C’est un compte à rebours palpitant.

Nous approchons comme des escargots à l’échelle de la carte, et je ne sais pas à quel moment la claque à 40 nœuds arrivera. J’espère passer avant elle. A minuit nous commençons à glisser lentement à l’abri derrière l’ilet des Cabrits. Nous y avons échappé et c'est tant mieux.

 

Même de nuit, l’arrivée sur Saint Anne est facile, la baie est immense, bien abritée.

L’ancre plonge. Je rappelle le Cross pour signaler notre arrivée ; tout est bien.

 

Le soulagement est à la mesure du stress emmagasiné tout au long de cette dernière journée.

 

Nous sommes arrivés, nous avons traversé, rien de cassé. Mais wow !

2020 04 01 - Confinement jour 15 -

Sans cette dernière journée à la limite de nos possibilités et de celles du bateau, nous aurions facilement pu conclure que traverser l'océan est particulièrement facile.

Nous prenons conscience après coup que nous aurions pu avoir des conditions comme celle-ci plusieurs jours et plusieurs nuits d'affilée. Entre le bateau et l'équipage, on ne sait pas trop ce qui aurait lâché en premier.

 

C'est une grande leçon de modestie et d'humilité ; nous la retiendrons. La poursuite du voyage nous le confirmera : nous éviterons désormais les très grandes traversées trop exposées.

 

En ce premier Avril 2020, et ce n'est pas une blague, le blog de Ciao se remet en veille.

 

Revivre ces moments, réactiver les mémoires en détail permet de reconnecter aux émotions et ressentis. Les images vidéo ou les photos y aident aussi. C'est un réconfort, histoire de détourner l'attention de cet étrange confinement dont on ne sait ce qu'il nous réserve...

 

A bientôt peut-être ; et surtout prenez bien soin de vous.

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31 mars 2020 2 31 /03 /mars /2020 18:39

Dans le voyage du Covid 19, qui emmène tout le monde sur le même bateau, on ne sait pas bien où on va. Nous voilà depuis 14 jours à bord et point de terre à l'horizon !

Depuis la vigie, (disons la Chine), on nous signale une possible arrivée proche, mais des rumeurs circulent sur cette information qui serait faussée par des observations déformées. Alors on n'écoute plus la vigie, et on avance dans le brouillard en colmatant les voies d'eau à mesure qu'elles apparaissent.

Encore 15 jours au minimum, et certainement davantage, pour pouvoir sortir avec mille précautions de ce navire abîmé.

Il reste juste à espérer très fort, qu'après cette errance des plus coûteuses, nous ne soyons pas revenus au point de départ. Je ne parle pas de l'épidémie, mais du tourbillon délirant dans lequel elle s'est révélée.

Et pourtant c'est curieusement ce que beaucoup espèrent. Pouvoir reprendre la vie d'avant, avec encore davantage de frénésie, pouvoir relancer de plus belle l'économie par un effet de rebond tant attendu et jugé indispensable...

Bien sûr nous allons nous prémunir contre une future répétition du scénario. Nous aurons des réserves de tout ce matériel qui nous manque tant aujourd'hui...

Mais pourquoi mettre tout notre courage pour reconstruire le même genre d'édifice, encore plus haut, encore plus instable avec la certitude qu'il va tomber encore ?

Il serait temps d'examiner quels autres choix nous aurions. Quel sens trouver à cette humanité divisée, opposée, déséquilibrée.

Serait-ce aller contre la nature de l'homme que de remplacer profit par partage, violence par puissance, individualité par unité ?

Beaucoup de gens se montrent dans cette ouverture, et même s' il y a une énorme résistance en face parce que jusqu'à présent on peut constater que c'est "en face" qui règne, il n'est pas interdit d'espérer !

 

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Février 2016 - Sur le voilier en transatlantique - jour 14 -

Le ronronnement des moteurs nous berce toute la nuit.

Dès le matin  quelques grains réapparaissent au loin. Au voisinage de l'un d'entre eux, nous percevons un petit vent de 10 nœuds.

2020 03 31 - Confinement - jour 14 -

Nous renvoyons les voiles et gagnons deux heures de moteur, puis le calme revient et nous englue à nouveau. Redémarrage de la mécanique.

La réserve de gasoil est sérieusement entamée et dans quelques heures nous n'aurons plus la possibilité d'avancer au moteur. Espérons que le vent se réinstalle avant cette échéance...

Tiens, bizarrement les trains d’algues ont disparu de la surface. Je vois des poissons sauter devant le bateau et nous provoquer. Je tente la ligne à maquereaux.

 

Presque aussitôt, bingo ! Un jeune barracuda mord à la cuillère ; en prenant toutes les précautions pour éviter ses dents pointues, nous l'invitons à monter à bord. Il est suivi de près par une petite bonite.

Quand les poissons sont de bonne volonté le pêcheur est meilleur !

Après ces deux semaines de mer, nous accueillons avec le sourire ces deux ou trois très bons repas en perspective.

2020 03 31 - Confinement - jour 14 -

14.50N - 57.50 W - il reste 180 milles (320 km)

2020 03 31 - Confinement - jour 14 -
2020 03 31 - Confinement - jour 14 -

En fin d’après midi, la jauge de carburant est sur la limite basse que nous nous sommes fixés. Le niveau physique dans le tuyau bricolé sur le réservoir le confirme.

Nous stoppons les moteurs. Ils ont tourné 58 heures en tout.

2020 03 31 - Confinement - jour 14 -

Mais les alizés ne sont pas au rendez-vous. Il y a entre 1 et 3 nœuds de vent en cherchant bien, c'est à dire quasiment rien ; le bateau s’arrête…

Il nous reste 150 milles (270 km) à couvrir pour arriver en Martinique. C'est rageant !

 

Grand voile sur un bord, barre à contre, le bateau est « en panne » dérivant très doucement avec le courant qui heureusement est favorable.

2020 03 31 - Confinement - jour 14 -

Nous vivons une fin de journée totalement atypique, comme dans un bon mouillage. De très légers mouvements nous bercent.

 

Il n’y a pas un bruit, pas même celui du rivage que l’on entend habituellement toujours au mouillage.

 

Nous sommes et resterons là, impuissants jusqu'à ce que le vent se décide à se lever.

 

Nous entamons une nuit de vrai repos.

Pas besoin de veiller.

Le bateau est statique. Il est éclairé au cas où une autre embarcation passerait par là, ce qui est bien improbable car nous n'avons aperçu personne depuis 12 jours.

Pas de quart, quel luxe !

 

 

A demain

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30 mars 2020 1 30 /03 /mars /2020 19:35

Il serait peut-être choquant de parler de "routine" du confinement. Alors je parle de répétition.

Chaque jour le 20 heures livre son tour d'horizon qui, décomptes mis à part, ressemble fort à celui de la veille. Les hôpitaux surchargés, les transferts de malades, les tristes scores des décès, les masques qui vont arriver, les villes vides, les incivilités de certains, les passetemps des confinés.

Dans un coin de l'écran il est indiqué "édition spéciale" mais, il n'y a pas grand chose de spécial.

Les médias mastiquent cet énorme chewing-gum depuis des semaines, entretenant l'audience, et recherchant le détail qui va peut-être faire l'originalité du jour. Le ton se veut grave et dramatique il en deviendrait facilement déprimant, voire pathogène.

Laissons bien les foules patauger dans cette marinade nauséabonde, pour mieux entretenir leurs addictions, et susciter leurs besoins dès la sortie du confinement. C'est bon pour la relance future ! Voilà ce que cela m'évoque !

Il est nécessaire de bien fouiner sur internet, pour trouver des réflexions, des échanges entre cerveaux pensants, économistes, spécialistes de santé, sociologues. Des gens qui à la fois portent des analyses intéressantes sur ce qui s'est passé (et qui était prévisible), et sur ce qu'il faudrait modifier pour éviter que le problème se renouvelle très prochainement.

Il y a toujours eu des épidémies, comme il y a toujours eu des catastrophes naturelles, mais c'est leur fréquence qui change, leurs origines et leurs conséquences.  

La surpopulation de certaines zones du globe, l'économie mondialisée et avec elle l'aspiration à la croissance, le réchauffement climatique, l'atteinte de la biodiversité, sont à l'origine de la gangrène qui nous mine.

En cas de gangrène, il faut sacrifier une partie du corps ou avoir conscience et accepter de mourir.

Vouloir éviter les deux, comme cela semble bien être le cas, revient à nier la réalité. Encore le déni !

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Février 2016 - Sur le voilier en transatlantique - Jour 13 -

Moteur, moteur, moteur, comme prévu, comme convenu. Ici non plus pas de surprise.

Océan plat.

Soleil et ciel bleu.

Il fait de plus en plus chaud. L’absence de vent renforce cette sensation.

 

La navigation au moteur est totalement inintéressante. Il n'y a de fait aucun réglage de voile à surveiller ou à corriger ; ni le vent, ni les vagues ne nous dévient de la trajectoire ; le pilote suit une route parfaitement droite.

La progression est lente (5 Nœuds) à cette allure, dite économique mais pas écologique, qui gaspille environ 2.5 litres de carburant à l'heure et nous farcit les oreilles...

Nous prenons la précaution d'alterner d'un moteur sur l'autre toutes les 3 heures, pour ménager la mécanique et permettre un refroidissement. C'est notre seul travail en ce qui concerne la marche du bateau. Les moteurs aussi sont sur le mode des quarts de 3 heures.

2020 03 30 - Confinement - jour 13 -

La consommation de gasoil est très linéaire, le niveau baisse doucement et j'effectue des relevés à intervalles constants pour gérer notre précieuse ressource.

 

Nous lisons, nous récupérons davantage, nous nous préparons psychologiquement pour la suite.

2020 03 30 - Confinement - jour 13 -

et pour tromper l'ennui nous grignotons... par exemple, une pomme. 3-2 = ?

2020 03 30 - Confinement - jour 13 -

L'arrivée semble toute proche, à portée de mains.

15.10 N - 55.45 W

2020 03 30 - Confinement - jour 13 -
2020 03 30 - Confinement - jour 13 -

Il reste 300 milles à parcourir (550 km)

Nous ne résistons pas à la tentation de reprendre une prévision météo à jour, sachant que si nous avons besoin d'appeler à terre par le téléphone satellite, il faudra faire vite il nous reste 6 minutes de communication.

Dans cette fabuleuse boule de cristal, nous y voyons que le calme plat règnera encore 24 à 30 heures et qu'ensuite le vent s'installera autour des 20 nœuds (force 5). C'est moins  que ce qui avait été annoncé précédemment, mais nous restons prudents avec ces fichiers gribs qui sous-estiment très souvent la réalité. La direction du vent Sud/Sud-Est, quant à elle c'est sûr, elle ne sera vraiment pas idéale.

Les moteurs fournissant de l'énergie électrique à revendre, nous nous permettons le luxe de regarder des films sur PC. Nos disques durs en stockent quelques dizaines. Des copies licites bien sûr que les équipages s'échangent aux escales à l'occasion d'un apéro.

2020 03 30 - Confinement - jour 13 -

Le soleil chute très vite à cette latitude. Dans 10 minutes la nuit sera là.

Ce sont des nuits d'encre actuellement, la lune n'est plus visible. Rendez-vous demain pour une journée trépidante de pétole magistrale !

 

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29 mars 2020 7 29 /03 /mars /2020 16:15

En jouant la carte de la transparence, le gouvernement choisit de remettre les pendules à l'heure ! Pour le coup, c'est parfaitement synchro puisque nous passons à l'heure d'été.

Grâce à cette mise au point précieuse, nous savons maintenant quand et combien d'équipements de protection, de machines de réanimation et de tests ont été commandés. Super ! Et il est encore plus facile et rapide de compter ceux qui sont disponibles...

Pour combattre efficacement ce virus, il faudrait que le monde entier entre en surproduction de ces équipements spécifiques, au moment même où il se met à l'arrêt pour se protéger.

C'est l'usine de pompes qui est inondée, la flotte de canadairs qui brûle dans un incendie, une foule qui hurle pour exiger le silence, une planète qui s'empoisonne pour avoir une vie meilleure...

Ce qui cloche surtout c'est que le temps est compté. Vite ! Vite !

Il faut enrayer cette pandémie pour vite relancer l'économie, celle-là même qui nous conduit à la situation ubuesque dans laquelle tout le système auto-fragilisé par ses interactions, ses sur-sollicitations, génère entre autres des pollutions, des fragilités respiratoires chez les pauvres humains, des extinctions d'espèces, un appauvrissement de la biodiversité et par voie de conséquence favorise le développement de ce genre de virus destructeurs, et aussi nous réserve bien d'autres surprises comme, par exemple, celles qui sont cachées dans le permafrost qui se réchauffe...

