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21 juillet 2018 6 21 /07 /juillet /2018 13:49

La fin du voyage ? La fin du rêve ? La fin du blog ?

Et si c'était tout le contraire ?

 

 

Voyages au long cours... Voyages intérieurs ... Ou plutôt les deux ensemble ! A mon avis, il y a une sorte de parallèle entre nos cheminements terrestres (ou maritimes) et nos évolutions intérieures... Faut-il pour autant partir pour se trouver ?

 

 

Ce questionnement qui en dit peu mais suggère à l'infini, est inscrit de manière permanente dans le "feeling" du blog. Même si jusque-là je l'ai peu évoqué, c'est avec lui que nous sommes partis, il nous a accompagnés en filigrane durant tout le voyage, dans les moments heureux, dans les moments de doute, dans les périodes plus tendues. Il est rentré avec nous, il est même plus que jamais d'actualité, laissant  peut-être enfin filtrer quelques bribes de réponse.

 

En réalité c'est un autre voyage qui démarre, une sorte de nouvelle ère.

C'est une nouvelle phase de découvertes et d'évolution et c'est peut-être l'orientation que prendront mes prochaines écritures.

 

En attendant il manque un épisode, et quelques uns, parmi les lecteurs du blog, ont perdu le fil.

Prenons le temps de revenir sur :

 

Agur (prononcer Agour) le retour ! Et en prime, ça rime !

 

 

Comme chacun l'a compris Agur, notre bateau, est resté en Martinique. Il a trouvé acquéreur, et il participe maintenant à une autre histoire, un autre rêve fort et bien ancré qui s'annonce lui aussi rempli de richesse.

 

Lorsque nous avons débarqué nos valises le 04 Avril 2018, en présence de Jean-Michel, le nouveau propriétaire de Agur venu spécialement de métropole pour en prendre possession, il serait tentant d'imaginer un départ poignant, chargé émotionnellement ; des adieux dignes de ce nom, l'expression d'une gratitude envers ce "bon bateau", et plein d'autres choses de ce style...  Mais ça ne s'est pas du tout passé comme ça.

Y avait-il un malin petit génie, de surcroît bienveillant, qui ce serait arrangé pour nous occuper ailleurs, et nous épargner cette décharge affective ? Peut-on soupçonner Agur lui-même d'avoir souhaité une digne séparation ? La réponse est celle que l'on veut, le constat est que ce fut littéralement une journée "de course" contre la montre. La première depuis bien longtemps...

 

Dès le matin, quelque chose a pris en main l'emploi du temps et ne l'a plus lâché, jusqu'à exciter le transporteur qui devait venir prendre en charge notre fret aérien (47 cartons pour un poids de 420 Kilos) l'après-midi ! Le bougre s'est annoncé à 10 heures, nous obligeant à chercher à toute hâte des chariots de transport, et de débarquer illico presto tous nos colis en suant comme des bêtes de somme.

Jean-Michel que nous connaissions à peine, arrivé au même moment, s'est trouvé réquisitionné d'office. Bienvenue à bord !

2018 07 22 - AGUR le retour
2018 07 22 - AGUR le retour

Il y avait déjà beaucoup de démarches à effectuer d'un point de vue administratif et logistique, il y avait aussi à initier le nouveau capitaine à toutes les particularités du bateau, et même s'il comprend plutôt rapidement, il n'y avait pas de temps à perdre.

 

Et pourtant lors de l'amarrage final du bateau à sa place de ponton, profitant bien sûr d'une confusion de communication entre l'équipage et une employée du port, une amarre sournoise s'est glissée à l'eau. Aussitôt happée par l'hélice tribord, le résultat ne s'est pas fait attendre : moteur bloqué.  Ce n'est jamais le bon moment pour ce genre de blague. En 4 ans ça ne nous est jamais arrivé. Nous avions déjà eu des démêlés avec un casier de pêcheur (classique), une autre fois avec une pendille dans un port espagnol, mais une de nos propres amarres jamais ! Et là, quelques heures avant de rejoindre l'aéroport avec encore pas mal de choses à gérer, ce n'était pas le moment le mieux choisi pour innover !

 

La veille j'avais pris, rempli de conscience, ce que je croyais être mon dernier bain dans une eau turquoise et cristalline, histoire d'imprimer une bonne image d'avant départ...

 

Raté ! ce nouveau bain forcé à mi-chemin entre un recoin de port et un fond de mangrove s'annonçait  bien glauque, et il s'est révélé à la hauteur des prévisions ! Visibilité 10 centimètres, couleur verdâtre généralisée, et parfum genre boisé !

Il a fallu trois quarts d'heure, à deux, tour à tour en apnée, pour décoincer cette satanée amarre vicieuse sans la déchiqueter. Soulagement et satisfaction.

 

Soigneuse douche désodorisante à suivre, rangement et ... essai moteur !

 

Devinez ?

Non c'est impossible !

 

Eh bien si ! Pourtant tout avait été bien nettoyé et rangé, la douche, les masques, les maillots, la plage arrière rincée, mais un détail avait été oublié. Juste un détail !

 

Au démarrage du moteur tout s'est bien passé, rien à signaler mais à la mise en marche avant pour vérifier l'inverseur, l'amarre, la même, celle qui nous avait fait galérer trois quart d'heures, était encore dans l'eau ! Et Bloum ! Bruit sourd, silence, moteur bloqué.

Pendant quelques secondes j'ai cru à une blague de l'espace-temps ; un retour arrière par un saut quantique ou quelque chose comme ça. En fait non c'était juste un empilage de "connerie" ; l'une sur l'autre ! du jamais - jamais vu !

