22 Mai 2012 - Ciao pause en Roussillon…
Tout comme un papillon trouve une jolie fleur, un bateau en croisière se pose naturellement dans une petite crique, ou un petit port typique, coloré, chaud ; l’équipage à peine débarqué goûte alors l’ambiance des vacances, au gré d’un petit marché animé, ou d’une terrasse ombragée…
Quelques jours plus tard, le papillon déploie ses voiles et avance vers un autre nectar sucré, d’autres façades inondées de soleil, des petites places sous les palmiers et autres icônes exotiques synonymes de dépaysement, et du plaisir de voyager...
Ce serait alors l’été, la saison des jupettes, des « petits hauts » chers à ces dames, des shorts et tee-shirts…
La mer à peine ridée, serait d’un bleu turquoise, un petit air viendrait rafraîchir les sourires, agiter les boucles des brunes, et leur faire danser les paréos…
Une petite glace ? Un tour à la plage ?
Humm…
Normalement ce serait comme cela…
Mais il semblerait que 2012, (année, paraît-il, de bouleversements) ait décidé en ce début de saison, de placer la Côte d’Azur en Alsace, et l’Ecosse en Roussillon…
Voyons …
A l’issue de notre première navigation, nous avions trouvé abri à Port-Vendres et nous y sommes restés deux jours au quai des pêcheurs, sous un ciel maussade, gris, plombé.
Séjour aux allures britanniques, où jeans, pulls, et blousons sont restés de rigueur...
- Un temps de février ! Disaient les commerçants…
Bon ! Pas grave ! Nous avions besoin de récupérer, peu importe le temps qu’il a fait !
Ciao à Port-vendres
Le jour le plus favorable (ou le moins mauvais) pour quitter Port-Vendres étant à priori Dimanche 20 mai, Ciao a largué ses amarres à 06 h 30 le matin, l’équipage vaillant et reposé.
Ce jour-là, dès notre réveil, nous nous trouvions déjà sous une pluie nordique ; et c’est vêtus de tous les polaires disponibles, vêtements imperméables, bottes, veste de quart, que nous avons appareillé.
Sous l’effet des coups de vents au large, la méditerranée était houleuse et grise, donnant le triste reflet du ciel tourmenté…
L’orage grondait sur la montagne ; l’horizon était bouché, laissant le loisir à quelques éclairs de déchirer la sombre grisaille au large… Pas engageant…
Un seul papillon a été aperçu en mer, et il rentrait s’abriter précisément là, d’où nous sortions…
Subitement la radio du bord a émis un bulletin spécial un peu nébuleux, annonçant une dégradation générale dans le courant de journée, contredisant ce qui avait été annoncé la veille ; il est vrai que ces jours derniers, les prévisions météo se sont montrées très changeantes.
C’est dire que de toute évidence les ordinateurs de météo-France et d’ailleurs n’y comprennent pas grand-chose à ce début 2012…
A peine étions-nous en mer, que l’idée de poursuivre dans ces conditions ne me ravissait plus du tout ;
Sur la route du Sud, il y a le cap Creus à passer, et sa réputation n’est plus à faire.
Je sais par ma petite expérience que si le temps se gâte sous les orages, nous allons vivre des moments pour lesquels j’estime que nous ne sommes pas encore suffisamment préparés : notre connaissance du bateau est insuffisante, notre amarinage n’est peut-être pas encore achevé.
Ce principe que m’enseignait mon grand père : « dans le doute abstiens-toi », est-il encore valable ?
En ce qui me concerne, et lorsqu’il s’agit de partir en mer : « oui ».
Syl plus confiante aurait volontiers poursuivi, se référant peut-être à Publius Syrius, (esclave conduit à Rome puis affranchi) : « le courage croît en osant, la peur en hésitant »…
La responsabilité revenant de fait au capitaine, Ciao est entré dans le port de Banyuls après 2 heures de navigation…
En saluant les bouées rouge et verte de l’entrée, nous savons que nous serons certainement bloqués ici plusieurs jours…
A Banyuls aussi il pleut.
La baie est plutôt jolie, avec ses maisons à flans de coteaux, son petit port niché dans un recoin de la côte. Il n’y a pas de touristes. Nous apprendrons que nous sommes le seul bateau de passage.
Quelques instants nous réexaminons nos choix…
« Peut-être aurions-nous dû continuer ? »
« Mais jusqu’où ? »
La côte espagnole a également pris des airs de côte bretonne, toute la région méditerranéenne est sous le mauvais temps… Les îles Baléares sont hors d’atteinte pour le moment, les vents sont contraires…
De toute façon, pour l’heure, l’option est prise : Escale à Banyuls.
Alors vivons-la pleinement et faisons contre mauvaise fortune bon cœur…
Que nous manque-t-il ?
Nous avons chaud, nous sommes au sec, de quoi manger, en bonne santé…
La vie est belle !
C’est l’occasion de bouquiner, de recentrer les idées, d’écrire pour le blog… (et de dire à chacun des lecteurs : « merci pour vos petits mots laissés en commentaires sur nos précédents écrits… on a l’impression de vous emmener avec nous »)…
Ce sera aussi une escale technique pour régler un souci mineur mais particulièrement casse-pieds.
Nous devons trouver de quoi réparer le palan de grand-voile de Ciao qui a fréquemment lâché prise dans la première navigation ; au démontage, il montre des signes de faiblesse, il est fendu et menace de casser ; il va falloir le remplacer.
L’autre avantage (et pas des moindres) de l’escale au port dans ces conditions humides et fraîches, est de pouvoir brancher un chauffage électrique, pour sécher l’atmosphère, les vêtements, la literie qui absorbe l’humidité ambiante.
Et pour fêter çà nous ferons du pain, et une tarte aux pommes puisque le four est chaud !
Allez un petit coup d’œil sur internet :
Une amélioration s’annonce pour le Mercredi 23, si elle se confirme, notre papillon Ciao prendra un cap au Sud, direct vers Minorque (la plus petite des Baléares, la plus à l’Est aussi).
C’est une navigation « XXL » pour Ciao au stade où il en est. Minorque est à 155 milles de là où nous sommes, ce qui devrait nous occuper pendant environ 30 heures, donc tout le monde a compris qu’il y a une nuit incluse… Reste à souhaiter que le pilote automatique soit vaillant cette fois (n’est ce pas Mimi ?), et la mer clémente…
Quant au seau bleu oublions-le, peut-être nous oubliera-t-il aussi !
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