Vivement que nous puissions à nouveau voyager dans le monde avec des prix de transports les plus bas pour relancer la machine, vivement que nous puissions acheter en solde les stocks de fringues fabriquées à l'autre bout de la planète, acheter des voitures (électriques bien sûr), manger des avocats du Mexique, jeter nos fraises. Vivement que nous achetions les derniers téléphones 10 G pour mieux communiquer à travers le monde et nous filmer sur fond de ciel chargé de particules, nous connecter (mot magique). Nous connecter un peu plus à notre envie d'en finir avec nous-mêmes.

Réparons au plus vite ce véhicule, et surtout reprenons son accélération qui nous emmène droit dans le mur. Ce serait dommage de le louper !

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Février 2016 - Sur le voilier en transatlantique - Jour 12 -

Nous avions prévu de nous reposer, mais finalement, compte-tenu des dernières nouvelles et conscients de ce qui nous attend, nous veillons toute la nuit sur le pilote et la voilure, nous réglons fréquemment l’un et l’autre pour en tirer la meilleure progression possible.

Au petit matin, je suis englouti dans un sommeil similaire à une anesthésie. Syl m’appelle, me bouge, rien n’y fait. Elle est inquiète, un énorme nuage noir nous rattrape. Elle patiente au maximum.

En 10 secondes des cordes de pluies se déversent, et le vent siffle ses rafales typiques des grains tropicaux.

Cette fois elle hurle un « Michel », très efficace.

Tel un zébulon je me retrouve ébahi au milieu du cockpit ne sachant plus sur quel bout’ tirer. Au cœur de ce sommeil abyssal, je ne me souvenais même plus que j’étais sur le bateau, alors forcément…

C'est notre baptême du grain ! Il passe.

D’autres lui succèdent toute la matinée. Nous exploitons leurs rafales sous lesquelles nous avançons très vite, mais entre les grains la vitesse chute.

Il y a décalage d’une heure encore. C’est le dernier. Nous sommes maintenant à l’heure antillaise.

Nous descendons vers la Martinique depuis 24 heures maintenant.

15.27 N - 53.32 W

2020 03 29 - Confinement - Jour 12 -

L’après-midi un grand soleil revient.

Le dernier grain s’éloigne avec ses vents internes. Il nous laisse là, englués sur la surface de l’océan encore bien agitée.

Plus un souffle.

Le bateau s’arrête, vitesse nulle.

Les voiles balancent, passent d’un bord à l’autre. Elles n’ont plus d’utilité, nous roulons le génois et descendons la Grand voile au 2° ris, bôme retenue, pour éviter les claquements, et garder quand-même un semblant de surface toilée au cas où.

Un voilier sans vent donne une grande sensation de désœuvrement et un non-sens total…

Les prévisions étaient justes. Nous sommes cloués là pour 48 heures au moins. Si les prévisions sont justes pour le calme plat, elles le sont certainement aussi pour le coup de vent qui va suivre.

Nous sommes encore à 450 milles (800 km) de notre point d'arrivée.

Rester là « à camper » est possible, mais démotivant au possible. D’autant qu’ensuite nous savons que nous aurons 3 jours de temps fort, voire très fort à supporter pour clôturer cette transat.

A moins d’avancer doucement au moteur...Ce qui sera fait sera fait… C'est à priori la meilleure option.

C'est le moment d'examiner de près nos 48 heures d’autonomie en Gasoil. En deux jours complets nous pouvons parcourir 240 milles (430 km), une bonne moitié de ce qui nous reste.

Quelques doutes s’immiscent en ce qui concerne la consommation des moteurs. Elle est peut-être supérieure à ce que nous pensons, nous n'avons jamais été en nécessité d'y regarder précisément. Nous devons conserver un minimum de gasoil pour d'éventuelles manœuvres de sécurité, et pour l'arrivée.

Nous multiplions les calculs. Nous tergiversons.

Je descends dans la cale moteur et j'installe sur le réservoir de gasoil une jauge visuelle avec un tuyau translucide raccordé à la vanne de vidange du réservoir. C’est plus précis que l’aiguille de la jauge. Je vois exactement le niveau de carburant.

Nous décidons donc de poursuivre au moteur au régime le plus économique, en nous interdisant d'aller au delà d'un seuil minimum de carburant d'une vingtaine de litres.

L’océan s’aplatit. Il devient un grand lac, sirupeux, huileux, et tellement paisible…

C’est ce qu’on appelle « la pétole ».

2020 03 29 - Confinement - Jour 12 -

Moteur en continu, quelques heures sur bâbord, quelques heures sur tribord. Nous avançons à 5 nœuds de moyenne.

Nous faisons des relevés réguliers. Nous confirmons que nous avons au minimum 48 heures d’autonomie, peut-être  un peu plus en optimisant, jusqu'à 60 h au grand maximum.

Nous grignotons encore un peu notre forfait de communication satellite, il ne nous reste qu'une dizaine de minutes, et reprenons une météo.

Nous aimerions voir autre-chose, mais non. Il n'y a rien à espérer avant 2 jours, par contre derrière, les conditions s'annoncent plus dures que prévu : 25 à 30 Nœuds de vent - force 6 à 7 - venant du Sud, c'est à dire de travers, voire même un peu au près.

C'est clairement une mauvaise configuration, surtout en catamaran. C'est l'allure où ça cogne le plus contre les vagues, où c'est le plus pénible...

Nous ne sommes pas enchantés.

2020 03 29 - Confinement - Jour 12 -

L'océan, un peu taquin,  nous souhaite une bonne nuit à sa manière, mais nous connaissons son langage ; les jolis ciels sont souvent annonciateurs de mauvais temps.

Celui-là ne fait pas exception.

 

A demain

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28 mars 2020 6 28 /03 /mars /2020 19:12

Le confinement, ce sera + 15 jours ! C'est dit ! Mon parallèle avec notre traversée atlantique en voilier ne tient plus ; on s'y attendait... A moins de catapulter le bateau, en arrière, sur les rivages du Sénégal pour qu'il refasse une deuxième fois le trajet !

Pourquoi pas, mais alors avec tout le confort ; nos revendications : le plein de produits frais à la demande, la télé, les connexions internet illimitées pour communiquer et s'informer, le téléphone pour garder les liens, une position stable et horizontale, pas de tracas météo, des bonnes nuits de sommeil, des attestations de sortie pour faire le tour du bateau en marchant sur l'eau...

Bon finalement, ce confinement sur terre ? Oui c'est moins bien qu'avant, mais ça semble quand-même possible de résister sans, comme disent certains, "péter les plombs", non ?

Bien sûr il y a les enfants et l'école à domicile ; et d'ailleurs c'est ce qui me rappelle ces équipages familiaux que nous avons croisés pendant notre voyage. Des couples avec 2 ou 3 enfants, sur un petit bateau, avec chaque jour une cession du CNED (les cours à distance) dirigés par l'un des parents, des jeux de société, certains jouant de la musique.

Sans exception, dans ce cas, nous avons toujours vu des familles unies, dynamiques, et des enfants épanouis avec un grand sens de l'autonomie, curieux, sociables.

Bizarrement sur terre les choses évoluent différemment ; en une décade de confinement les violences conjugales et familiales augmentent de plus de 30 % en France, pendant qu'aux USA les commerces d'armes à feu voient leur ventes exploser... La violence prend la place de la conscience...

C'est assez grave. Nos sociétés ont insidieusement formaté les humains au confort, au plaisir, à la surconsommation, et en contre partie ils ne supportent plus la contrainte.

Si seulement cette période permettait un réveil global... Elle en donne l'occasion ; saurons-nous la saisir, et repartir différemment ?

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Janvier 2016 - sur le voilier en transatlantique - Jour 11

Les jours s’enfilent maintenant comme des perles sur un collier, et nous nous accommoderions très bien ce rythme jusqu'au bout.

2020 03 28 - Confinement - Jour 11

Avec un peu d'imagination on sentirait les effluves d'un bon ti-punch... Au "petit déj" ce ne serait pas sérieux. Quoique les Antillais s'enquillent un bon rhum dès le matin ; ils appellent ça "un décollage" !

 

L'esprit va toujours plus vite que le réel. Il reste encore 700 milles (1250 km) à parcourir, et nous aurions vite fait de nous croire déjà arrivés, de relâcher l'attention (la tension ?). Dans les faits c'est ce qui se passe, une assurance intérieure prend place.

 

On se sentirait presque marins ; là c'est peut-être une écaille de poisson trop loin...

 

La journée file, nonchalante.

 

Je ne cherche même plus à me repérer dans le temps. Il y a le livre de bord et une quantité de notes au jour le jour pour étayer la mémoire, heureusement. Cette traversée me semble tellement longue que j'ai l'impression d'être né sur la mer...

 

Nous avions prévu de rafraîchir les données météo. L'installation est remise en place, et quelques minutes plus tard nous sommes devant les nouveaux fichiers.

 

Qu'est ce que c'est que ce truc ?

La situation a beaucoup évolué depuis la dernière consultation.

Rien ne va plus...

Entre nous et la Guadeloupe les cartes nous indiquent une vaste zone sans aucun vent. Calme plat sur plus de 500 km, et juste derrière cette zone nous y lisons une prévision de vents forts de Sud-Est dans 3 à 4 jours.

 

Subitement les sourcils se froncent. Le calme plat, passe encore, mais les vents forts notés à force 6 de Sud-Est ne permettent pas d'envisager d'aborder en sécurité les rivages sud de la Guadeloupe avec un atterrissage sur Saint François comme prévu. Il y a des passes peu profondes avec, dans ces conditions, une levée de houle déferlante à craindre.

Rentrer sur Pointe à Pitre ne nous enchante pas davantage.

 

Nous réfléchissons à changer nos plans.

Si nous tracions un nouvel itinéraire en direction de la Martinique, il y aurait deux avantages :

 

- nous traverserions la zone de calmes mais la distance à parcourir sans vent semble moindre.

- L'arrivée en Martinique par le Sud de l'île ne présente pas d'inconvénient et nous permettrait de trouver un abri à Sainte Anne contre le vent fort annoncé.

 

Soupirs... Nous n'avons pas vraiment le choix.

 

Les alizés sont encore bien présents et notre vitesse est bonne.

Rien ne semble en train de changer.

J'espère secrètement que les prévisions météo sont un peu fausses, que le calme sera moins calme, et que le vent fort sera moins fort.

C'est ce qu'on appelle le déni. (Il est d'actualité dans la vie de 2020 face à l'épidémie qui s'approche - tant qu'elle n'est pas là on n'y croit pas tout à fait)

 

S'il le faut, je sais que nous avons grossièrement une autonomie de carburant pour 48 heures afin de traverser la zone sans vent.

Quoique...

Plusieurs nuits consécutives nous avons dû faire tourner les moteurs une heure pour recharger les batteries et nous ne somme pas partis avec le plein complet...

 

Là clairement nous allons devoir gérer les prochains épisodes avec précision...

 

Avoir fait le plein de gasoil jusqu'au ras du bouchon au départ du Cap Vert aurait été une bonne idée, et prendre un routeur météo, certainement aussi...

C'est la règle, il va falloir ne compter que sur nous mêmes et faire au mieux avec les éléments en place et nos choix antérieurs.

 

Changement de Cap vers le Sud, c'est décidé nous visons maintenant la pointe des Salines à l'extrême Sud de la Martinique.

2020 03 28 - Confinement - Jour 11

Au fond nous ne sommes pas très tranquilles, nous relisons plusieurs fois les cartes météo.

Nous remarquons qu'il y a en supplément des petites zones de pluies à l'approche des calmes. Ce sont des grains tropicaux. C'est le cocktail de bienvenue dans la région.

Nous ne les connaissons pas encore. Mes lectures sur le sujet les signalent comme subits et souvent violents. Il faudra se méfier.

 

Pour le moment le beau temps et les alizés modérés sont toujours là. Le sourire et la bonne humeur prennent le dessus.

2020 03 28 - Confinement - Jour 11

Quelques heures à la barre sont l'occasion d'économiser la consommation électrique et donc de davantage recharger les batteries, toujours dans le but d'éviter le recours au moteur la nuit.

 

En ce 11 ° jour qui se termine nous nous préparons pour une nuit tranquille avec des quarts-couchette-réveil toutes les 30 minutes et une alternance toutes les 3 heures.

Nous sommes  totalement dans le rythme maintenant.

 

Bonne nuit ! A demain

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27 mars 2020 5 27 /03 /mars /2020 18:45

Nous en sommes au dixième...

Dixième jour certes, mais en sommes-nous seulement au dixième de nos peines ? A savoir si là aussi il n'y aura pas prolongation... Ce n'est pas entrer en confinement qui est difficile, c'est y rester suffisamment bien et longtemps, puis ensuite savoir en sortir...

Nous avons parait-il l'intelligence artificielle, la fameuse IA, meilleure que le meilleur des humains et qui sait gagner à coup sûr contre lui  100% des parties d'échec, ou de jeu de Go. Pourquoi ne planche-t-elle pas sur le problème numéro 1 du moment ?

Quelle stratégie logique à adopter pour sortir vainqueurs de ce jeu de massacre ?