 

Deuxième cession, même cause même effets, et trois quarts d'heure plus tard, tout était clair, sauf le timing ! Nous étions maintenant vraiment dans le rouge !

 

Nous avons quitté Agur en courant, comme on dirait à un bon pote qui bien sûr comprendrait : "bon on y va parce qu'on va louper l'avion... Allez à plus !"

 

C'est donc de cette manière légère que nous avons clôturé ce grand chapitre, commencé en 2013.

 

Cette fin a certainement été favorisée par l'une des caractéristiques de notre voyage ; en choisissant de le mener avec la priorité de disposer de beaucoup de temps ,nous avons pu nous rendre compte combien les jours s'égrènent doucement. Le rythme de vie est calé sur le cycle du soleil, les décisions se prennent en fonction du vent et des conditions naturelles lorsqu'elles sont réunies.

Il y a tant de temps, que l'on est intensément plongé dans le présent. La conscience de ce que l'on vit est grande, alors elle ne laisse aucune place aux graines de regret ou de nostalgie.

 

Lorsque c'est fini, c'est juste le moment pour que ce soit fini... Pas de lourdeur, pas de peine.

 

 

 

Ceci devrait éclairer et répondre aux nombreuses personnes qui spontanément nous ont dit : "oh lala ça n'a pas été trop dur le retour ? " ou "ça a dû vous faire quelque chose de quitter le bateau...".

Pour certains, il est difficile de comprendre et d'associer ces deux pôles : oui c'était un beau voyage, oui nous sommes heureux de l'avoir vécu, et oui nous sommes heureux de le voir se terminer, parce qu'il est rempli, parce qu'il est plein de toute sa gamme.

 

Un œil attentif verra peut-être dans cette dernière épreuve initiatique sur Agur, un double dénouement (d'amarres), une manière de travailler le "détachement", ou encore que nul ne sait jamais quand il prend son dernier bain! Et quand bien même on pense que cette fois c'est vraiment le dernier, il peut y en avoir encore un après... J'en souris encore...

 

 

L'atterrissage s'est fait en douceur, avec une météo clémente, ce qui n'a pas empêché que des achats rapides de chaussettes, pulls, pantalons, et chaussures se sont révélés nécessaires. Ce devait être comique de nous voir hanter les galeries marchandes, chargés de sacs (en papier - nouvelle écologie oblige) en quête de nos déguisements terriens !

 

Puis se fut au tour du changement de téléphone, et de l'adaptation des forfaits téléphoniques et d'accès internet. Pas simple de s'y retrouver...

 

48 heures après notre arrivée, nous nous sommes mis à la recherche d'un camping-car, qui serait pour quelques semaines notre véhicule et notre toit. Démarches auprès de concessionnaires, un autre univers avec ses propres codes...

 

Autre rythme, autre monde que celui de la société terrienne !

 

Notre retour à terre a été ponctué d'étonnements, après presque cinq ans d'éclipse.

Nous avons constaté que beaucoup d'actions ont été "déshumanisées", et par la même occasion elles ont pris un degré de complication à nos yeux, et perdu deux ou trois degrés d'efficacité !

 

A l'aéroport d'arrivée, c'est un automate qui fait la vérification en douane, fini le coup d'œil rapide, au raz de la casquette, du préposé des douanes et du policier.

La porte du sas ne s'ouvre pas, croix en rouge sur l'écran et il faut refaire le contrôle, plus doucement, en appuyant mieux son doigt sur l'écran qui lit l'empreinte, en posant mieux le passeport pour qu'il soit scanné ... C'est une machine, c'est arbitraire, cartésien, aucun lien de sympathie, encore moins d'empathie ; rien ne peut s'établir entre elle et nous, . C'est 0 ou c'est 1. Chacun est suspect à 50 % ...

On rentre dans les critères, les cases sont cochées en vert, la porte s'ouvre, tant mieux, tout est conforme, mais il y a une sensation glaciale en arrière plan.

 

Au fast-food, c'est un automate qui prend la commande, mais apparemment c'est encore une demoiselle qui la livre. Encore 5 ans et ce sera un robot, à moins que déjà...

 

Plus de service de cartes grises pour immatriculer notre camping-car ; "débrouille-toi comme tu peux avec un site internet qui ne fonctionne pas". "Cherche à comprendre par toi-même, et malheur à toi si tu ne peux pas de connecter à internet". Il n'y a personne pour informer, les numéros de téléphone sont automatiques ; "taper 1 - taper 2" et en final il envoient sur une adresse internet, sur laquelle bien sûr c'est un avatar "Claude" ou "Claire" qui répond bêtement à l'infini "je n'ai pas compris votre question, veuillez renouveler".

 

Chez Orange, quand internet ne fonctionne pas, et que l'on téléphone pour dépanner, une voix automatique "dites oui, dites non" demande en final pour résoudre le problème, de se connecter sur l'espace client par internet ... Pratique !

 

La liste pourrait facilement s'allonger. Toutes ces évolutions se sont faites graduellement et chacun ici semble les avoir acceptées. Y avait-il le choix ? Notre société avance à grands pas, il suffit de s'en écarter juste un peu pour le mesurer.

 

Pour contrebalancer, ces impressions plutôt désagréables nous avons trouvé une douce et presque impudique abondance dans les rayons de supermarché ; un choix démesuré de plats préparés, de sauces toutes faites, des quantités de nouveaux produits, une diversité qui feraient frissonner les habitants des petites îles où il n'y a même pas l'eau au robinet.

Ces grandes surfaces commerciales existaient bien sûr il y a cinq ans, mais la quantité de nouveaux produits est surprenante.

