Carte de Noël
Ici, pas de rennes, pas de paysage enneigé ; bien qu’avec un peu d’imagination, la couleur de la neige soit représentée par le plumage des mouettes, et les quelques boules de mie de pain que je jette par-dessus bord… J’en ai compté 54 à tournoyer et à se poser autour du bateau lançant des cris stridents pour s’assurer cette prise, pourtant facile, en tentant d’éloigner les autres.
Un cormoran guette au loin, depuis la plage de « l’île aux oiseaux », il ne tente même pas sa chance. Trop indépendant peut-être, à moins qu’il n’apprécie pas que le bénéfice de la situation revienne à celui qui fait le plus de bruit… Plus certainement préfère-t-il un poisson frétillant qu’il ira se choisir lui-même un peu plus au large, comme il en a le secret… A chacun son sens…
Ici les guirlandes scintillantes flottent en larges filets dorés sur la surface de l’eau. C’est parce que le soleil est très présent en cet après-midi de mi-décembre. Le spectacle est éblouissant, aveuglant même. Mille reflets et bien davantage, diffusant toutes les teintes chaudes du jaune à l’orangé s’offrent à nous des heures durant… C’est d’une simplicité sublime, et il n’y a pas de foule pour s’en émerveiller, comme si la représentation se donnait en catimini.
Une douce chaleur m’imprègne le visage, jusqu’à filtrer doucement au plus profond.
C’est un instant privilégié d’en prendre conscience, les yeux fermés. Pas un bruit ; ou presque.
A bien y prêter attention je discerne quelques cliquetis de cordages sur les mats des bateaux voisins, un clapotis léger contre la coque qui oscille de quelques millimètres ; plus loin encore le léger ronronnement d’une barque de pêcheur qui passe, puis le bruit du moteur s’estompe pour laisser libre tout l’espace. Un moment qui pourrait durer une éternité…
C’est cette ambiance, essentiellement marine c’est vrai, empreinte au sens général d’une nature à première vue encore sereine, qui m’a soufflé l’impulsion de vous souhaiter de cette manière-là, de passer de belles fêtes de fin d’année…
Soyez donc remplis, si vous le pouvez, de cette même et paisible chaleur en vous-même ; puis comblés par la réalisation de tous vos vœux pour l’année qui arrive…
Le charme aurait pu brusquement s’interrompre par l’insoutenable déchirement sonore, le « boucan d’enfer » aurait dit un certain chanteur, qui accompagne le décollage d’un avion depuis la piste espagnole à quelques centaines de mètres de nous. Il semble frôler les mats, avant de se cabrer et de s’imposer aux lois de la gravité atomisant au dessus de nos têtes quelques milliers de litres de carburant. Quelques minutes de souffrance auditive, et avec elle l’illustration d’une réalité hurlante qui met en relief tous les contrastes en présence…
Je me force à avoir l’esprit sélectif, et ce que je grave vous l’aurez deviné, c’est bien sûr le silence qui a précédé, et les sensations qu’il a générées ; certainement aussi, mais d’une manière plus spontanée, la résolution du cormoran… ;-)
JOYEUX NOËL !