Il y a 8 milliards de pions visibles sur un plateau sphérique bleu et des minuscules adversaires bien plus nombreux et invisibles. Mais ce sont des adversaires sans stratégie, qui ne font que se multiplier, se transmettre et détruire au hasard un pourcentage connu parmi les 8 milliards de pions. Facile pour l'IA non ?

Partout les hommes courent, colmatent les brèches à mesure qu'elles apparaissent, mais ne parviennent pas à avoir le recul nécessaire pour des actions concertées ; en ont-ils les moyens ?

A l'heure où un tiers de l'humanité se terre, et où le reste retarde le moment de le faire, à l'heure ou chaque pays fait, juste après un autre, les mêmes erreurs, à l'heure ou certains tentent des stratégies originales pour finalement les abandonner, pourquoi l'IA ne planche-t-elle pas ?

Ou plutôt pourquoi n'en parle-t-on pas ?

Le monde est entre les deux mâchoires d'un étau qui se resserre. L'une est la crise sanitaire, l'autre, la crise économique. Ce qu'il y a au milieu ne semble pas plus solide qu'une coquille de noix dont on entend déjà quelques craquements.

J'ai bien peur que l'IA serait amenée à conclure que le fond du problème ne vient pas du virus...

 

----------------

 

Janvier 2016 - sur le voilier en transatlantique - Jour 10 -

La nuit n'est pas si mauvaise finalement. Pendant quelques heures le vent reste soutenu mais tout à fait gérable, puis l'un après l'autre, au fil de votre veille, nous notons une baisse d'intensité.

Il faudrait renvoyer de la toile, la réduction de voiles faite hier soir n'est plus justifiée, mais dans la mesure où les manœuvres de nuit sont plus périlleuses, nous attendons que le jour se lève pour agir.

Agur a sérieusement ralenti, il plafonne à 5.5 Nœuds, il faut arranger ça ! La grand-voile reprend toute sa surface. Au dessus de 6 nœuds c'est mieux !

Par ce temps de demoiselle, Agur se gère seul, sous pilote.

La vie à bord se préoccupe à peine des vagues et du vent. Tout roule, en détente et décontraction.

 

Nous sommes tentés de rafraîchir les données météo, mais nous avons déjà consommé pratiquement la moitié de notre forfait de communication de 30 minutes. Il n'y a pas d'observation inquiétante, au contraire, le temps semble serein, le vent est modéré et constant. Nous reportons la vérification à demain.

J'observe que les algues sont un peu moins présentes, et en qualité de pêcheur du dimanche, sans trop de conviction je mets une ligne à l'eau.

Syl lit, et moi j’écris une quantité de choses relatives à mon vécu de la veille.

Nous partageons aussi beaucoup nos points de vue, nos perceptions.

 

J'ai intégré hier que l'on peut être prisonnier d'un rêve, même d'un rêve de liberté...

Tant qu'il n'est pas réalisé, il est idéalisé, il focalise l'attention vers l'avenir et la détourne du présent.

La réciproque est vraie.

Une fois la sensation acquise de la réalisation du rêve et de ce que l'on est venu y chercher, on se sent délivré. C'est en tous cas l'enseignement que j'en tire.

Délivré et totalement disponible au présent. Enfin !

 

Un emballement du moulinet de la ligne de pêche me sort de ma réflexion.

Ce zzzzzzzz vigoureux m'appelle à l'arrière du bateau et la résistance dans la ligne me donne l'impression que l'on vient d'accrocher un sous-marin.

J'y vais doucement, ce n'est pas la première fois que la ligne se casse. Pêcheur du dimanche je disais !

Il y a au moins 80m de fil à l'eau, je remonte doucement jusqu'à distinguer dans la transparence de surface une tâche d'un jaune doré qui miroite au soleil. Il y a une grosse prise en perspective.

Mètre après mètre elle se rapproche et se révèle ; une jolie dorade coryphène vient de bondir hors de l'eau.

L'épuisette est prête. Il y a de belles darnes en perspective !

La vue du bateau semble impressionner cette dorade qui n'est pas tentée par un quelconque confinement ! A mesure qu'elle se rapproche, les cabrioles hors de l'eau se font de plus en plus énergiques.

A 10 mètres de nous, dans un ultime salto de la demoiselle, la tension dans la ligne retombe à zéro. Décrochée ! Ah Non ! Bah si !

2020 03 27 - Confinement - Jour 10 -

Voilà ce que nous avons manqué : celle-ci (4 kg) avait été prise dans la traversée entre les Canaries et le Cap vert.

 

Par dépit la ligne de pêche regagne son rangement dans un coffre. S'il fallait compter sur la pêche pour notre survie, il y aurait quelques progrès à faire.

 

16.08 N - 49.10 W

2020 03 27 - Confinement - Jour 10 -

Par le téléphone satellite, nous envoyons un court message de type sms aux enfants pour leur indiquer que nous sommes bien avancés dans notre parcours, et que tout va bien.

 

Les températures sont plus chaudes. Les shorts apparaissent, les polaires disparaissent.

Nous sentons l'objectif s'approcher, le filet à fruits s'allège.

2020 03 27 - Confinement - Jour 10 -

Nous avons souvent une pensée pour les marins d'antan, les vrais aventuriers avec en tête de file Christophe Colomb, qui suivait son intuition tout en ne sachant pas exactement vers quoi il allait ; sans carte, sans gps, sans prévision météo, et  parti, à son insu, en pleine saison cyclonique vaguement vers l'Ouest pour rejoindre les Indes... Quel talent !

 

Allez si tout continue comme ça : arrivée en Guadeloupe dans 5 jours.

 

Bon dixième quart ! Nous sommes aux deux tiers, il n'y a plus qu'à prendre un demi bien frais, une photo en une fraction de seconde et ...

2020 03 27 - Confinement - Jour 10 -

Bonne nuit ! A demain

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26 mars 2020 4 26 /03 /mars /2020 18:30

Il n'y a pas que le mal de mer qui donne la nausée !

Comment ne pas être dérangé, en cette période de crise, par la perversité de quelques uns qui cherchent et trouvent mille et une arnaques pour tirer profit de la situation ? Vol de masques et revente, faux policiers qui tentent de percevoir des amendes au confinement, attestations payantes, fausse cagnotte de solidarité...

Et le trafic de chiens, pour avoir un prétexte d'aller faire un tour, personne n'y a pensé ?

Tout cela laisse entrevoir ce que serait le capharnaüm en cas de crise économique ou politique qui échapperait au contrôle... Froid dans le dos ! On comprend mieux la batterie de mesures mises en place par le gouvernement, et les moyens colossaux débloqués pour tenter de sauver l'économie et l'organisation sociale qui y est associée.

Il me semble bien qu'il y ait là un danger bien plus grand que le virus lui-même. Contre celui-là il n'y aura jamais de vaccin, il n'y a pas de soignant, et pas de solution de confinement pour s'en protéger...

Autrement tout va bien au neuvième jour !

Je remonte le temps.

Pour un sexagénaire, se retrouver dans la quarantaine, c'est un cadeau !  

Une petite ballade extérieure dans les vignes, incognito, pas plus d'une heure et à moins de 1 km, est au programme de cette journée ensoleillée. Je remplis mon attestation pour la première fois et je mesure la chance que nous avions, avant, d'aller et venir sans condition et sans crainte.

Si seulement cette période pouvait servir à chacun, pour prendre conscience des bonheurs simples quand ils sont là, et pas après, quand ils ne le sont plus...

2020 03 26 - Confinement - jour 9 -

 

Janvier 2016 - Sur le voilier en transatlantique - Jour 9 -

Dès le matin, le vent est calé dans l’axe de la route ; il est constant autour des 15 nœuds. Les trains de vagues sont dans l’axe ; attention, aujourd’hui c’est du sur mesure et ça ressemble à de la haute couture !

 

Je prends la barre en manuel juste pour le plaisir, pendant 3 ou 4 heures dans la matinée.

 

Le ciel est d’un bleu enivrant, l’océan donne la réponse coordonnée quelques tons plus foncés.

Crêtes de vagues blanches, surfs à répétition. Notre vitesse se cale à 6,9 N de moyenne alternant de relatifs ralentissements et de longues accélérations. Les babines se retroussent.

C’est le paradis nautique !

 

Je vole, je plane, la musique en rajoute. A la barre, je danse avec le bateau, les vagues, le vent.

Tout est intuitif, pas besoin de garder les instruments, la coordination est parfaite.

L’émotion m’envahit. C’est exceptionnellement bon.

2020 03 26 - Confinement - jour 9 -

16.04 N - 47.00 W

 

Nous habitons sur l’océan désormais. Cet univers en mouvement tout autour paraît familier, nous en avons fait notre « normale ».

Je ne m’y attendais pas, mais je fais le plein en cette journée du 29 Janvier 2016 de tout un réservoir béant depuis des dizaines d’années.

 

L'après-midi je me remets quelques heures à la barre. C'est irrésistible.

Saoulé de plaisir, le cœur sur-gonflé, je sais que je suis en train de recevoir le cadeau de cette transat. Il s' imprime, se grave, se scelle dans ma mémoire ; c’est un joyau.

 

Je ne le sais pas encore, mais ce moment solde une quantité de mes attentes, je prends conscience que mieux ou plus intense n'existe pas. A partir de là, je suis définitivement délivré de ma quête.

 

Pour Syl c'est une journée paisible, elle me perçoit dans ma lévitation et me laisse la vivre pleinement. Elle en profite pour se relaxer et retrouver son quota de sommeil. Tout est bien.

 

En soirée le vent monte un peu. Redescente sur terre mer ; fin de la cession rêve. Nous hésitons à réduire les voiles.

 

Après le repas pris sur le pouce, l'anémomètre affiche 25 nœuds, force 6.

 

Cette fois la question ne se pose plus : prise de ris dans la grand-voile. En nocturne, j’apprécie moyennement. Je suis solidement attaché à la ligne de vie, flanqué de l'indispensable lampe frontale, pendant que les vagues agitent sérieusement le pont.

Les efforts encaissés par le matériel sont importants. Dix minutes physiquement éprouvantes qui contrastent avec cette journée hors du temps.

J'espère cette saute d’humeur d’Eole passagère. 

 

Nous attaquons cette neuvième nuit avec une petite appréhension. Notre présence à la surveillance du pilote automatique est nécessaire, une embardée étant toujours à craindre.

 

Votre nuit sera certainement meilleure que la nôtre ! A demain !

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25 mars 2020 3 25 /03 /mars /2020 16:44

Huitième jour d'un confinement dont nous apprenons petit à petit qu'il pourrait bien en compter 45. Là nous ne sommes plus sur les mêmes échelles... Cela signifie qu'à l'arrivée de la transat, après 15 jours d'isolement, nous ne serons qu'au tiers du voyage Covid 19. De quoi perturber les équilibres de beaucoup de gens.

 

Un français a trouvé une parade, et à force de narguer les forces de l'ordre avec des sorties non justifiées pendant ces 8 premiers jours, il se retrouve en prison pour 4 mois. Compte-tenu des émeutes en milieu carcéral, il espère peut-être une libération anticipée...

Stratégie élaborée, pour retourner à la case départ ; il fallait y penser !

 

Chez nous, hier, c'était l'occasion d'un complément de ravitaillement après 10 jours d'apnée.

Avec nos quelques précautions de base : gants, masque (de fabrication maison), gel, savon, lingettes, distances de sécurité et sas de décontamination, nous nous sommes demandés si nous étions contaminés par la psychose ? C'est possible... Ou alors sa forme plus bénigne qui s'appelle prudence, voire même bon sens...

2020 03 25 - Confinement - jour 8 -

Il est devenu difficile de régler le curseur de cette prudence alors tant qu'à faire, nous l'avons poussé à fond de course. Après tout l'excès dans ce sens ne consomme ni oxygène, ni le précieux investissement  des personnels soignants.

 

A ce propos, quelqu'un a-t-il remarqué qu'il existe un maillon du système sanitaire dont on ne parle pas dans les médias ? Les ambulanciers !

 

Ma fille Olivia passe ses journées à amener des gens vers les hôpitaux, dans l'espace confiné d'un véhicule, après avoir dû porter ou manipuler les moins valides. Certains patients sont potentiellement porteurs du virus ravageur, mais comment le savoir puisqu'ils n'ont pas encore été testés ?

Les précautions devraient donc être maximales, mais les ambulanciers privés ne sont pas classés "personnels soignants", et à ce titre ne sont pas prioritaires pour obtenir des masques de protection. Incompréhensible, et illogique au possible car un ambulancier contaminé, en plus des risques qu'il prend pour lui-même, diffuse le virus sur combien de personnes ?

 

Olivia a cousu ses propres masques, elle croise les doigts, et enfouit sa rancœur au fond de sa poche... Bravo Olivia, nous t'applaudissons, et pas uniquement à 20 heures... Si seulement nous avions un moyen d'action...