Sur ce plan néanmoins, notre réadaptation s'est très vite faite.

 

 

Puis nous sommes retrouvés sur les routes de France avec notre camping-car, avec pour objectif premier de visiter la famille. Nous sommes passés d'abord dans le Nord, puis dans le Loir et Cher, les Charentes maritimes, la région de Bordeaux, le pays Basque, Toulouse...

Parents, enfants, petits enfants, frères et sœurs... Quel plaisir de se sentir plus proches, et en mesure de se revoir plus régulièrement ...

2018 07 22 - AGUR le retour

Et il avait aussi une activité professionnelle à réactiver dans le panier d'arrivée.

Aussi surprenant que cela puisse paraître rien n'était prévu en ce sens ; l'idée à germé en Martinique, au moment de la mise en vente du bateau. Il a suffi d'un seul courriel, pour renouer avec une équipe sympathique déjà fréquentée il y a dix ans.

 

Ma casquette de capitaine envolée dans les alizés, me voici avec une autre : "Agent-co" ; agent commercial, dans le domaine de l'immobilier spécifique qui est celui de l'hôtellerie et l'hôtellerie de plein air. Je vends des campings, des hôtels, et le secteur géographique qui m'a été attribué se concentre essentiellement en région Rhône Alpes.

Syl a troqué ses galons de second à bord d'Agur, pour un rôle d'assistante commerciale qui lui sied comme un gant.

 

C'est la nouvelle "Team Rhône Alpes" , qui par la force des choses, ne fait rien comme tout le monde.

Déjà nous sommes deux, nous nous déplaçons en camping-car, et du fait nous sommes en rupture totale avec l'image du commercial stéréotypé dans sa jolie voiture haut de gamme qui prend ses nuits en hôtel 3 étoiles et rentre à la maison le week end...

Et il se trouve que les clients aiment bien; ils trouvent l'idée sympathique, et d'une efficacité remarquable. Les dossiers sont mis à jour et transmis par internet en temps réel depuis ce bureau mobile. C'est très réactif.

Sur fin mai et début juin, en 5 semaines toniques, nous avons abattu plus de 3 mois de travail d'une prospection commerciale classique. Alors cette première utilisation "provisoire" du camping-car risque bien de se trouver validée pour la suite...

 

Le secteur de prospection attribué nous a amenés à choisir la Drôme provençale, et Nyons comme nouveau port d'attache. Nyons, cette petite ville touristique de 6000 habitants regorge d'animations et d'activités, le climat est serein, abrité du mistral et très ensoleillé.

 

Oliviers, lavandes, vignes, constituent la campagne environnante sonorisée par le chant des cigales.

C'est d'un charme différent de celui d'un lagon bleu clair bordé de cocotiers, mais la sensation est bonne au sein de cette nature, et la population accueillante !

2018 07 22 - AGUR le retour
2018 07 22 - AGUR le retour
2018 07 22 - AGUR le retour
2018 07 22 - AGUR le retour

A Nyons, nous avons trouvé un appartement dans un quartier calme, proche du centre ville, où tout est accessible à pied à moins de 300 mètres ; extra !

Là, nous avons entrepris l'opération inverse de celle qui a été menée avant le départ : se rééquiper en mobilier, ustensiles du quotidien, objets de décoration... Nous avançons à petits pas, jaugeant à chaque achat son utilité, sa correspondance avec nos goûts réels, l'influence des effets de mode, le sens des choix que nous faisons.

 

 

Un autre voyage  ! je le disais en début d'article, qui a pour ambition de nous faire redécouvrir la vie terrienne d'une nouvelle manière.

 

Professionnellement, nous entrons dans une dynamique qui se joue des clichés, qui compose, qui s'adapte aux circonstances, et aux réalités.

En fait, nous n'avons pas la sensation de vendre des fonds de commerce, nous aidons des gens, qu'ils soient vendeurs ou acheteurs, à réaliser leur objectif, à finaliser leur rêve, leur projet. Nous recherchons les adéquations, c'est passionnant. Nous créons de nouvelles relations, nous visitons les régions de France, c'est presque ludique.

 

 

Il y a une première réponse, essentielle, que le voyage sur Agur a apportée. Il a répondu à cette très forte aspiration que j'avais, de vivre une totale liberté de temps et d'espace. Aller ou bon me semble, sans limite de temps ; le luxe ultime dans l'esprit de quelqu'un (comme dans celui de beaucoup d'entre-nous) qui a eu peu de temps libre, trop longtemps accaparé dans une activité professionnelle, des responsabilités familiales...

Cette liberté, il fallait que je la vive, que je la touche du doigt, pour la comprendre, pour la cerner.

 

Au fil des mois, après avoir pleinement ressenti cette abondance de temps libre, petit à petit l'expérience s'est mise à me murmurer une réponse sous forme de questionnement : "Et maintenant ?"

 

 

Surprenante au début, cette question s'est mutée en évidence.

 

Oui, sur le bateau, face au plus beau des lagons depuis huit, dix jours ou davantage, je me suis surpris à prendre la mesure de tout ce potentiel de vie non utilisé ; de tout ce temps consacré à découvrir que le temps libre est justement là pour accueillir autre chose...

 

Et maintenant ?

 

Voilà qui me laisse matière à réflexion et à inspiration pour de prochaines écritures...

Heureusement j'ai pris quelques notes pendant le voyage !

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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 02:40

Trois mots, il n'en fallait pas davantage pour qu'à bord d'Agur une escouade de cartons d'emballages investisse les lieux, monopolise l'espace et l'attention, et fasse disparaître une à une les quelques rares possessions qui nous accompagnaient depuis le début du voyage.

