Ce soir, depuis le carré de Ciao, l’image me plaît…
C’est « Ferragudo », petit village de pêcheurs, près de Portimao…
C’est aussi notre premier pas sur le sol portugais.
La frontière entre l’Espagne et le Portugal est maintenant à une centaine de Kilomètres derrière nous.
Nous avons quitté le sol espagnol à Huelva, le 11 Juillet par un départ très matinal, un peu avant 4 heures dans le but de bénéficier de vents « pas trop défavorables ».
Il faut savoir que dans la région et à cette saison, le régime des vents semble assez constant en ce qui concerne leurs directions : le vent vient du secteur Nord entre 3 heures le matin et Midi, et il vient de l’Ouest ensuite en se renforçant par l’effet des brises thermiques.
Pour la simple raison que nous allons précisément vers l’Ouest, nous n’avons eu comme choix que de nous lever très tôt…
Sans que nous en soupçonnions le potentiel, cette assez longue navigation de 9 heures pour parcourir les 55 milles séparant Huelva (Espagne) de Faro (Portugal) a rejoint le sommet du « hit- parade » de nos navigations agitées. Le force 3 du départ, s’est à notre grande surprise rapidement transformé en force 6 bien établi ; Ciao s’est adapté, réduisant ses voiles au maximum, et il a vaillamment continué sa route contre les vagues, à bonne vitesse certes, mais aussi en alternant grands bonds et bruyants plongeons…
Du côté de l’équipage, ce départ romantique sous les étoiles en tenue décontractée s’est tout aussi rapidement transformé en lutte nocturne sous une pluie d’eau salée.
Chacun de nous a pris son lot de fraîcheur océanique, pour finalement se sentir trempé sous les vêtements imperméables passés juste un peu trop tard…
Après quelques heures à ce régime, comme pour nous rappeler (en plus humide) notre première navigation, nous avons ensuite bizarrement été livrés à ce qu’on appelle « une pétole » (absence de vent) et un nécessaire recours aux moteurs pour plus tard terminer le parcours vent de face.
C’est ainsi que notre effective première escale au Portugal s’est résumée en un mouillage juste à l’entrée de la baie de FARO.
Mais de FARO, nous n’en avons malheureusement rien vu, nous sommes restés à bord de Ciao. Nous étions « rincés » dans tous les sens du terme, incapables de trouver l’énergie de mettre l’annexe à l’eau…
La fin de journée s’est effilochée sous l’effet de quelques heures de sieste et de petites réparations ici et là comme après chaque navigation sportive.
Il est vrai que le moral de l’équipage avait perdu quelques points sous l’effet de la fatigue et du rythme soutenu que nous nous imposons, passant par la même occasion loin sous la moyenne, et recueillant une appréciation entre « médiocre et passable ».
L’avis du conseil de bord s’il y en avait un, aurait pu être : « aurait besoin de prendre son temps » ou peut-être « semble avoir perdu son sens dans la précipitation ! ».
Cette expression très scolaire m’appelle directement à ouvrir une parenthèse de pleine satisfaction en orientant nos pensées vers nos filles, restées studieusement et courageusement face à leurs copies d’examen pendant tout ce temps.
- Coup de chapeau à Hélène qui s’en sort brillamment avec une réussite avec mention « bien » au Bac pro, démontrant s’il en était besoin qu’elle est tout aussi à l’aise dans le domaine équestre, qu’un dauphin en méditerranée… Bien joué Hélène !
- Feu d’artifice d’applaudissements à Olivia qui s’est offerte la mention « très bien » dans la version « couture et habillement du spectacle » du Bac pro… Wow !
Un grand « Bravo les filles ! »
Sur Ciao, le lendemain 12 Juillet, nous avons réitéré un départ aux petites heures, animés par les mêmes motivations de stratégie éolienne, bien que le bilan à l’issue de la navigation de la vieille soit très mitigé.…
C’est à voile et à vapeur cette fois, que Ciao s’est acquitté de sa tâche, nous déposant délicatement juste avant la renverse de vent, en face de ce charmant village de Ferragudo.
Il y a des lieux qui parlent plus que d’autres. Je pense qu’ils répondent à nos sensibilités... Les lieux, sont vraisemblablement neutres, et pourtant celui-ci me semble porter une poésie, une âme, un charme…
C’est un village qui a conservé son authentique cachet. Les rues sont étroites, escarpées, les maisons sont blanches pour la plupart avec quelques ornements dans les tons pastels, quelques entrées se cachent sous des tonnelles de fleurs ; plus loin le matériel des pêcheurs est entassé sur le quai ; le point culminant de la colline est coiffé de l’église dont la cloche égrène les heures... Il ne manque donc rien.
Les images se glissent d’elles-mêmes à travers l’objectif de mon appareil photo…
Lors de notre découverte, comble de bonheur, au détour d’une ruelle une petite place se dévoile ; bien sûr elle réunit quelques terrasses.
Trouver sur la carte de l’un des petits restaurants un excellent menu du jour complet (de l’entrée au dessert avec les boissons et le café) pour moins de 10 Euros pourrait relever de l’hallucination.
Eh bien à Ferragudo c’est encore une réalité en juillet 2012 !
Le gens sont sympathiques et particulièrement accueillants. A la moindre demande de notre part, ils se mobilisent, se renseignent s’ils n’ont pas l’information, et reviennent vers nous pour nous être agréables. Nous constatons que la langue portugaise présente beaucoup de similitudes avec l’espagnol. Les écrits se déchiffrent assez facilement, alors que verbalement leurs dialogues et leur accent sont totalement incompréhensibles. Chacun connait quelques mots de français, complète en anglais ou par une gestuelle improvisée…
Les sourires et l’amabilité sont partout présents…
Alors comment ne pas craquer sous le charme et rester un jour de plus ? Nous n’avons pas trouvé la parade…
Et comme Syl partage également ce petit coup de cœur de l’endroit, nous resterons en fait deux jours ici, histoire d’attendre que le Cap Saint Vincent tout proche nous autorise à le franchir dans de bonnes conditions.
A Ferragudo, nous avons soldé nos dettes à l’oreiller, et retrouvé une bonne appréciation de notre voyage. C’est vrai que le terme « con-voyage » de bateau a faillit à un moment, prendre l’étiquette de son anagramme…
A nouveau les projets rejaillissent ; nous y reviendrons certainement ; ce pourrait être une bonne base pour se poser quelques mois d’un futur hiver, après une navigation tranquille entre Hendaye et ici, et repartir en méditerranée en début de saison d’été… Nous en reparlerons plus tard…
Nous sommes à la porte du Cap Saint Vincent, extrême pointe sud Ouest de l’Europe, capricieuse dentelle de terres et de roches battues par les vents. Nous prévoyons de le passer lundi 16 Juillet dans la matinée, lors d’un court créneau de calme prévu par les sites météo que nous consultons assidument.
Nous entreprendrons à partir de là notre lente remontée vers Lisbonne, puis Porto, sachant par avance qu’il nous faudra de la patience et de la tactique pour louvoyer contre les vents dominants à cette saison.
A bientôt sur le blog de Ciao !
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