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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 21:24

20Juillet 2012 –  un récit de « Caps et de paix »…

 

Sous l’inspiration positive, nourrissante et paisible du village de Ferragudo, nous avons repris la mer le 15 Juillet tôt le matin, pour une courte navigation de 4 heures, afin de nous placer immédiatement avant le cap Saint Vincent.

Ciao a constitué son camp de base au mouillage de « l’Enseada de Sagres », pied d’appel idéal pour franchir ce petit sommet de la mer…

Deux autres bateaux nous ont rejoints dans la baie pour les mêmes objectifs.

 

SAGRESNous avons passé l’après-midi, abrités dans le carré, entre lectures, jeux de Yam, et philosophie de bord, comparant l’endroit aux côtes anglaises ; froid, venteux, avec pour tout décor des falaises abruptes et une plage très peu fréquentée (et pour cause l’eau était à 17 degrés).

Il est inutile de préciser par ailleurs, que la douche prise en fin de journée dans le cockpit a été particulièrement vivifiante et rapide !

 

Pendant ce temps, l’ancre bien accrochée sur un fond de sable, Ciao a patienté, faisant face à un vent de force 5 à 6 qui constitue la petite routine du lieu…

 

Le cap Saint Vincent est un des passages délicats de notre parcours, surtout dans le sens où nous l’abordons ; l’été, il est pratiquement toujours balayé de vents forts ou très forts venant du Nord ; la houle est accentuée par la présence des falaises, et la configuration des lieux.

Heureusement il a la renommée de s’assoupir un peu avant le lever du jour, et de laisser ainsi passer ceux qui comme nous, remontent les côtes du Portugal.

 

Quoi qu’il en soit, en matière de cap, il nous reste trois petites perles d’ici la fin de ce voyage.

Qu’il se nomme Saint Vincent (Extrême Sud-Ouest du Portugal), Espichel (au niveau de Lisbonne), ou Finisterre, (pointe nord ouest de l’Espagne) un cap n’est pas programmé de manière sûre ; ce serait trop simple… Au cap, c’est toujours un « peu plus » qu’ailleurs ; plus fort, plus instable, plus changeant, plus surprenant, plus imprévisible, plus, plus, plus…

 

Par exemple, Saint Vincent peut très bien avoir des insomnies, et oublier son calme du petit matin… c’est alors un assez mauvais plan d’essayer de le passer.

Il peut faire d’autres surprises, et dans ce cas c’est une aubaine, en prenant une exceptionnelle et entière journée de repos…

 

Nos dernières prévisions météo datent de 24 heures. Elles mettaient en évidence une perturbation un peu plus au sud, et il semblerait en effet, (sous toutes réserves) qu’une journée de calme nous soit offerte le 16 Juillet et peut-être même une partie du lendemain.

 

***

 

6 heures du matin le 16 Juillet, branle-bas de combat, tout le monde sur le pont ! Les bateaux voisins s’éclairent en même temps que le nôtre, les ancres remontent à quelques minutes d’intervalle.

La nuit cède un peu de place au ciel qui commence à rougir à l’est, et chuuuut… Saint Vincent dort comme un bébé…

 

Les trois bateaux naviguent de concert à quelques centaines de mètres de distance, sous le ronronnement discret des moteurs ; il n’y a pas un souffle de vent, et mis à part un reste de houle venu du grand large, la mer est calme.

Au pied des grandes falaises, quelques canots sans aucun éclairage, déchirent les flots ; seul un léger sillage blanc trahit leur présence… Pratique locale de pêcheurs discrets ou économes en énergie, inconscience basique, ou autre traficotage ? Nous en resterons sur l’étonnement et la question…

A moins que ce ne soient les anesthésistes de Saint Vincent…ST VINCENT

 

A pas de loup (de mer bien sûr) nous passons sous les moustaches de São Vicente en douceur et en sérénité… D’autres voiliers nous emboitent le sillage ; ils viennent vraisemblablement d’un autre mouillage situé juste avant le nôtre, Enseada de Baleeira.

 

Sur Ciao, nous  visons « Arrifana » le premier mouillage qu’il soit possible d’envisager, c’est une petite baie située à 22 milles plus au Nord ; nous estimons que d’avoir passé le cap est déjà une étape suffisante en elle-même.