 

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Janvier 2016 - Sur le voilier en transatlantique - Jour 8 -

 

Une nuit de plus, et je suis toujours embrouillé dans mon malaise digestif. La migraine est toujours là ; je rage, je peste ; rien n’y fait. Je me repose le plus possible pendant la matinée.

 

Syl tient le coup, passant du cockpit à la cuisine, surveillant notre progression, le point, et le teint pâle de son compagnon réduit au service minimum.

 

En milieu de journée, après 48 heures, sans réellement comprendre pourquoi ni comment, je sors enfin du tunnel. Ouf. L’appétit revient. Le sourire aussi.

2020 03 25 - Confinement - jour 8 -

Aujourd'hui en raison de notre progression vers l'Ouest nous reculons encore les horloges d’une heure. Le décalage horaire se fait petit à petit, mais les effets se font sentir.

Cette fois, ma notion du temps a explosé ; en sensation, elle n'existe plus. Plusieurs semaines semblent me séparer du moment du départ. L’effet est bizarre. Je me mélange les souvenirs, alors que tout est noté. Même ce qui s’est passé la veille me semble à deux ou trois jours derrière.

 

Syl n’a absolument pas cette perception. Pour elle tout est normal. Elle confirme : nous sommes partis depuis une semaine ce qui, au vu du journal de bord, est incontestable.

 

A midi nous sommes satisfaits de notre progression : 16.03 N - 44.33 W

2020 03 25 - Confinement - jour 8 -

Nous avons dépassé la mi-parcours.

 

Toujours en gestion de nos unités de communication par satellite, nous reprenons une prévision météo locale et sommaire. Elle confirme que notre option vers le sud a été payante. Nous avons à priori devant nous au moins 5 jours de vent à force 4, vers 15 à 18 Nœuds. Excellente nouvelle ! Ni trop ni trop peu, ce qui est rare en mer.

Le vent est dans l’axe de notre route. Nous portons les voiles  « en papillon », une de chaque côté. Avec retenue de bôme et contre-écoutes, c’est plutôt stable, mais nous gardons un œil sur le pilote en permanence ; il faut parfois corriger un peu le cap.

Nous pourrions choisir de prendre un angle plus franc avec le vent, sur un bord ou sur l'autre, quelques heures d'un côté et quelques heures de l'autre, mais l'augmentation de la distance qui serait parcourue nous en dissuade.

2020 03 25 - Confinement - jour 8 -

De plus il y a un avantage à cette allure, l'ombre des voiles ne perturbe plus le fonctionnement des panneaux solaires. L'autonomie électrique est revenue. Après les quelques nuits dernières durant lesquelles une heure de moteur de temps en temps a été nécessaire, c'est appréciable. Nous devons sauvegarder le maximum de carburant en cas de nécessité.

 

Syl a un peu de mal à réguler son sommeil ; c'est certainement le contrecoup des deux jours où elle a porté davantage le poids des responsabilités. Il faut lâcher maintenant.

 

Nous avons perdu un peu de temps pendant les deux jours où je récupérais, alors que le bateau était sous-toilé, mais les affaires reprennent. Nous renvoyons toute la toile.

Nous optimisons les réglages. Les voiles captent le moindre filet d’air utile.

La moyenne augmente à nouveau à 6,3 Nœuds.

 

La calculette est souvent sollicitée. 15 jours ça nous semble encore jouable ! C’est presque une idée fixe, une régate contre ce terme arbitraire, sans trop savoir pourquoi.

 

Ces dernières journées, sont restées assez superficielles, dans la gestion du quotidien, les grands reculs philosophiques n'étant pas au programme. C'est un luxe lorsque tout va bien ; il est possible de passer à ce stade lorsque le confort et les besoins primaires sont satisfaits. On le ne décide pas, c'est ou ce n'est pas...

2020 03 25 - Confinement - jour 8 -

Nous décidons de passer les quarts de cette nuit à la barre pour être plus précis et plus réactifs dans cette configuration de voiles. C’est un cran de plus au curseur « fatigue ». Nous nous relayons plus souvent car il n'est plus question de sommeiller pendant 30 minutes.

 

La lune s'amincit et sa présence n'occupe que quelques heures dans la nuit : l'environnement est de plus en plus obscur.

 

Bonne nuit bon quart ! A demain !

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24 mars 2020 2 24 /03 /mars /2020 17:43

Quelles sont les nouvelles ?

Les règles se durcissent, le prolongement du confinement se dessine.

On nous le dit tous les jours : moins on le suivra sérieusement et plus il durera longtemps ; ce n'est pourtant pas compliqué à comprendre, mais c'est hors de portée pour certains...

 

On parle de vague, de deuxième vague, en Italie c'est le tsunami, la Chine se remet à flots... En France le climat est houleux, un vent (de scandale) se lève, la dépression rôde... Et je constate alors que le parallèle marin n'est finalement pas si décalé...

 

Par la lorgnette de la dérision et de l'ironie, par dépit peut-être, je regarde la France s'agiter :

 

- Les spécialistes de santé cherchent à cerner quand sera le pic de l'épidémie. On est dans la montée.

- Les spécialistes boursiers cherchent à sonder la profondeur de la grande faille de l'économie. On est dans la descente. Vases communicants.

Mais là aussi c'est simple : pour avoir la courbe de la santé économique, il suffit de mettre la courbe de la propagation de l'épidémie à l'envers...

 

- A Paris les ministres se renvoient la balle masquée. La période de Carnaval se prolonge !

- A Marseille, le professeur Raoul parle de plus en plus de sa copine Clo la Rouquine... Elle ne fait pas de miracle mais elle donne de l'espoir.

 

Malgré tout il y a un bon point, mais il est à garder secret ; un seul continent est encore épargné : l'Antarctique.

Les médias n'en parlent pas, c'est certainement pour éviter que les citadins ne s'y jettent en masse...

 

Puis je redeviens un peu sérieux :

 

Mon téléphone professionnel prend la poussière, la boîte mail a eu autant de trafic en une semaine qu'en deux heures de temps normal. L'atmosphère s'alourdit. L'enthousiasme s'évapore.

 

Entre l'étudiant qui ne peut plus étudier, le chercheur d'emploi qui n'en trouvera pas de si tôt, le salarié obligé de s'arrêter de travailler, l'investisseur qui voit ses résultats dans le rouge, et le retraité qui a maintenant le statut le plus dangereux du monde... Que faire ?

 

Fabriquant de perruques pour les financiers qui, jour à après jour, s'arrachent une mèche ? Peut-être un bon filon !

 

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Janvier 2016 - Sur le voilier en Transatlantique - Jour 7 -

 

Longue nuit avec l'estomac au bord des lèvres...

Je donnerais un bon prix pour trouver la télécommande et faire pause autour de moi. Cesser ce bruit d'eau et de vent, stopper les incessants mouvements sur les trois axes. Mais rien de ce genre ne s'achète ici...

 

Au petit matin ce n’est toujours pas la grande forme. Même migraine tenace, la tuyauterie est vraiment détraquée.

Je me repose jusqu'en milieu d’après-midi, à la diète complète.

Syl assure, elle fait du pain frais, surveille le pilote, les voiles, elle bouquine.

Si j'étais en solitaire, je laisserais couler le temps, sans surveillance, sans rien faire, avec un seul objectif retrouver un équilibre physique.

 

Ce n'est pas le mal de mer, mais les conséquences sont les mêmes : absence totale d'énergie, de volonté, abandon devant les risques et les précautions à prendre.

En mer, cette banale affection est redoutable.

Elle peut conduire directement au problème face auquel on ne fera rien d'adéquat, si tant est que l'on fasse quelque chose...

 

Dans l’après-midi je refais un peu surface, le temps de jeter un œil à la route,  mais l’éclaircie est de courte durée.

 

16.23 N - 42.15 W

2020 03 24 - Confinement - jour 7 -

Nous descendons toujours doucement vers le Sud. Le bateau a ralenti, les points journaliers sont plus proches.

15 jours c'est encore jouable, mais certainement pas moins.

 

Force 4 dehors, creux de 2 mètres au grand maximum, ça avance plutôt bien, le pilote automatique gère parfaitement, heureusement. On chasse l'idée qu'il pourrait en être autrement.

C'est l'occasion quand-même de mesurer la nécessité d'un pilote de secours, même si c'est un gros investissement. Cela nous met devant le choix que nous avons fait de ne pas nous en équiper...

2020 03 24 - Confinement - jour 7 -

J'oublie de le signaler à présent, tant c'est une évidence : aucune présence à nos côtés, rien en vue, nous sommes seuls, seuls, seuls.

2020 03 24 - Confinement - jour 7 -

Vous vous en doutez, j'ai pris peu de notes sur ce jour 7. Sylvie s'est occupée sans beaucoup de possibilité d'échange en équipage. Un jour sans...

 

Nous gardons malgré tout nos rythmes de nuit, ils nous sécurisent, même s’ils fatiguent un peu.

 

Me souhaiter "bon quart" serait aujourd'hui de la provocation. Même un dixième serait déjà beaucoup à endurer !

 

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23 mars 2020 1 23 /03 /mars /2020 13:48

2020 03 23 - Confinement - Jour 6 -

Comme sur le bateau en transat ou chaque instant ressemble au précédent, les jours de ce confinement finissent par se confondre ; d'où l'intérêt de tenir un journal.

Après ce gros bouleversement d'il y a une semaine, on peut constater que la logique du copier-coller se met en place.

Par le hublot "télé", on y voit le même paysage, des images de villes vides, le même tableau de chiffres tombe aux mêmes heures, avec le bilan des victimes et une même expression d'effroi à laquelle on aurait tendance à s'habituer...

A 20 heures, les mêmes images des applaudissements destinés aux équipes médicales.

Les mêmes incohérences, les mêmes questions : où sont les masques ?

Les mêmes français qui tentent de contourner les consignes que les forces de l'ordre peinent à faire appliquer.

Les mêmes péripéties des confinés qui rivalisent de créativité pour trouver l'originalité de sauter à la perche sur un balcon, ou de faire du skate dans le salon.

Décidément cette année est étrange.

Même elle, depuis son premier jour, elle porte le copier-coller dans son chiffre 2020  ; deux - zéro - deux - zéro. Chaque mois on y a droit : 01 01 2020, 02 02 2020, 03 03 2020...

Noël au balcon - Pâques aux balcons ? C'est dans le domaine du possible...

Et ce virus, qui a tout compris avant tout le monde, il se recopie à l'infini...

Faudra-t-il attendre 2021 pour un vaccin contre le copier-coller ? Vraisemblablement...

 

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Janvier 2016 - sur le voilier en transatlantique - Jour 6

 

Ici nous sentons que quelque chose change, histoire de me contredire...

 

Dès les premières heures, c'est une journée de manœuvres qui démarre. Le vent est devenu instable en direction, irrégulier dans sa vitesse. Il oscille autour d'un axe qui ne nous arrange pas, nous obligeant à d'incessants changements d’allures.

 

La grand voile d'un côté, de l'autre ; même chose pour la voile d'avant qui décroche régulièrement, perd son effet propulsif, reprend le vent et claque brusquement en ébranlant le gréement au risque de se déchirer ou de casser quelque chose.

 

Qu’importe, nous sommes rodés, les gestes sont fluides, sûrs, rapides.

Agur sollicite de l'attention aujourd'hui. Nous faisons tout pour lui faciliter la tâche, nous sommes une équipe après tout.

 

Bon il y a des limites...Temps mort !

Nous finissons par rouler le génois devenu trop pénible et nous passer de ses services. Petite perte de vitesse, grande augmentation de la tranquillité.

2020 03 23 - Confinement - Jour 6 -

Il faudrait bien jeter un oeil à l'anticyclone qui dirige les alizés ; il est peut-être en train de nous préparer une blague.

 

La marche du bateau devenant plus facile à gérer avec la grand voile seule, nous prenons la décision de rafraîchir les données météo. Pour cela il est nécessaire de connecter l'ordinateur au téléphone satellite, et de télécharger les fichiers grib qui nous permettent d'interpréter la situation.

Nous aimerions avoir une situation globale sur tout l'Océan Atlantique, mais le poids des fichiers est trop important, il est nécessaire de restreindre la requête à une zone étroite et orientée dans l'axe de notre déplacement.

 

Par cette lucarne beaucoup trop mince à notre goût nous découvrons que dans 3 jours une zone de calme va nous barrer la route. Pourquoi ? Nous ne pouvons pas y répondre avec aussi peu de données. Dans tous les cas c'est plutôt une mauvaise nouvelle, car ne l'oublions pas, notre moteur c'est le vent. Pas de vent, pas d'énergie pour avancer...

Nous devons obliquer vers le Sud d’une bonne centaine de milles (200 km), pour rester dans des flux suffisants pour avancer correctement.

 

Correction de cap vers le sud, il sera toujours temps de compenser dans les jours suivants pour rejoindre notre objectif.