 

Ca y est le coup d'envoi est donné.

2018 04 02 - "Je le prends !"

Un rêve mijotait en France, et Agur lui a fait signe d'une œillade complice et séduisante, de celle à déclencher les coups de foudre...

 

Nous le connaissons "Agur le charmeur", il nous a fait le coup il y a presque cinq ans maintenant, et de la même manière qu'il nous avait conquis, il s'est arrangé pour se loger dans l'esprit de Jean-Michel jusqu'à lui faire prononcer le sésame : "Je le prends".

Jean-Michel n'était pas encore tout à fait prêt à franchir le pas, pas plus que nous ne l'étions nous-mêmes cinq ans en arrière ... Idéalement il lui manquait quelques mois, le temps de régler les affaires terrestres,  les histoires de déménagement, de vente de maison, etc...

Agur sait reconnaître  ses partenaires, et les motiver à passer à l'action.

 

Chaque voilier est l'instrument du rêve de quelqu'un...

De part sa conception, sa ligne, son design, son allure, ce qu'il dégage, son état, il parle différemment à chacun. Il cadre avec un budget, un programme. Et c'est ainsi que, subitement, passe devant nos yeux le bateau qui correspond tout à fait à ce que l'on conceptualise depuis longtemps, sans concrètement le rechercher encore.

A partir de là et ce n'est plus l'homme qui décide, c'est le bateau ; et l'homme s'arrange pour faire suivre le plan matériel, quitte à concevoir des plans alambiqués ; qu'importe ...

Ces moments sont intenses car ils font que les décisions devancent la réflexion, et l'adrénaline est forcément au rendez-vous.

 

Bravo Jean-Michel, pour avoir osé suivre ce fil, et bienvenue sur Agur.

 

De notre côté nous allons transmettre avec conscience et sérénité cette mystérieuse "entité" qu'est notre bateau.

 

Nous savons bien que c'est un objet, un assemblage matériel, mais le fait d'y avoir passé presque cinq années, 24 heures sur 24, d'y avoir vécu toute la gamme des émotions, depuis des moments d'émerveillement presque irréels, jusqu'à des tensions liées aux éléments ou aux circonstances de ce vécu, en font qu'il s'élève au delà de son rang "de chose".

Il a pris de la place dans notre vie, il a été parfois un interlocuteur, un complice, un intermédiaire, une bulle protectrice, mais dans tous les cas un vecteur de découverte...

 

Je ne parle pas nécessairement de la découverte des lieux visités, elles est évidente, mais davantage de la découverte de ce que nous sommes profondément, et qui ne peut apparaître que si l'on s'extrait de sa zone de confort.

Tenter de l'exprimer en trois phrases serait en gâcher l'essence, il me faudra beaucoup de recul et du temps pour y parvenir.  Ceci fait partie des nouveaux projets...

 

Beaucoup partent pour un "tour de quelque chose" : le tour de l'atlantique, le tour de l'Amérique du Sud, le tour du monde, et certains même en font plusieurs...

Nous étions partis sans figer quoique ce soit, juste pour faire un tour "dans" le monde... A vrai dire dans notre propre monde !

 

Allez, je reviendrai ici poser quelques lignes après notre réinsertion dans la vie terrestre. L'atterrissage est imminent et il risque d'être mouvementé, car il va falloir retrouver un à un tous les repères, un habitat, du mobilier, un mode de vie, et s'adapter à tout ce qui a changé depuis 5 ans...

 

Le voyage en mer s'achève, mais l'aventure n'est pas terminée...

2018 04 02 - "Je le prends !"
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28 février 2018 3 28 /02 /février /2018 00:06

Un matin comme tous les autres, ou presque...

Le soleil, encore sous la couverture de l'horizon, incendie le ciel. Les contrastes sont forts, les oranges jouent la provocation devant des bleus très pâles ; ce jour commence dans une lumière qui interpelle. J'hésite à sortir mon appareil photo, j'ai déjà tellement d'images...

Ce matin n'est pourtant pas comme tous les autres...

Je ne le sais pas encore, mais là-bas, en France, à Bordeaux, un petit être est né.

Sur place elle commence déjà à chavirer les cœurs ; Elodie et Guillaume, ses parents, sont aux anges. Cette onde de bonheur, telle un tsunami de tendresse et d'amour se propage vers nous.

Une photo bien particulière envahit l'écran du téléphone avec pour commentaire :

" La petite Hélia vient de voir le jour !!!! "

Blottie contre sa maman elle semble nous regarder calme, paisible, et déjà tellement présente.

Syl plonge dans ce petit regard nouveau, et gravit par la même occasion un échelon générationnel. C'est la première fois...

Inutile de préciser qu'une onde d'amour est partie dans l'autre sens, une de celle qui brave les distances en gardant toute son intensité...

J'aime à penser qu'elle nous précède de peu.

En attendant, nos regards et nos cœurs sont tournés vers l'Est, vers là où se lève le soleil.

Nous avons appris que "Hélia" dans sa racine grecque "Helê", signifie "éclat de soleil"...

 

Encore félicitations aux parents !

 

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12 février 2018 1 12 /02 /février /2018 20:06

Dans le dernier article, je titrais « pas si vite ! », parce qu’en effet tout semblait aller un peu trop vite....

Mais, là en ce début Février, je reprendrais volontiers la télécommande pour appuyer sur « GO »…

L’esprit commute très vite, alors que de leur côté, les éléments matériels mettent un peu plus de temps à suivre ; c’est normal, mais au bout d’un moment çà pourrait devenir agaçant.