 

Les autres bateaux s’écartent doucement de Ciao ; ils font une route plus au large pointant vraisemblablement Lisbonne, distante d’une bonne centaine de milles (24 heures de navigation environ). Inenvisageable ! Quel courage ! Ciao vous dit « Ciao ! »

 

A midi, nous sommes les seuls à prendre place au mouillage de Arrifana… Et nous nous trouvons plusieurs bonnes raisons pour ne pas pointer Lisbonne comme les autres. (c’est fou de ce que l’humain arrive à se justifier lui-même de ses choix parfois peu rationnels…)

 

-          D’abord une pose est nécessaire pour consolider le chariot d’écoute de grand voile, qui à mon avis pourrait se dégrader en cas de conditions musclées. Ca c’est vrai ! C’est une pièce maitresse, qui supporte les efforts énormes transmis par la voile principale du bateau. Je suis donc intervenu en façonnant un petit morceau en aluminium, et en l’intercalant au point où les efforts sont les plus importants. Cette adaptation est peut-être superflue, mais je préfère ménager le matériel que d'avoir à envisager le remplacement complet du chariot d’écoute…

 

-          Il n’y a pratiquement pas de vent, et le peu que l’on ressent serait face à notre direction. Cà c’est un peu vrai aussi…

 

-          Il ne nous reste pas assez de carburant pour naviguer dans ces conditions au moteur durant 24 heures. Pour cet argument, ca dépend comment on fait le calcul. Les arrondis, et les estimations parlent dans le sens où on veut bien les regarder…  

 

-          Nous avons besoin de nous reposer de nos précédentes courtes nuits. Incontestable !

 

 

Dans un petit coin de la tête, nous savons aussi qu’il serait raisonnable de profiter du calme pour gagner un maximum sur la distance qu’il nous reste à parcourir d’ici le 15 Aout. Argument écarté par réflexe, pour l’instant.

 

Ce « cruel dilemme » ne perturbera nullement la bonne et intense (voire violente) sieste que nous entreprendrons avant toute chose…

 

Une fois le sommeil en retard récupéré, la petite pièce en aluminium confectionnée, (avec une copie d’avance), nous constatons que le temps est toujours aussi calme… Et bien sûr le questionnement réapparait.  Il est déjà 17 heures…

 

-          Qu’est ce qu’on fait ?

 

Sur un sursaut d’énergie et de lucidité, le capitaine de Ciao vote pour un départ ; le second du bord souffle à la simple évocation de l’idée, mais accepte d’ouvrir le dialogue. 

Un long débat constructif s’engage pendant que sournoisement de nombreuses minutes disparaissent de notre espace temps…

Que le temps passe vite en discussions !

 

Vers 19 heures, toutes hypothèses confrontées, l’équipage s’est rejoint dans le choix unanime du départ, le bateau est à nouveau préparé ; Ciao, certes un peu moins courageux que ses frères, qui sont déjà très loin derrière la ligne d’horizon, se résout alors à pointer lui aussi ses étraves vers Lisbonne…

 

En mer, nous refaisons plusieurs fois les calculs pour le carburant. Nous marquons soigneusement les niveaux sur les réservoirs, les heures pour contrôler l’évolution, et nous maintenons les moteurs en régime modéré.

Des dauphins nous saluent avant le coucher du soleil. Les choses se présentent bien.

 

La houle du large est néanmoins encore bien présente ; elle nous gêne, ralentit le bateau, et nous brasse allègrement, les déplacements à bord sont difficiles ; nous portons les harnais et nous sommes attachés. Les moteurs se relaient toutes les 2 heures. Les voiles sont flasques, indécises, exigeantes en réglages inutiles…

Petit à petit, manœuvre après manœuvre, dans la nuit les motivations s’inversent. Je ne me sens pas bien, le mal de mer me gagne ; les forces diminuent, la dynamique somnole, puis s’endort.

Je transmets mon malaise à Syl, qui au contraire se sent en forme.

J’ai envie d’écourter, de rentrer au port de Sinès sur tribord, et dont nous apercevons les lumières à 2 ou 3 heures de navigation.

Syl m’en dissuade, communique son énergie ; elle propose de prendre de larges quarts de veille me laissant davantage de moments de récupération. Ok nous continuons.

C’est là toute la force d’un équipage en harmonie, et c’est vraiment bon à ressentir.

 

Par moments, le vent a faiblement aidé notre progression, allégeant par la même occasion la consommation des moteurs toujours nécessaires à la propulsion.

 

Au petit matin, le capitaine remis à niveau reprend du service, alors qu’à son tour le second accusant une fatigue justifiée et bien compréhensible, fréquente plus assidument la couchette.