 

Peut-être aurions-nous dû prendre les services d'un routeur. C'est un spécialiste météo, installé à terre avec des données mondiales et qui est capable de router n'importe quel bateau d'après les analyses qu'il fait bien au calme dans son bureau. Un simple sms par jour par le téléphone satellite, et il suffit de lui faire confiance, il indique la route à suivre.

 

Nous n'avons pas opté pour cette solution au motif que c'est un service qui, d'une part coûte quelques centaines d'euros, et d'autre part dénature quelque peu la traversée.

C'est difficile de faire le choix entre tout sécuriser ou laisser une part d'autonomie, d'aventure, et sauvegarder cette rupture voulue avec le fonctionnement de la société.

Je l'écrivais précédemment : " à chaque choix, ses conséquences".

 

A la mi journée nous notons le point : 16.59 N - 40.03 W

2020 03 23 - Confinement - Jour 6 -

Est-ce la contrariété ? Dans l’après-midi, une indigestion me tracasse.

Migraine, maux de ventre. Je ne supporte ni le bruit, ni la luminosité. Impossible de faire cesser le désagrément. Pas de mode « pause », la transat continue. Je me repose davantage. Syl assure, elle est en pleine forme.

 

Nous adoptons une voilure plus réduite que nécessaire en fin de journée dans le but de passer la nuit sans intervenir sur les voiles. Le bateau ralentit un peu, c'est dommage mais nous gagnons en confort, et surtout nous évitons les manœuvres sur le pont qui, lorsque l’on n’est pas en forme, sont particulièrement éprouvantes.

 

Un peu verdâtre, je prends quand même les quarts de nuit ; ils sont franchement pénibles. J’ai une sensation « d’interminable » qui se met en place. Il me semble que nous sommes partis depuis 15 jours déjà alors que, sur le papier, nous n’avons pas encore bouclé la première semaine.

 

Ça fait partie de la gamme des sensations que d'être amené à se dire "mais qu'est ce que je fais ici ?".

Elle permet de prendre conscience que les marges de manœuvre sont minces.

Il faut que tout aille parfaitement bien.

En isolement, dans la nature, l'humain est un être fragile et il se sent vite vulnérable. Le moindre grain de sable est un rocher, un rocher une montagne. Leçon d'humilité.

 

Vivement demain.

 

 

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22 mars 2020 7 22 /03 /mars /2020 14:35

Voici comment ça se passe dans notre petite sphère :

2020 03 22 - Confinement - jour 5

Ici, dans notre campagne de la Drôme provençale, le ciel est bleu, le soleil inonde le paysage de vignes qui nous entoure, le romarin en fleurs enivre des dizaines d'abeilles, le printemps réveille la végétation, et de temps en temps un engin agricole passe encore devant chez nous ; nous ne repérons aucun indice d'une quelconque modification sociétale.

2020 03 22 - Confinement - jour 5

Peut-être, si on nous posait la question : "tu ne remarques rien ? Là dans le ciel !"

On s'apercevrait, en effet, qu'il n'y a rien.

Plus aucune trace d'avion ; le ciel a retrouvé ses apparences d'il y a un siècle.

D'un point de vue écologique c'est le rêve !

 

"Et là, écoutes, tu n'entends rien ?"

En effet ! Rien ! Le niveau sonore général est au plus bas. De légers pépiements d'oiseaux au loin c'est tout...

 

Nos habitudes journalières, c'est sûr, changent. Quitte à nous intoxiquer nous regardons maintenant les infos chaque jour, souvent deux fois, les régionales, puis les nationales en changeant de chaîne pour tenter de bénéficier d'approches différentes. Nous scrutons internet.

 

Nous y voyons la carte du monde couverte de points rouges chaque jour de plus en plus gros, des villes devenues désertiques, des quantités de malades sous cloche, des infirmières en pleurs, des cercueils.

D'un point de vue sanitaire c'est l'enfer.

 

Toute activité non indispensable aux besoins primaires est arrêtée.

D'un point de vue économique c'est le cauchemar !

 

Nous n'avons pas arrêté notre travail, il s'est arrêté tout seul.

Agent commercial dans l'immobilier professionnel : plus aucun client investisseur n'appelle. Solliciter des vendeurs est totalement déplacé, hors sujet. Notaires et avocats sont confinés, en service minimum. Les banques sont aux abonnés absents.

Aucun déplacement possible.

Ça, c'est fait !

 

Animation musicale dans les crèches et autres structures accueillant des enfants : plus d'école, plus de crèches, plus d'animations. Ça aussi c'est fait !

Sylvie reste la seule sur le pont depuis une semaine, dans son rôle attaché à la comptabilité, pour dénouer l'écheveau administratif  qui consiste à indemniser les salariés en chômage partiel.

 

Nous ne sommes pas du genre à nous ennuyer pour autant, de plus nous avons la chance d'avoir un extérieur. Il faut reconnaître que c'est, pour nous, un confinement doré ; nous en avons conscience.

Nous vivons en autonomie sur une petite réserve alimentaire qui tiendra encore une semaine. Nous pensons à la méthode à adopter pour la recharger prudemment.

Sylvie gère avec précision et méthode. Diversité, équilibre, plaisir, quantité, dates de péremptions. C'est une gestion de crise, discrète, efficace, confortable.

 

A notre échelle pas de souffrance donc, pas de questionnement pour le présent mais il y en a d'autres plus larges...

Et après ? Et d'ailleurs quel après ?

 

Il nous semble bien que le monde navigue à vue dans un épais brouillard. De pollution peut-être.

La partie émergée d'un iceberg vient d'apparaître droit devant ! Il n'y a pas d'équipement de sécurité pour tout le monde...

 

-------------------

 

Janvier 2016 - Sur le voilier en transatlantique - Jour 5

 

Nuit agitée. Avec ce niveau sonore et les mouvements incessants du bateau, le sommeil est difficile à trouver jusqu'à ce que Morphée nous happe à l’usure. Et là c'est le plongeon profond, direct dans les abîmes.

Pendant mon quart de veille, ce qui ne devrait être qu'un léger assoupissement, s'apparente plutôt à un évanouissement.

Mes rêves coïncident avec le réel. Je suis en pleine course de 4x4 sur une piste à bosses, ça secoue, ça brasse, je m'accroche ; un téléphone sonne indéfiniment jusqu'à ce que je réalise que c’est le réveil des 30 minutes pour le tour de veille… Bon sang !

Je mesure que la sécurité est toute relative dans ces conditions. Mes idées ne sont pas très claires. Seulement un tiers des neurones sont sur le pont ; les autres, dans la brume, n'ont qu'une seule envie : replonger. Et ils replongent.

 

Nos anges gardiens veillent sur nous. Notre fidèle compagnon, en qui nous avons placé notre confiance à un haut niveau, file vers l'ouest sans broncher, sans rechigner. Nous ressentons sa robustesse, sa fiabilité. C'est un bon bateau, et nous l'avons bien préparé !

 

Dès que la lumière le permet j'aperçois un poisson volant sur le trampoline, et un autre en pied de mât. J'attends que Sylvie soit présente pour prendre le risque d'aller sur l'avant du bateau afin de les récupérer.

C'est illusoire d'imaginer qu'elle puisse faire demi-tour si je tombe à l'eau, mais au moins si ça devait arriver elle sera présente, elle saura... Depuis le début de la traversée une pensée noire nous hante : que l'autre fasse une imprudence la nuit, et qu'il ne soit plus là au changement de quart.

C'est le pire scénario.

Nous nous sommes donc mutuellement, et très strictement, interdit toute sortie du poste de barre, la nuit, seul.

S'il est nécessaire d'intervenir sur l'avant, il faut nécessairement réveiller l'autre.

De plus, en conditions agitées comme c'est le cas aujourd'hui, le harnais accroché à la ligne de vie est systématique.

Confiants mais prudents.

 

Ça nous en fait 4, le repas est pourvu.

Dans l'assiette, le poisson volant, par sa taille, est entre sardine et maquereau. Nous découvrons un goût assez fin, mais assez peu de chair pour l'apprécier pleinement... Pas mal d'arêtes. Plus d'inconvénients que d'avantages. Il n'est pas certain que nous gardions les prochains.

 

Le rodéo continue ; force 5 depuis hier, les vagues sont bien rondes, 2 mètres 50 environ. Entre deux ondulations, dans le creux, l'horizon est à 20 mètres. Sur le haut des vagues, nous supervisons un alpage bleu avec des centaines de moutons.

Nous passons incessamment de l'un à l'autre, nous sommes sur le balancier de la Grande Horloge.

2020 03 22 - Confinement - jour 5

Nous avons amélioré notre moyenne générale.

A 6,5 nœuds, elle nous permet d’espérer boucler en 14 jours. C’est le minimum qui semble à notre portée ! 

 

A midi nous sommes au 17.20 N - 37.38 W

2020 03 22 - Confinement - jour 5

Nous calculons sans cesse, pour nous occuper, pour nous motiver. Nous sommes à 30 % de la distance totale. 

 

Nous nous interrogeons sur l'évolution de la météo.

Depuis 5 jours nous n'avons pas réactualisé. Nous rechignons à le faire, car nous savons que les connexions par le téléphone satellite sont très lentes et vont dévorer le maigre forfait dont nous disposons.  Pour le moment il n'y a pas de signe inquiétant, nous refermons le sujet.

 

Nous surveillons les voiles, les instruments de navigation, mais finalement très peu l'horizon. Nous prenons conscience que la question de savoir s'il pourrait y avoir quelqu'un à proximité n'existe plus.

C'est devenu notre océan. Une sorte d'évidence.

Il nous parle ?

Parfois des "hou", "hé", "ho" nous font l'effet de voix humaines. Des bribes de mélodies nous parviennent. Le vent, l'eau, le bateau, tout devient instrument à cordes, à vent, à percussion.

 

Dans les larges moments d'introspection qui sont à notre disposition, des questions de sens apparaissent. Où est la liberté ? L'immensité est là, la solitude aussi, mais la liberté de quoi ? Où?

 

Cette traversée, avec ses conditions très spécifiques, s'apparente à une loupe à fort grossissement. C'est une petite vie à elle seule.

Au début elle scintille de son potentiel, des rêves qu'elle suscite.

Puis le vécu, les imprévus, les inconnues, notre positionnement par rapport aux risques, aux peurs, au temps, la façonnent à notre image par l'instrument de nos choix.

J'observe attentivement.

Pour moi, c'est bien plus qu'une traversée maritime, c'est un parcours initiatique.

 

Dans un copier-coller d'un moment sur l'autre et d'un jour après l'autre, le jour 5 ne va plus tarder à enfiler ses longues mitaines noires pour tendre la main au suivant.

 

Au revoir Jour 5, tu as été unique, nous ne te reverrons plus, mais nous nous souviendrons de toi et de chacun des autres.

 

Bonne nuit bon quart ! A demain !

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21 mars 2020 6 21 /03 /mars /2020 15:04

On n'est pas prêts d'en voir le bout ...

 

Les chinois :

 

- ils ont respecté des conditions de confinement très strictes.

 

- Ils se sont tous protégés avec des masques.

 

- Ils ont testé un maximum de gens, ils ont isolés les cas positifs et soustrait de la multitude ceux qui risquaient de l'être.

 

- Leurs personnels médicaux et toute la chaîne des acteurs sanitaires étaient, et sont toujours, hyper-protégés.

 

- Ils ont nettoyé, désinfecté et lessivé les villes, les rues, les façades, les rampes d'escalier. Tout.

 

- Et dans ces conditions ils ont mis 60 jours pour sortir maintenant, craintivement, la tête de l'eau!

 

 

Les Français :

 

- ils sont presque confinés, ils circulent encore un peu, ils quittent les villes pour s'éparpiller dans les campagnes, filoutent avec les consignes, se prennent des prunes par des policiers non protégés qui, avec un peu de malchance, peut-être les infectent en prime ! Ce sera la surprise dans 10 jours !

 

- Ils n'ont pas de masque, ne peuvent pas en obtenir, la France en a infiniment trop peu. Comme pour se disculper, les autorités tentent de convaincre les gens que ce n'est pas utile d'en porter.

En France on n'a pas de masque et on se fait des idées !

Les rares spécimens, ce sont les médecins qui se les arrachent, beaucoup n'en n'ont pas, les ambulanciers sont dans la même situation ; ils s'indignent.

 

- La France n'a pas assez de tests. Ils ne testent que les malades graves qui de toute manière sont au lit, et les autres ne sont pas testés. Les autorités se convainquent d'elles-mêmes que c'est mieux ainsi.

 

- Les lieux publics ne sont pas désinfectés ; avec quoi le ferait-on ? D'ici à ce qu'on nous explique que c'est superflu...

 

Nous sommes au 4° jour d'un confinement  annoncé pour 15 jours. On parle d'une possible prolongation... Franchement, dans ces conditions la question est : "pendant combien de mois ?"