 

Depuis mes dernières écritures, nous avons eu le temps de préparer les grandes lignes de notre retour. Nous sommes prêts, les quelques affaires personnelles qui nous accompagnent sont triées, rangées, et prêtes à être expédiées outre atlantique ; nous attendons la vente d’Agur, c’est elle qui donnera le top.

 

Nous avons eu quelques visites sur le bateau, les retours sont unanimes, Agur plait, il est impeccable.

Nous n’en doutions pas, mais recevoir des avis extérieurs est précieux.

 Bien conçu, bien entretenu, il ferait l’affaire. Mais pour l’un, le projet de voyage n’est pas ficelé, pour l’autre il est trop lointain, pour un troisième son budget ne correspond pas ; ce sont les aléas classiques d’une transaction.

Les futurs propriétaires d’Agur sont forcément là quelque part, certainement en France métropolitaine, sous la neige et dans le froid, et à priori peu d’entre eux sont enclins à faire le voyage vers nos latitudes…

Nous aimerions leur souffler à l’oreille que nous sommes ancrés dans la baie de Sainte Anne (Martinique), par 28 degrés, caressés par les alizés, et qu’une semaine ici pour flâner et visiter notre bateau leur ferait grand bien.

En plus de l’apport de vitamines D, c’est la saison du carnaval alors…

 

2018 02 10 – Du pays du soleil et des Alizés !
2018 02 10 – Du pays du soleil et des Alizés !
2018 02 10 – Du pays du soleil et des Alizés !

Pour nous, ce temps d’attente a cependant son utilité, il nous permet de revisiter nos projets de vie à terre. 

Dans ce domaine, le paysage se transforme, il se remodèle.

C’est ainsi qu’avec les premiers jours de l’année, l’idée est apparue de renouer avec une activité professionnelle (si si ! vous avez bien lu : il est question de Tra-vail !

 

Nous avons pris conscience que poursuivre le voyage sur les routes de France et d’Europe en camping-car comportait un certain nombre de contraintes financières plus élevées que sur notre bateau, car non seulement on ne se déplace pas avec l’énergie du vent, mais de plus on ne jette pas l’ancre face à une plage abritée…

En Camping-car, s’il faut trouver un emplacement où passer la nuit avec un minimum de confort, il est payant. A longueur d’année, le concept s’asphyxierait à moins de lui trouver de l’oxygène.

  • Remède : renforcer la caisse de bord.
  • Effet secondaire positif : redonner un sens actif à la future période de vie.

 

Pourquoi pas ?

 

Cette petite question, à peine posée a vite trouvé son écho.

Quelques surfs sur internet, un échange par mail, un coup de fil, et c’est comme cela qu’une opportunité s’est transformée en contrat signé en l’espace de deux ou trois jours. Excellente sensation de fluidité. Quand les choses nous sont destinées, il semblerait que les possibles se transforment en évidence dans la minute…

 

Me voilà donc « futur ex-retraité ». Moi-même, je ne l’aurais pas cru possible il y a trois mois !

Il va donc falloir sortir le train d’atterrissage ; et redevenir « ADF » Avec Domicile Fixe !

Nous reprendrons donc le tourisme européen ultérieurement et différemment…

 

C’est un poste qui m’appelle dans une région où nous n’aurions pas pensé nous poser : la Drôme provençale, et c’est par là-bas que nous chercherons notre point de chute. Une location meublée dans un premier temps fera l’affaire, le temps de nous orienter dans ce secteur que nous ne connaissons pas.

Après sable blanc et cocotiers, ce sera lavande et oliviers !

Les alizés deviendront Mistral perdant une grosse poignée de degrés au passage ; nous en regretterons certainement quelques uns.…

 

Le camping-car quant à lui restera l’allié qui nous permettra d’aller régulièrement visiter la famille ;  parents, enfants et amis sont domiciliés dans plusieurs régions de notre beau pays, et - dommage - aucun d’eux ne réside dans la région vers laquelle nous nous dirigeons…

 

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Sur Agur, en ces premiers jours de Février, le carnet de voyage se referme et laisse la place à un autre chapitre de vie.

 

J’étais avide d’horizons bleus, de grands espaces iodés que je pressentais empreints de la liberté absolue ; il fallait allait y voir ; c’est chose faite.

 

« Vivre ses rêves permet d’enfin vivre sans eux ; libre ! »

 

Tel est le message que je reçois de cette expérience de quatre ans sur le voilier.

C’est ce que ce voyage m’a apporté.

 

Je me suis aperçu que la liberté n’était pas « dedans » comme je le supposais, elle est « derrière »…

 

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A de prochaines écritures, qui souhaitons-le annonceront « Agur vendu »…

Si quelqu’un connait quelqu’un qui connait quelqu’un … qui cherche un bon bateau pour un projet décoiffant, n’hésitez pas à faire circuler l’information. AGUR cherche acquéreur !

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4 décembre 2017 1 04 /12 /décembre /2017 21:22

Nous voilà revenus en Martinique depuis une semaine, au terme d’une navigation directe depuis Carriacou, et au gré de ces quelques jours un tourbillon s’est enclenché. Ce n’est pas un cyclone, car la saison est terminée ; c’est le tourbillon de la Vie qui parfois nous emmène à nous donner le vertige. Mais c’est une bonne spirale, alors même si ça va très vite, nous nous laissons porter.

Nous sommes au mouillage de Sainte Anne ; ce village nous est familier. C’est avec un double plaisir que nous retrouvons les rivages, en constatant que le littoral ne montre aucune trace du passage d’Irma et de Maria.