 

C’est souvent comme çà sur Ciao, nous nous épaulons, nous fonctionnons régulièrement selon le principe des vases communicants,  devant l’élément « mer » qui nous voit tour à tour parfois vaillants parfois éteints…

 

Par contre à l’escale, nous avons constaté que nous sommes toujours en phase, et à l’affût d’un bon plan, d’un menu du jour quelque part à l’ombre, pour un rapport qualité/prix optimal…

 

Dans un moment de conscience supérieur, je me suis entendu déclarer que je nous trouvais davantage « escalateurs » (nouveau mot à proposer à l’académie française) que « navigateurs »… Disons … « Voyageurs » en tous cas…

 

Après 20 heures de navigation, et avec 10 litres de carburant au fond des nourrices, nous faisons relâche à Cascais, petite ville aux portes de Lisbonne. Nous prévoyons de rester plusieurs jours ici.

 

CASCAISDès l’arrivée, au mouillage le vent s’établit à force 6 puis 7. Quelques rafales à 35 nœuds ; c’est fort ! Il y a peu de bateaux autour de Ciao. L’ancre tient bon, nous nous sentons en sécurité à bord, mais consignés car dans ce cas les débarquements en annexe sont équivalents à 10 minutes d’arrosage copieux.

Nous l’avons testé, en rentrant d’une cession avitaillement, et aucun de nos vêtements ou sous-vêtements n’avait plus une fibre de sec ; sauter directement à l’eau aurait produit exactement le même effet… Bon avec 35 ° sous le soleil, c’est un souvenir amusant !

 

Nous projetons dans les prochains jours de rejoindre Lisbonne par une navette ferroviaire, et d’y consacrer une journée de visite…

 

Nous reprendrons la mer aux prochains calmes relatifs annoncés, vers le 22 ou 23 Juillet, avec à l’idée de refaire un grand bond de 30 à 36 heures, directement vers Porto.

 

Allez courage Ciao !

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

J
<br /> Bien le bonjour,<br /> <br /> <br /> J'avais commencé à vous lire fin juin et me voilà revenu de vacances et je constate que vous avez bien avancé vers votre destination final. Je tiens à vous témoigner ma sympathie pour la<br /> navigation que vous avez réalisée. Voilà 20 ans, j'ai navigué également sur le même type de cata foutaine-pagot. J'ai adoré ce bateau pour son sens marin et sa facilité aux manoeuvres des voiles.<br /> Coté moteur, ce n'était pas top car nous disposions d'un HB 30CV en position centrale. Les manoeuvres au port au dela de force 5 n'étaient pas évidentes. Je constate que vous avez deux moteurs et<br /> je suppose que le voilier est plus facilement manoeuvrable?<br /> <br /> <br /> Néanmoins, je me régale à vous lire et j'espère pouvoir dans un avenir proche à nouveau participer à vos navigations. Bonne continuation et surtout Bon vent,<br /> <br /> <br /> Jean-Louis<br />
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M
<br /> <br /> Bonjour et merci...<br /> <br /> <br /> Pour répondre à votre question, le bateau est très maneouvrant avec ses deux moteurs. L'un en avant et l'autre en arrière, et c'est le demi-tour sur place... La double motorisation me semble<br /> indispensable... En dehors des manoeuvres de port, en l'absence de vent favorable, nous n'utilisons qu'un  moteur à la fois, en alternance.<br /> <br /> <br /> Sous voiles, nous relevons les deux, pour réduire la traînée, et favoriser la vitesse...<br /> <br /> <br /> N'hésitez pas à communiquer par message (renvoyés sur ma boite Mail)...<br /> <br /> <br /> Bien cordialement<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> oh ! mais c'est génial  vous vous en sortez super bien  je suis toute admirative et en même temps je sens bien que ce ne sera pas le seul voyage .... il y en aura d'autres et beaucoup<br /> plus loin ....  ouais je vois ca se profiler à l'horizon .... ya des ziles dans l'air et dans l'eau !!!!  bon, d'accord d'accord  ..... !   allez profitez bien des<br /> portugaiches que moi aussi j'aime beaucoup !!!! plein de bisous  bon vent   lamie Mi<br />
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M
<br /> Ah quel plaisir de vous lire. On voit sans doute les villes et villages différemment quand on les aborde par la mer. En tout cas les photos sont belles!<br /> <br /> <br /> Profitez bien! <br /> <br /> <br />  <br />
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  • Michel
  • Je suis né dans un petit village du Nord de la France ; 1/2 siècle plus tard, je me réveillais tous les matins avec l'envie d'aller voir de l'autre côté de l'horizon...
J'ai rencontré Syl, et ensemble nous prenons le départ en 2014...
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