 

Zoom très local :

Nous n'avons pas approché d'autre humain depuis samedi dernier, deux jours avant le début du confinement.

Nous revenions d'une semaine de déplacement professionnel avec de multiples contacts, des repas en collectivité, et donc avec une probabilité non négligeable d'avoir croisé Coco.

Pour le moment pas de symptôme.

 

 

 

Janvier 2016 - Sur le voilier en Transatlantique. Jour 4

 

La nuit a été calme.

 

Rien à signaler, mis à part une montée d'adrénaline causée par un soudain remue-ménage dans le cockpit. Trois secondes pour éclairer et comprendre.

C'est le bruit d'une inutile bagarre contre la mort d'un poisson volant kamikaze qui se crashe dans le cockpit. Banzaï !

Volée d'écailles et traces de sang... D'une signature odorante, mélange de marée, de fruits de mer et de peur, il vient de signer la dernière page de son roman.

Pour honorer la peine qu'il s'est donnée et saluer son offrande, après nettoyage, il prend la direction du frigo et rejoint son compagnon d'hier. Et de deux.

 

Bon nombre de sonneries de réveil plus tard, de 30 minutes en demi-heure, c'est un soulagement de discerner la première lueur diaphane du jour qui, en quelques minutes, gomme les étoiles.

Avec la lumière du jour tout est plus simple ; je viens de récupérer l'un de mes cinq sens, et pas des moindres... Je suis donc forcément de bonne humeur.

 

Quand on est réduit à la simplicité des choses de la vie, ces petits bonheurs ordinaires que l'on ne voit plus dans le tourbillon de la société terrestre, retrouvent leur réelle dimension extraordinaire.

 

Lever de soleil limpide.

Sylvie arrive, les yeux en tirelire, éblouie par tant de lumière. Quelques mots d'échange, elle prend le relais, et moi la direction de la couchette.

Deuxième réjouissance profonde. La journée commence bien !

 

Le vent forcit graduellement. Force 4. Le bateau accélère franchement. Sourires.

 

Nous calculons déjà qu’en fonction de cette nouvelle vitesse moyenne, nous serions en mesure de traverser en un peu moins de 15 jours. L’idée est plaisante. Si le bateau n’avait pas ralenti pendant 24 heures, nous aurions encore pu gagner une journée.

 

Le point du midi : 17.21 N - 35.14 W

Il est immense cet océan !

Il est immense cet océan !

2020 03 21 - Confinement - Jour 4

Les alizés sont clairement devenus plus vigoureux, 20 à 25 Nœuds ; la mer se forme.

Nous adaptons la voilure. Agur avance vite, le bruit de cascade derrière nous est impressionnant. Régulièrement, au hasard d’une vague plus forte et de travers, ça cogne, ça vibre.

2020 03 21 - Confinement - Jour 4

Nous espérons que le vent ne se renforcera pas davantage. En mer on passe assez vite du trop peu au trop beaucoup trop !

 

Aujourd'hui nous reculons les horloges d’une heure car nous nous déplaçons plein Ouest ; d’ici l’arrivée il faut se décaler de 3 heures, donc tous les 4 jours nous devons reculer les pendules du bord d'une heure. Pour éviter les confusions, et nous permettre de retrouver nos billes au cas où l'esprit s'embrouillerait, le GPS reste à l'heure du fuseau horaire, et une horloge reste affectée à l'heure de Paris, celle de nos familles.

 

Indéniablement l'énergie des éléments nous est transmise, nous la recevons, nous sommes plus toniques. Il y a connexion.

Nous ne sommes plus comme hier, passifs et contemplatifs, sur un bateau qui, tranquillement glisse doucement sur les flots.

C'est quasiment la sensation d'être en course qui nous habite, avec un objectif sous-jacent : gagner un jour. Les réglages de voiles sont optimisés. Comme on dit "ça envoie".

Au milieu d'une régate imaginaire, nous gagnons du terrain sur d'autres qui, dans d'autres conditions, d'autres traversées ont parfois mis 26 jours pour le même parcours.

 

Bien plus encore que d'habitude la préparation de la nuit est méticuleuse. Les harnais sont sortis. Il faudra s'attacher pour toute manœuvre. Tolérance zéro. Un homme à la mer de nuit, et de surcroît par temps fort, est un homme mort.

L'océan a certes perdu un poisson volant, ce n'est pas un motif valable pour compenser dans l'autre sens !

 

Pour moi il y a un passage délicat chaque soir au moment du crépuscule : la gestion de l'équilibre et le spectre du mal de mer qui n'est jamais bien loin. Passer de la lumière à l'obscurité change les repères et les sensations. Je suis amariné, mais j'ai toujours besoin d'environ une heure d'adaptation attentive, le soir, entre chien et loup "de mer".

L'expression "entre chien et loup" est parlante :

Le chien symboliserait le jour puisque tout comme lui, il peut nous guider ; alors que le loup serait le symbole de la nuit, représentant une menace, mais également les cauchemars et la peur.

 

Voila matière à s'interroger sur les peurs et angoisses inconscientes...

Même si on se dit  que "ça va bien se passer !"

Sur ce...

 

Bonne nuit bon quart ! A demain !

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20 mars 2020 5 20 /03 /mars /2020 17:15

Le soleil se lève sur une France qui, petit à petit, se recroqueville dans sa coquille. L'épidémie s'aggrave, la courbe du nombre de victimes décolle. Nul ne sait jusqu'où elle s'élèvera.

Les mesures de confinement se durcissent, les plages sont interdites, les activités en montagne sont interdites, les marchés sont fermés, la police chasse tout le monde des rues. Des drôles de drones diffusent : rentrez chez vous ! Rentrez-chez vous ! Les SDF se regardent et se demandent comment interpréter ces messages...

Les équipes médicales cherchent des masques et des équipements de protection qui sont promis depuis longtemps mais qui n'arrivent pas. Les hôpitaux de l'Est de la France sont débordés, ceux du Nord de l'Italie ont dépassé ce stade et appellent au secours. Fusées rouges ! Le navire prend l'eau !

Dans les hautes sphères pendant que l'économie, elle aussi, est admise en réanimation, que les banques centrales lui envoient de l'air et des transfusions, un projet de loi d'urgence est en passe d'être signé.

Dans cette réalité que l'on aimerait n'être qu'un scénario de science fiction on entend les signaux d'une grande confusion. Une page d'histoire est en train de s'écrire.

Des artistes diffusent sur le net des concerts gratuits à l'attention des millions de personnes confinées chez elles, les familles s'organisent, chaque maison, chaque appartement est un radeau de sauvetage. Chaque soir, à son balcon, on applaudit les soignants qui sont à la limite du possible...

La durée du confinement a été annoncée initialement à 15 jours. Comment y croire ?

Les politiques nous vendent déjà, discrètement, l'idée d'un prolongement comme s'ils étaient devant 60 millions de naïfs. En quoi pensent-ils que c'est une bonne idée d'annoncer court et de reculer la ligne d'arrivée à mesure que l'on avance ?

Ça revient à embarquer pour une transatlantique de 15 jours avec un capitaine qui finalement décide d'effectuer un tour du monde de peut-être 60 jours. Sur un bateau c'est courir le risque d'une mutinerie !

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Janvier 2016 - sur le voilier Traversée atlantique - Jour 3

Tout va bien à bord.

Pas de manque d'énergie cette nuit ; le pilote automatique consomme moins lorsque la mer est calme et le vent modéré. Les moteurs sont donc restés silencieux et notre réserve de carburant intacte.

Cadeau ! Au lever du jour il y a un poisson volant échoué sur le trampoline. Nous le récupérons. On ne peut rien en faire tant qu'il est seul, mais régulièrement des envolées de ces exocets se déclenchent à l'approche du bateau ; nous en récupérerons certainement d'autres en vue d'un petit plat de poisson frais.

 

La matinée file, tranquille, le bateau est un peu plus lent, et surtout plus confortable ; nous sommes sur une allure de « grand largue » peu exigeante en surveillance au niveau des voiles. Nous ressentons le bénéfice d'avoir allongé les quarts à 3 heures au lieu de 2, la sensation de repos est meilleure, ou alors nos organismes commencent à s'habituer...

 

Nous n’entendons rien à la radio ; de temps en temps je m’assure qu’elle fonctionne toujours.

Oui, c’est juste qu’elle diffuse un silence profond ; nous sommes vraiment seuls, cette perception est intense, mais pas angoissante.

2020 03 20 - confinement - Jour 3

De manière certaine, nous avons maintenant dépassé le point de non-retour. A partir de là, le sentiment d’isolement face à tout ce qui peut arriver, est entier.

 

Notre position à midi : 17.12 N - 32.30 W

2020 03 20 - confinement - Jour 3

Bonne nouvelle, je peux maintenant commencer à quitter l'horizon du regard sans ressentir que l'estomac se barbouille, la lecture devient possible.

Nous avons des liseuses qui présentent l'avantage de pouvoir contenir une bibliothèque entière sans l'inconvénient du poids. Même si le plaisir de lecture est moindre car l'écran n'imitera jamais le toucher du papier, la diversité des contenus est appréciable.

Avant ces inventions électroniques, les gens de bateau pratiquaient depuis longtemps l'échange de livres. Chaque bateau en détenait dix ou vingt, et aux escales les livres s'échangeaient de la main à la main à l'occasion d'une rencontre, ou alors étaient déposés sur une étagère dans les bars du port, dans les laveries, dans tous lieux de fréquentation commune.

Cette pratique s'est maintenant généralisée, même à terre.

 

Une routine de vie s'installe. Les nouveaux rythmes sont intégrés. Nous avons presque oubliés que nous sommes terriens.

Un végétal à bord nous le rappelle. Nous avons un plan de basilic qui nous accompagne depuis les îles Canaries. Il participe généreusement à toute salade de tomates, et quelque part cette plante nous relie à la vie terrestre. De son feuillage à nos racines...

 

Le temps passe, s'étire, il peut paraître plus ou moins long selon les moments. Nous échangeons sur nos lectures. Nous nous connectons à ceux qui sont à terre par des pensées régulières, des échanges imaginaires avec les uns et les autres, comme une envie de partage, d'union... Nous n'avons aucun moyen de communication. Le téléphone satellite est là uniquement en cas d'urgence.

 

Nous entretenons nos calculs et nos prévisions d'arrivée. 15 jours semblent jouables. Notre mental se conditionne par rapport à cette durée. Nous regroupons notre énergie autour de cet objectif comme on regroupe ses forces pour franchir un obstacle. Nous avons fait 3 jours sur 15, c'est 20 %. Cet étalonnage sert de jauge et nous encourage, nous gérons nos ressources physiques et mentales avec ces données.

 

Syl s'évade graphiquement...

2020 03 20 - confinement - Jour 3

De mon côté j'ai beaucoup de mal à structurer la notion du temps. Chaque moment ressemble à celui de la veille ou de deux heures plus tôt. J'ai l'impression d'être parti depuis plus d'une semaine !

Je note le vécu et sa chronologie, heureusement...

Le lâcher prise c'est  bon, mais la gestion de la traversée est nécessaire aussi !

 

 

Aujourd'hui est une journée fluide, sans complication, simple et sereine. Il y a de nombreux instants qui semblent vides d'actions c'est vrai, mais ils sont remplis d'être. L'ennui n'existe pas.

La tentation est d'imaginer que toutes les journées seront comme celle-ci.

2020 03 20 - confinement - Jour 3

Le soir s’approche, et avec lui la ronde des quarts. Ce soir Syl assure le début de nuit jusque minuit. Je prends ensuite jusque 3 heures. Il nous faut une régularité, et qu'elle corresponde à nos propres dispositions; celle-ci c'est celle qui nous va le mieux.

 

La lune, quant à elle, encore une fois va s’élancer dans le ciel juste à l’arrière du bateau, passer au dessus, et se coucher devant, dans notre direction. C'est pratiquement la même trajectoire que le soleil, mais chaque nuit elle se décale un petit peu dans l' horaire et bientôt nous savons que les nuits seront moins lumineuses, pour finalement être totalement noires.

 

J'aime particulièrement faire le quart du matin, celui qui assiste au lever du soleil ! Quelle joie d'ouvrir sur un jour neuf ! Rien que ça c'est un bonheur.

 

 

Bonne nuit bon quart ! A demain !

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19 mars 2020 4 19 /03 /mars /2020 14:32

Depuis Lundi 16 mars midi nous sommes entrés dans une période dont tout le monde se souviendra.

Les instructions de confinement sont globalement respectées, mais globalement seulement...

Encore beaucoup trop de gens se promènent, vont au marché, sortent pour des motifs futiles qui sont déguisés en nécessaires. Ils veulent bouger, il veulent garder cette petite latitude spécifique qui leur permet de ressentir leur liberté de faire quelque chose ... Faire un jogging, faire un petit tour, faire des courses, faire le malin... A moins qu'ils n'aient pas conscience...