2017 12 04 Pas si viiiite !

Ce lieu porte quelque chose. C’est ici que nous avons posé le pied à l’arrivée de la transatlantique il y a deux ans.

Et c’est encore ici que nous sommes en train de poser une réponse à une toute petite interrogation constituée de deux mots, aux allures de virage décisif, et qui nous trotte depuis un moment :

  • « Et maintenant ? »

 

C’est vrai, je ne l’ai pas encore évoqué dans le blog, mais depuis plusieurs mois, presque un an d’ailleurs, une farandole de questions s’est mise à tournicoter et à nous revenir régulièrement :

 

Que faire ensuite, où aller ?

Comment orienter ce voyage ?

 

D’abord, en tout premier, nous avons depuis assez longtemps écarté l’option de poursuivre dans le Pacifique et la Polynésie. Comme 90 % de ceux qui en ont l’intention au départ, nous sommes freinés par l’éloignement, les coûts liés aux retours aériens en France en cas de nécessité, et par l’évidence que le travail de Sylvie n’y serait plus envisageable, faute d’accès à internet dont elle use quotidiennement.

La porte du Pacifique s’étant refermée, l’originalité du programme s’est montrée restreinte :

 

Rester dans l’arc Antillais ?

Aller vers Cuba, les pays d’Amérique centrale ?

 

Et, quel que soit le choix, répondre à la nécessité de jongler avec la saison cyclonique et d’opérer le repli systématique, entre Juillet et Novembre, dans les îles Grenadines que nous connaissons bien maintenant.

Autre option, rentrer en France en clôturant la boucle Atlantique ?

 

Les « pourquoi ? », les « pourquoi-pas ? » et les « comment ? » sont venus épicer les réflexions.

Régulièrement et naturellement nous avons abordé ce sujet, le laissant ouvert, lui permettant de décanter, d’infuser ; et de se représenter plus tard.

C’est ainsi, qu’oscillant d’une option à l’autre, l’une d’entre elles revenant plus souvent, et paraissant mieux correspondre à nos envies, a fini par se fixer :

Nous envisageons notre retour en France, tranquillement, en parcourant d’abord les îles du Nord de l’arc antillais que nous ne connaissons pas, puis en engageant la longue traversée de retour en milieu d’année 2018.

 Nous sommes tous deux totalement en accord et en phase sur cette perspective, et nos derniers mois passés dans les îles Grenadines, ont été portés par cette conscience ; nous avons profité intensément de chaque escale et de chaque moment.

2017 12 04 Pas si viiiite !

Nous avons fait nos adieux à certains lieux. Ici en Novembre à Saint Georges (Grenade), le « grand Sud » de notre voyage.

 

Nous nous sentons remplis de cette aventure, heureux de l’avoir engagée il y a quatre ans, et comme un peintre regarde son œuvre prêt à poser sa signature, nous sommes prêts à la sauvegarder parmi nos meilleurs souvenirs.

Des centaines de photos et vidéos viendront étayer notre mémoire, mais l’essentiel est moins dans les images que dans notre vécu et la découverte de nous-mêmes au travers de ce voyage. J’aurai certainement l’occasion d’y revenir.

 

 

La préparation psychologique pour la traversée de retour s’est activée dans le même temps, et la préparation du bateau au dernier carénage a été faite dans ce sens.

Il y a très peu de temps le programme prenait donc cette forme :

  • Découverte des îles Antigua, Barbuda, St Barthélémy, St Martin et îles Vierges Britanniques.
  • Départ en Avril pour la transat depuis l’île de Saint Martin ou la Guadeloupe.
  • Une première partie de traversée (20 jours environ) jusqu’aux Açores, avec l’appui d’un routeur météo.
  • Une visite des Açores en Mai Juin,
  • La deuxième partie de la transat (8 à 10 jours) vers La Rochelle en Juillet, (c’est bien c’est l’été) où nous avions sélectionné un point de chute pour accueillir le bateau.
  • Vente du bateau et départ sur un autre projet de voyage en France puis en Europe… en camping car !

 

Oui mais …

A notre arrivée en Martinique, nous avons retrouvé des amis, Jacques et Monique, qui naviguent depuis dix ans dans la région, sur un bateau identique au nôtre, et avec lesquels nous avons partagé nos projets.

Il est toujours bon de s’entendre annoncer ce que l’on échafaude, et d’en recevoir les retours, les avis d’autres personnes.

Leur spontanéité nous a surpris :

  • mais pourquoi vous ne vendez pas votre bateau ici, en Martinique ? Pourquoi retraverser ? C’est ici que le marché de l’occasion est le plus actif  actuellement.

C’est exact, il y a une circonstance récente que nous connaissons comme tout le monde, mais que n’avions pas appréhendée dans toutes ses conséquences.

Les îles situées au Nord de la Guadeloupe, Saint Martin, Saint Barthélémy, Les îles vierges britanniques et américaines ont été détruites par le passage des cyclones il y a deux mois, et toute la flotte de plaisance qui y était stationnée s’est trouvée anéantie.

Le marché de l’occasion sur toute cette zone est privé de bateaux, et il se reporte dans une logique presque mécanique sur la Martinique et la Guadeloupe qui ont été épargnées.

Prenant la mesure de ce propos de pur bon sens, nous avons reconsidéré la question, d’autant que notre idée d’aller visiter les îles du nord, précisément celles qui ont malheureusement été sinistrées, n’est peut-être pas opportune… Les structures d’accueil n’existent plus, la végétation est meurtrie, et dans certaines zones l’insécurité est évoquée.