Il faut que des policiers descendent dans la rue, qu'ils expliquent, insistent, que leurs regards s'assombrissent, que les contraventions pleuvent, pour que les français se mettent enfin à l'abri.

Si mon cœur était à sourire il le ferait, en observant qu'il n'est apparemment pas donné à chacun de rester chez soi, avec ce "bien-trop-de-rien-à-faire" encombrant.

Elle était finalement pratique cette vie moderne rythmée, effrénée même, dans laquelle l'Activité, avec un grand A, était centrale ; activité professionnelle, activité sportive, activité culturelle, activité de loisirs... Tellement pratique pour éviter de se retrouver face à soi, face à des réflexions plus profondes, face à l'autre, face à la réalité.

On y reviendra à l'activité, heureusement, mais pour l'heure c'est STOP pour tout ceux qui en ont la possibilité!

Profitons-en, par exemple, pour réfléchir...

Réfléchir aux conséquences de nos comportements, là précisément, dans cette crise sanitaire et pour réfléchir à l'autre crise qui se profile juste derrière, économique, et l'autre encore derrière, climatique, celle dont on parle moins actuellement et vers laquelle on file à toute allure en se voilant la face...

A chacun de nos choix : une conséquence... Heureuse ou malheureuse, à chacun de choisir, mais on est tous dans le même bateau...

 

 

Janvier 2016 - Sur le voilier, traversée atlantique. Jour 2 .

A chacun de nos choix : une conséquence... Heureuse ou malheureuse, à chacun de choisir...

En bateau en pleine mer, c'est encore plus vrai, et aucun navigateur ne me contredira. Il suffit de négliger un détail, de prendre une mauvaise option et l'addition suivra immanquablement tôt ou tard. Quelque soit le sujet !

C'est logique, c'est une petite unité en autonomie au milieu de la nature, tous les équilibres sont fragiles, comme sur la planète finalement...

Tenez hier soir, j'ai écrit qu'il était nécessaire d'économiser l'énergie électrique. Nous l'avons fait, mais malgré cela :

Minuit : un défaut apparait sur l'écran du GPS ; en même temps le pilote automatique se met en sécurité, il n'est plus opérationnel, le frigo vient de se mettre en marche il prend toute l'énergie, il est rempli au maximum et il n'est pas question de compromettre la conservation de nos produits frais.

Nous avons sous la main un remède évident : mettre l'un des deux moteurs en route, et son puissant alternateur va recharger. Facile l'énergie fossile !

Mais je sais que je dois calculer au plus juste ce temps de recharge au moteur car le carburant est compté. En mer, pas de station service... Nous avons un réservoir de 250 litres mais au départ de Mindelo au Cap Vert, avec une pompe défectueuse et très très lente nous n'avons pris que 200 litres en presqu'une demi-heure. Impatients, nous avons jugé que ce serait suffisant... Je le regrette un peu. Nous avons environ 48 heures d'autonomie. Avec le plein nous aurions 12 heures de plus.

Je limite la recharge à une heure de moteur, ce sera suffisant pour attendre que les premiers rayons de soleil, demain, prennent le relais par les panneaux solaires.

Il reste à analyser pour quelle raison l'autonomie électrique n'est pas suffisante alors qu'elle l'a été jusqu'à présent. La réponse est simple : sur cette traversée nous naviguons vers l'ouest. Le soleil se lève sur l'arrière du bateau, passe sur le côté bâbord en milieu de journée, et termine sa course droit devant. Pendant toute sa course au Sud, une bonne partie de la journée, l'ombre des voiles se projette sur les panneaux solaires qui en profitent pour faire la sieste.

J'y avais pensé lors de la préparation, mais j'ai sous-estimé le phénomène, puis je l'ai oublié et au moment de faire le plein de gasoil ce paramètre n'a pas été pris en compte ; alors maintenant il faut faire attention à la consommation de carburant, il se peut que nous en ayons besoin plus tard...

Ce problème réglé et compris, j'échange avec Sylvie sur une autre décision que nous avons à prendre.

Plusieurs fois d'autres équipages nous ont dit : « une fois au large, tu ne verras plus personne ; plus besoin de faire de quarts de veille ; tu mets le pilote, le radar, et tu dors ! ». Mouais… Ca fait bizarre quand-même ; mais c’est tentant...  

Nous n'en sommes qu'à la deuxième nuit ; remplis de courage, nous sommes d’accord pour maintenir encore les quarts de veille. Au moins cette nuit. Sans le savoir, c’est une résolution doublement justifiée que nous prenons… Sylvie prend la première période de repos sur la couchette intérieure, je me colle à la veille pour 2 heures.

 

A l’appui de la propulsion mécanique que je viens de mettre en marche, c’est l’occasion de rectifier le cap car le vent, petit à petit, nous avait contraints de nous écarter de quelques milles de la route tracée afin de pouvoir conserver le réglage de voiles le plus favorable.

Correction donc de quelques degrés sur bâbord.

 

C’est pratiquement la pleine lune ce soir. On y voit à 360 ° jusque l’horizon comme lors d’un crépuscule. C’est un éclairage féérique diffusé par l’atmosphère légèrement brumeuse à la surface de l’océan.

 

Une demi-heure plus tard, mon regard capte un petit lampion vert entre deux vagues sur notre droite, à mi distance entre nous et l’horizon. Incrédule, j’observe aux jumelles ; en effet je vois un feu de navigation vert, mais je ne discerne pas la structure du bateau ; un voilier ? Une barque de pêche si loin des îles ? Perplexe. L’embarcation semble arrêtée, nous la laissons rapidement glisser sur l’arrière.

Au radar, rien ; que les échos des plus grosses vagues. Bizarre.

Je réalise que cette petite embarcation est à peu de chose près là où nous devions passer si je n’avais pas changé de cap quelques instants plus tôt. Invraisemblable concours de circonstances, pas rassurant du tout … mais l'incident est clos.

 

J’informe Syl au changement de quart ; nous devons rester vigilants. Tout est calme pour elle.

 

Plus tard, je reprends mon tour. Je somnole avec le réveil près de l’oreille, et toutes les 30 minutes je sors faire un tour d’horizon systématique. C’est réglé, presque mécanique ; un peu téléguidé, mais c’est suffisant pour repérer à temps quelque chose qui s’approcherait.

A 5 heures, apparaît un feu blanc sur l’horizon, droit devant.

Normalement un feu blanc, c’est l’arrière d’un bateau.  A priori nous suivons quelqu’un.

Je reviens voir 10 minutes plus tard, le feu est nettement plus visible, un autre se dessine juste à côté. Rapidement c’est une grappe de feux qui se rapproche en plein face à nous. Qu’est-ce que c’est que ce truc ?

On ne le suit pas, il se rapproche beaucoup trop vite.

Conclusion : il est droit dans notre axe et en sens inverse.

 

Au radar rien, sauf les échos des plus grosses vagues. Cette fois c’est carrément louche…

 

Aux jumelles je distingue la proue d’un petit cargo qui tangue en remontant les vagues, face à nous.

Il est urgent de faire quelque chose ! Je m’écarte brusquement de 20 degrés, et nous croisons en effet de très près un petit navire de commerce d’une cinquantaine de mètres aux multiples projecteurs et aux feux de navigations restés invisibles à cause de l’aveuglement produit par les éclairages. Et lui nous avait-il vus ? J'en doute. Il est si proche que s’il y avait eu des hommes sur le pont je les aurais distingués facilement.

Coup de chaud rétrospectif donc. Ca nous arrive finalement assez souvent ce genre de rencontres lors des navigations côtières, mais là je n'en crois pas mes yeux...

 

Cette deuxième nuit conditionne évidemment toutes les suivantes, nous ne sommes plus en confiance. Jusqu’au bout de la transat nous conserverons nos quarts de veille ; nous comprenons aussi par ces deux constats que le radar présente certainement un dysfonctionnement.

Jusque là irréprochable, il est devenu gravement myope ; il faudra l’examiner à l’arrivée.

 

A la mi-journée nous ajoutons 140 milles à notre trajet soit 250 km. Position 17.06 N - 30.02 W

2020 03 19 - Confinement - Jour 2 -

Nous visons la Guadeloupe, Saint François plus exactement, par une route orthodromique, c'est à dire légèrement incurvée pour compenser la rotondité de la terre. En mer, le chemin le plus court n'est pas la ligne droite.

 

Le vent faiblit un peu, force 3. La mer s'adoucit et l'allure ralentit légèrement.

Des nuages de beau temps et quelques cirrus plus hauts dans le ciel témoignent de la présence d'une perturbation qui est centrée plus au nord et aperçue sur les fichiers météo d'avant départ. Les alizés faiblissent un peu, c'était prévu. Tout est conforme.

 

Le bateau a ralenti, il y a un peu moins de bruits d'eau, nous écoutons la musique du bord. Sylvie monte le son quand, par le mode aléatoire, la play-list s'arrête sur une chansons des chœurs de France et particulièrement celles du concert de "La Mer".

Elle y a participé :

"Je me revois et je revis des moments d'intense émotion en me rappelant ces moments de scène, où nous étions habillés en marins et chantions haut et fort la mer, les vagues, et les bateaux, et la similitude de ces moments vécus pour de vrai cette fois !"

2020 03 19 - Confinement - Jour 2 -

La mer étant plus calme, dans l'après-midi c'est l'occasion de faire un pain et d'embaumer le bateau lorsque la croûte commence à dorer dans le petit four à gaz.

Ces toutes petites choses simples sont tellement bonnes ! C'est inouï la place qu'elles prennent lorsqu'il n'y a plus rien pour faire interférence...

 

J'aimerais tenter de pêcher, mais c'est impossible ; depuis le départ, nous traversons en permanence des surfaces où les algues sont agglomérées en longs trains de plusieurs centaines de mètres. Ce sont des sargasses, elle prolifèrent, profitant du réchauffement des océans. Il y en a partout. La ligne de pêche n'y résisterait pas 3 minutes.

J'espère juste que ces algues n'entraveront pas les parties immergées du gouvernail (pas du gouvernement ! C'est vrai qu'il est un peu immergé et empêtré aussi, mais c'est par toutes autres choses que des sargasses).

 

Sieste (s) ...

 

L'après-midi ? Le matin ? je ne sais plus trop où j'en suis. Tous ces sommeils coupés me déforment la notion du temps. Peu importe... Je suis là et maintenant. Le vent, la mer, les vagues, le ciel. Je n'y vois que du bleu. Je me sens bien, le cœur gonflé, rempli de l'instant.

 

Il n'y a pas encore de lecture possible pour moi, et il n'est pas question non plus d'aller faire un footing, hein ! Confinement naturel obligatoire et des plus stricts celui-là ! Mais choisi, je le concède.

 

Petit à petit le rituel d'avant la nuit s'impose. Préparation du matériel, des lampes, vérifications du bateau.

2020 03 19 - Confinement - Jour 2 -

Pyjama rose ! Cette deuxième journée s'apprête maintenant à baisser le rideau.

La lune est là très tôt dès le début de soirée.

 

Elle rassure, elle diffuse juste assez de lumière pour que nos yeux accommodés à l'obscurité cernent l'horizon.

 

 

Nous décidons d'aménager nos quarts par tranches de 3 heures pour une meilleure récupération. Trois  heures ce sont deux cycles de sommeil consécutifs de 1 h 30 pour l'équipage en couchette. Rien que d'y penser c'est déjà très bon !

 

Ce sont 6 tranches d'une demi-heure pour l'équipage en semi-veille donc 5 sonneries de réveil. Nous allons bientôt vraiment détester la mélodie. C'est Syl qui démarre la veille jusque Minuit.

 

Une petite veste est la bienvenue ce soir, il fait 23 degrés, mais le vent et l'humidité sont désagréables.

 

 

Bonne nuit bon quart ! A demain !

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18 mars 2020 3 18 /03 /mars /2020 15:35

Tous confinés avec du temps à revendre mais personne pour le racheter car tout le monde en a !

15 jours... Je prends au sérieux cette mesure et je vais bien évidemment la respecter.

Par réflexe je calque ces 15 jours sur la traversée atlantique que nous avons faite sur notre voilier Agur. En partant du Cap vert, archipel au large de l'Afrique, 15 jours c'est le temps que nous avons mis pour traverser l'atlantique et rallier les Antilles.

Nous avons conservé le journal de bord de 2016 et nos souvenirs de cette quinzaine d'un confinement choisi mais tellement particulier...

Pour mon plaisir, et aussi pour amener une page de lecture à ceux qui s'ennuient je propose de poster chaque jour le récit qui lui correspond et son parallèle d'aujourd'hui.

 

Jour 1 :

Le Président Macron, avec un ton grave, a fait son annonce. Les français viennent d'entrer dans un tunnel d'une quinzaine de jours, peut-être davantage, en restant le plus possible à l'écart des autres, avec quelques petites sorties autorisées par une auto-permission à écrire sur une feuille de papier, avec des vivres en quantité et des possibilités de les renouveler, avec malgré tout des moyens de communication, et une interaction sociale à la portée des claviers. Bon... Ça semble gérable...