Nous avons recroisé ces informations avec d’autres avis qui nous ont confortés dans ce sens.

Alors voilà !

Tout est allé très vite car ici aux Antilles c’est le début de la saison touristique, celle où les bateaux s’achètent et se revendent…

Tout ceci amène à ce que désormais Agur porte fièrement son « étiquette » !

2017 12 04 Pas si viiiite !

C’est un bateau des îles, et quelque chose me dit qu’il préfère rester sous ces latitudes…

 

Il nous faut à présent explorer la suite de ce nouveau programme, si  la revente se concrétise en Martinique :

  • Rentrer par avion avec 2 valises, et faire acheminer parallèlement nos quelques rares possessions entassées à bord, par fret maritime ; vers quel port ? Comment les récupérer ? où les stocker ?
  • Réinventer un nouveau point de chute quelque part pour deux bronzés égarés qui atterrissent en plein hiver, en short et en tongs…

 

et

 

  • Réadapter nos existences devenues nomades et marines sur le plancher des vaches.

 

Les neurones fonctionnent à plein régime, une nouvelle dynamique est en place, nous surfons une vague d’un autre type.

à vendre ?

à vendre ?

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19 septembre 2017 2 19 /09 /septembre /2017 17:56

Maria s’éloigne maintenant doucement…

Quelques mots pour rassurer, mais c’est un post rapide car l’énergie électrique du bord pour charger le PC est limitée après deux jours sans soleil.

En cette saison cyclonique 2017 il y a du trafic sur la ligne cyclonique !

La semaine dernière, nous avions repéré  la dépression « Lee »,  très loin venant du cap vert ; elle semblait prendre clairement  une direction très au Nord et ne devoir concerner aucune île de l’arc Antillais, mais comme toujours, nous nous méfions et nous surveillons.

C’est en scrutant Lee, que nous est apparu un autre léger mouvement suspect au milieu de l’océan Jeudi dernier.  C’était un peu bas en latitude, un peu trop proche de nous, et pas clair du tout. Dans le doute nous avons fait les formalités administratives et avons quitté l’état de Saint Vincent pour rentrer dans celui de Grenade.

L’idée était de nous laisser toute latitude d’aller vers le Sud au cas où…

Nous nous sommes posés à Cariacou pour observer.

Et là, vendredi, nos doutes se confirmaient à peine, nous donnant presque la sensation d’être trop précautionneux.

Samedi soir le « léger mouvement aperçu » prenait l’allure d’une tempête tropicale.

Dimanche le système « Maria » avait un potentiel d’ouragan.

Lundi soir c’était un Ouragan Catégorie 5, la plus élevée.

Ce développement a été fulgurant, quant à sa trajectoire sans cesse réactualisée par le centre américain Nhc (National Huricane center), elle s’orientait vers l’Ouest/Nord-Ouest avec quelques incertitudes.

Nous avions gardé l’option de détaler vers Grenade Dimanche si besoin, mais les indications se montraient rassurantes. Nous sommes restés à Carriacou, en prenant l’option de nous déplacer autour de l’île à mesure que les vents tourneraient, afin de nous épargner les désagréments de la houle.

Des vents légers de l’ordre de 5 nœuds étaient d’abord annoncés, puis 10 à 15 nœuds dans les prévisions suivantes.

Finalement les fichiers de prévisions ont été corrigés en dernière minute, pour afficher 20 nœuds de vent.

Nous avons eu en effet 20 nœuds et des rafales autour de 30 nœuds dans les grains.

Ces forces de vent sont tout à fait négociables, et ne présentent pas de difficulté si on est dans un endroit bien abrité, ce qui est notre cas. Ce qui est impressionnant c’est l’envergure du phénomène, car nous sommes à 200 milles de sa trajectoire (370 km), et nous sommes très nettement sous son influence.

Cariacou, c’est la croix rouge en bas.

Cariacou, c’est la croix rouge en bas.

Si le prochain de la liste porte, comme il se doit, un nom qui commence par « N », pour nous ce sera « Non merci ! »

Toutes nos pensées vont vers les Saintois que nous connaissons, car l’archipel des Saintes a vu passer l’œil du cyclone à une vingtaine de kilomètres, c'est-à-dire que les vents y étaient de l’ordre de 100 à 130 Nœuds (250 km/h). Les dégâts matériels doivent y être conséquents.

Nous n’avons encore aucune nouvelle car les communications avec les îles sont interrompues. Les infos du vingt-heures vous feront le complément d’informations !

A une prochaine, espérons-le, plus sereinement…

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7 septembre 2017 4 07 /09 /septembre /2017 16:41

Prenez la date d’aujourd’hui, enlevez deux jours (parce que mon anniversaire c’était le 5), retirez 1957 et vous aurez l’âge du capitaine !

 

Ca y est vous avez fait le calcul ?

On ne se moque pas ! Se moquer de la vieillesse, c’est détruire la maison dans laquelle on logera ce soir (proverbe chinois)

On ne se moque pas ! Se moquer de la vieillesse, c’est détruire la maison dans laquelle on logera ce soir (proverbe chinois)

Vous connaissez l’histoire, quand on affiche (avec plus ou moins de sérénité) un chiffre rond qui correspond à une dizaine, on a envie que ce jour-là soit un peu exceptionnel, histoire de bien le mémoriser ; il se trouve que je n’échappe pas à cette aspiration populaire.

 

Alors je grave ici, pour ceux qui me lisent et aussi pour moi, cette journée « historique » !

 

Figurez-vous qu’un jour à la fois, je sentais s’approcher la date depuis plusieurs mois.