Il y a un stress en toile de fond ; la progression du virus Covid 19 est peu prévisible, les équipes sanitaires luttent, certaines personnes perdent ce qu'il y a de plus précieux, la vie. L'économie du pays est en stand-by, la facture sera en milliards d'euros et les bourses mondiales ont des hauts-le-cœurs.

Nous sommes dans le scénario d'un film catastrophe qui nous aurait fait zapper sur une autre chaîne tant il est invraisemblable.

Des français s'échappent des grandes villes par tous moyens, s'entassent dans les gares, les foules s'engouffrent dans les magasins par peur de manquer et tous en profitent pour s'échanger le précieux virus que tout le monde devrait chercher à éviter. La panique n'est pas loin. C'est difficile de gérer les populations, entre trop sérieux et trop léger, la marge de manœuvre est épaisse comme un fil de funambule et histoire de corser l'histoire il y a une élection municipale qui secoue le fil.

La télé ne parle quasiment plus que du Covid 19, le fameux Coronavirus, être vivant microscopique et vedette mondiale du moment qui paralyse tout... Petit mais maous costaud, et pourtant finalement pas si violent que ça ; ce sont donc nos structures sociales, soit disant super évoluées, qui sont particulièrement vulnérables...

Qui aurait pensé que la troisième guerre mondiale s'engagerait contre une troupe d'êtres microscopiques ? Et de toute évidence nous n'avons pas de missile microscopique...

Bref certains politiques doivent jalouser la popularité et le pouvoir de ce nouveau tout petit roi fraîchement couronné!

Au milieu de ce chaos mondial et du confinement nécessaire de curieuses questions apparaissent : "comment s'occuper" ?

C'est une question que les médecins et les infirmiers ne se posent pas. J'ai d'ailleurs une pensée inquiète pour ma fille Olivia, ambulancière dans le sud-Ouest, aux premières loges et ne bénéficiant d'aucun matériel adapté pour se protéger. Plein de courage Olivia ! Et sois prudente !

Comment s'occuper ?

On dit souvent que le temps c'est de l'argent, alors tout à coup on devient tous riches, à chacun d'investir ce temps comme il veut, comme il peut, mais ce serait dommage de le perdre...

Alors moi j'écris sur le blog qui était en éclipse... Et vous ? Si vous me répondez nous pourrons échanger... Et puis aussi partagez l'adresse www.ciaociao33.com, plus on est flou plus Henri (quelque chose comme ça...)

 

Rembobinage... 22 Janvier 2016 - Traversée atlantique : Jour 1....

Nous avons quitté, hier, Mindelo au Cap Vert, sur notre voilier Agur.

Agur sur son ancre à Mindelo (Cap Vert) juste avant le départ

Agur sur son ancre à Mindelo (Cap Vert) juste avant le départ

C'est un catamaran de 11 m par 6 mais n'allez pas en déduire que nous disposons de 66 mètres carrés. Les surfaces de plancher sur un bateau sont extrêmement réduites. Disons que nous avons le carré intérieur de 4m x2 et la même surface à l'extérieur dans le cockpit. C'est plus petit que le plus petit des studios...

De toute manière, les m² de plancher nous importent peu, c'est assis ou couchés que nous sommes le mieux. En mer tout bateau est instable. Nous sommes propulsés par un vent soutenu, ce même vent qui forme la mer qui agite le tout.

La silhouette des îles du Cap Vert a totalement disparu derrière nous. Nous sommes seuls.

Il y a ici aussi un petit stress en toile de fond ; nous connaissons de manière certaine la météo pour 3 ou 4 jours, nous avons une idée des 3 jours suivants, et pour la suite c'est l'inconnu.  Un voilier c'est tout petit à l'échelle d'un océan et nous en avons pleine conscience.

Nous nous sentons en bonne forme, cependant il ne doit rien nous arriver de fâcheux sur le plan de la santé. Nous disposons d'une boîte de pharmacie avec quelques antibiotiques, des pansements, des remèdes basiques, du paracétamol, mais pas de gel hydro alcoolique.

Nous disposons d'un téléphone satellite de secours avec 30 minutes de communications prépayées utilisables sur un mois. Pas de quoi jouer en ligne...

Nous avons calculé et acheté nos vivres et l'eau douce pour 3 à 4 semaines sachant que la traversée devrait pouvoir se réaliser en 15 jours environ. Le filet à fruits est plein. Le moral est au beau-fixe.

Nous venons de passer notre première nuit de traversée, nous sommes en pleine mer, groggys, embrumés, car chacun le sait la navigation nécessite une veille permanente, 24 h sur 24. Nous ne sommes que deux à bord, et nous devons nous relayer pour assurer la bonne marche du bateau.

Assurer la bonne marche du bateau veut dire surveiller le réglage des voiles en fonctions des variations du vent, corriger les données de trajectoires du pilote automatique qui se charge de barrer là où on lui demande d'aller, surveiller la présence d'éventuels autres bateaux qui seraient sur notre route. Concrètement cette vérification  ne prend qu'une minute.

La journée c'est l'unique occupation que l'on ait, alors très souvent l'un ou l'autre se lève, se dégourdit les jambes avec toujours une main solidement ancrée sur un appui fiable, et fait le tour des vérifications.

La nuit en mer, on s'accorde à dire qu'il est nécessaire d'effectuer un tour de veille au minimum toutes les 20 minutes de manière a détecter à temps un autre bateau qui serait en trajectoire de collision. Entre deux il n'est pas interdit de s'assoupir, mais mettre un réveil est nécessaire.

20 minutes et un bip-bip vient interrompre le relâchement des paupières de l'homme (ou la femme) de quart. Vérification ; tout est ok et on repart pour 20 minutes. Le quart complet va durer 2 heures à ce rythme, puis nous échangeons nos rôles pour pouvoir bénéficier d'une période de repos de 2 heures. Et on recommence.

La nuit a été douce, même en ce mois de Janvier ; nous sommes à la latitude du Sénégal.

Ciel clair, vent constant qui nous vient de trois-quarts arrière, le bateau avance assez vite. Les vagues sont bien présentes malgré une houle croisée qui provoque des mouvements désagréables, c'est rapide, c'est plutôt bien parti.

2020 03 18 Tous confinés !

Pour s'occuper Sylvie tient un graphique sur lequel nous notons le point chaque jour et même plusieurs fois dans la journée. La page est large, et le trait de crayon à ce stade est ridiculement petit. En fonction de la vitesse instantanée du bateau et de sa vitesse moyenne depuis le départ nous faisons des projections sur notre date d'arrivée. Ce sera peut-être moins de 15 jours si nous continuons à ce rythme ? Plusieurs fois par jour nous réactualisons pour entretenir la motivation.

Il n'y a personne autour de nous. La radio de bord est muette ; hier soir, encore proche des îles, j'avais aperçu une voile très loin à l'horizon, j'ai fait un appel radio pour le côté rassurant de savoir que peut-être quelqu'un va traverser à quelques kilomètres de nous , mais aucune réponse... Nous sommes et resterons seuls.

2020 03 18 Tous confinés !

Notre play-list mp3 intervient de temps en temps pour égayer l'ambiance, mais le niveau sonore général est élevé, et nous ne supportons pas longtemps la musique. Le vent, le bruit de cascade que fait le bateau sur son arrière est très présent, il berce, il hypnotise, il fatigue, il endort.

Sylvie alterne lectures et grilles de sudoku. Pour ma part c'est un luxe encore inaccessible, il le sera peut-être dans quelques jours, lorsque ma sensibilité au mal de mer aura reculé. Je n'ai pas les hauts-le-cœurs boursiers, mais il m'est nécessaire de rester un maximum à l'extérieur à prendre l'horizon pour point de repère. Les traders devraient faire pareil !

Les yeux plantés dans le bleu du décor, nous nous imprégnons une fois de plus de l'échelle de la planète et des océans. C'est gigantesque et nous ne sommes quasiment rien... Ballotés, à la merci de tout. Nous sommes faussement fiers et confiants vis à vis de notre technique embarquée, GPS, pilote automatique, fichiers météo pris avant le départ, téléphone satellite, radar, mais nous avons une conscience accrue que c'est illusoire.

La petite voix intérieure souffle : "petit humain, insolent et arrogant, tu te vois, là où tu es ? Et tu te sens fort ?"  A vrai dire non...

Les questions tournent dans la tête : et si le Gps tombe en panne ? Il y en a un de secours...

Et si le pilote automatique tombe en panne ? Il faudra barrer manuellement en permanence,  cette option est mentalement écartée ; inenvisageable ! Ce serait exténuant... Nous n'avons pas d'équipement pour pallier à cette panne.

Et si l'un de nous se blessait sérieusement ? hum il y a le téléphone satellite pour donner l'alerte, oui mais après ? S'il devait y avoir secours et évacuation de l'un d'entre-nous que devient l'autre ? Une seule vraie réponse : soyons prudents...

En cas de nécessité aujourd'hui nous pourrions encore imaginer faire demi-tour, mais face au vent et aux vagues, ce serait pénible et trois fois plus long en temps pour parcourir dans l'autre sens, avec les moteurs, le trajet effectué. Demain la question ne se posera plus ; nous aurons dépassé le point de non retour car nous ne disposons que de 48 heures de carburant si nous devions recourir aux moteurs.

Après avoir balayé une fois de plus cette conscience des risques et le rapport des éléments en place, nous nous laissons aller chacun dans notre bulle à vivre pleinement l'instant. Il est là le but.

Depuis plusieurs dizaines d'années je rêve de ce voyage, je rêve de la liberté que j'éprouverai dans les immensités, de ces sensations exceptionnelles qui seront à la clé, des îles qui sont à l'autre bout...

La nature est belle, par de longues inspirations je me remplis de ces moments que je sais uniques. Je les ai voulus, j'y suis.

2020 03 18 Tous confinés !
2020 03 18 Tous confinés !

La journée s'avance ; Sylvie nous prépare un petit repas chaud que l'on prend dans un bol avec une cuillère pour éviter que sur un mouvement imprévu du bateau le précieux repas ne se retrouve au sol. Comme pour les personnes âgées les repas sont des moments très importants ; sensation rassurante s'il en est, petit confort pleinement  perçu au milieu de rien, 15 minutes d'occupation sur  un planning vierge.

Le point à la mi-journée 17.00 Nord 27.34 Ouest.

2020 03 18 Tous confinés !

Les stigmates de la nuit dernière, avec son sommeil haché, favorisent une petite sieste prise à chacun  son tour...

Aux changements de quart, rien à signaler, le vent est particulièrement constant, le bateau est très peu exigeant en attention. Il file sa route, nos calculs sont optimistes, nous traversons vite, nous avons une bonne sensation au fond.

Un petit gâteau à grignoter, une orange prélevée dans le filet encore bien garni, c'est 5 minutes d'un bonheur simple...

2020 03 18 Tous confinés !

Le déclin de ce jour 1 s'annonce, le soleil est droit devant, plein Ouest, doucement il s'approche de l'horizon. J'en profite pour mettre à portée de main les lampes frontales, pour faire un tour général sur le matériel extérieur du bateau, inspecter tout ce qui pourrait poser problème dans la nuit. Par précaution je réduis la grand-voile pour éviter de devoir aller en pied de mât en pleine nuit, car il n'est pas impossible que le vent se renforce un peu.

Ca y est, le compte à rebours est commencé, plus de soleil, très vite nous serons plongés dans l'obscurité totale, et après le repas du soir, livrés tour à tour à cette solitude nocturne et à la responsabilité de ce voilier qui fonce droit devant lui en aveugle.

Si on ne voit rien, c'est qu'il n'y a rien... C'est valable à 99 % car les gros cétacés n'ont pas de feu de navigation, les objets dérivants du style troncs d'arbres ou containers perdus des cargos non plus !

Pas de télé ce soir, pas de film sur le PC, pas de lumière superflue car l'énergie accumulée par les panneaux solaires suffit tout juste pour la consommation journalière du frigo et des appareils de navigation. Le pilote automatique est un glouton mais nous avons trop besoin de lui pour lui suggérer la diète...

Bonne nuit bon quart ! A demain !

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  • : Voyages au long cours... Voyages intérieurs ... Ou plutôt les deux ensemble ! A mon avis, il y a une sorte de parallèle entre nos cheminements terrestres (ou maritimes) et nos évolutions intérieures... Faut-il pour autant partir pour se trouver ?
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  • Michel
  • Je suis né dans un petit village du Nord de la France ; 1/2 siècle plus tard, je me réveillais tous les matins avec l'envie d'aller voir de l'autre côté de l'horizon...
J'ai rencontré Syl, et ensemble nous prenons le départ en 2014...
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entre l'aventure concrète d'un terrien qui appréhende la vie sur un bateau, ouvre les pages d'un grand voyage

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Nous sommes partis de Hendaye le Lundi 14 Juillet 2014

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