En dehors du travail psychologique, et pas des moindres pour anticiper le choc, l’une de mes préoccupations principales restait malgré tout : «  où fêter l’évènement ? »

 

Nous avions lorgné sur un restaurant au cadre bien agréable à Bequia, terrasse extérieure, vue plongeante sur l’océan au loin, plantes tropicales, piscine, et il semblait presqu’acquis que je graverais là mon souvenir décennal en tête à tête avec Sylvie…

 

Eh bien, c’était sans compter « Irma », cyclone super puissant de catégorie 5, la plus élevée, déambulant sans aucun ménagement au milieu de l’océan, avec une démarche de poivrot qui aurait déjà fêté l’anniversaire avant l’heure.

N’ayant qu’une confiance limitée dans les estimations de trajectoire de ce genre d’olibrius qui parfois se révèlent surprenants, nous descendons le 2 septembre un peu plus au sud, nous tenant prêts, s’il le fallait, à refaire un deuxième bond encore plus loin.

 

Bye Bye Béquia, le restau et la piscine…

2017 09 07 – L’âge du capitaine !

Nous jetons l’ancre dans une petite baie isolée, « Chatham Bay », à l’extrémité ouest de Union Island.

Là nous sommes totalement protégés de toutes les directions sauf de l’ouest, car il faut bien qu’il y ait une entrée à la baie, et il se trouve que dans la grande périphérie du tourbillon géant d’Irma, ce sont les vents d’Ouest qui seront les plus faibles ; logique qui nous a donc conduit à choisir une baie ouverte à l’ouest...

Agur et Coho seuls au mouillage.  Nous sommes hors saison et à l’approche d’un cyclone.  Il y a de moins en moins de monde dans les parages.

Agur et Coho seuls au mouillage. Nous sommes hors saison et à l’approche d’un cyclone. Il y a de moins en moins de monde dans les parages.

Nous sommes en compagnie de Gordon et Louise, gravitant aussi autour de la soixantaine, vivant depuis plus de dix ans à bord de leur voilier Coho.

Nous avons sympathisé avec eux à Sainte Anne en Martinique, puis nous nous sommes revus à Bequia, et il se trouve qu’à l’approche d’Irma notre stratégie d’esquive s’est révélée identique.

 

Ils sont Canadiens anglophones, et en plus de leur sympathie, la comique communication en Anglais/Français/Mimes/Bruitages nous ravit réciproquement. Nous nous aidons à progresser mutuellement dans notre apprentissage des langues étrangères, et ça marche ! Euh, disons que ça avance !

 

Nous voyant un peu dépités de quitter Bequia et notre projet d’anniversaire, nos amis proposent spontanément, au besoin, de faire le repas sur leur bateau, avec un gigot d’agneau qui justement patiente au fond de leur congélateur qu’une occasion se dessine. C’est en effet une proposition généreuse et originale, qui ferait un bon plan B au cas où.

 

En bateau, pas de certitude, les programmes se font et se défont chaque jour et parfois au cours de la même journée, toujours en fonction de cette satanée météo !

Chatham Bay

Chatham Bay

J moins 2.

 

Une belle plage de sable fin, dans un cadre naturel s’il en est, isolé mais pas désolé, abritant deux ou trois bars ; l’ensemble a un certain charme, un exotisme intrinsèque qui fait oublier les attrapes-touristes tellement habituels.

Ci-dessus, au premier plan à gauche un modeste lolo (petit restaurant avec des plats locaux), propre et aménagé avec goût. C’est chez Andew.

Ah ! Il affiche un menu local qui peut-être ferait l’affaire.

2017 09 07 – L’âge du capitaine !

Hum ! Il y a des transats pour l’après repas ; argument positif !

 

 

J moins 1

 

Nous allons « à la ville » faire quelques provisions.

Une demi-heure de marche sur une piste nous permet de rejoindre une route.

Une autre demi-heure à pied nous amène au village Ashton. De là nous prenons un taxi collectif qui nous dépose à la ville principale Clifton.

Partie centrale de UNION Island

Partie centrale de UNION Island

2017 09 07 – L’âge du capitaine !
La côte au vent

La côte au vent

Clifton, ville principale

Clifton, ville principale

2017 09 07 – L’âge du capitaine !

Balade productive et efficace mais éprouvante sous le soleil du retour. La suée pour rentrer écarte d’office l’idée secrète de revenir éventuellement y chercher le petit resto convoité pour le lendemain.

 

Retour à Chatham Bay donc.

Les fichiers météos changent légèrement. Irma grossit, sa trajectoire est un peu moins au Nord que prévu, nous revisitons notre choix mais le confirmons malgré tout.

 

En passant nous réservons notre table chez Andew.

2017 09 07 – L’âge du capitaine !

5 septembre 2017 

 

Ca y est, je change de « génaire », du quinqua au sexa, et en très bonne compagnie.

Louise, Syl, le jeune vieux, et Gordon.

Louise, Syl, le jeune vieux, et Gordon.

L’équipe du restaurant en plus…

L’équipe du restaurant en plus…

« Irma » n’est pas sur l’image, mais le bougre, à plus de 500 km de nous, se fait sentir.

Le vent d’ouest se lève doucement et rentre dans baie…

2017 09 07 – L’âge du capitaine !

La vue est sympa, sauf qu’au fil des heures nous observons le plan d’eau se froisser, se plisser, se hérisser. Les bateaux sont maintenant tournés face au large et se dandinent dans des mouvements de plus en plus amples.

Nous avons de nouveaux voisins venus s’abriter aux côtés d’Agur et Coho

A la vue des premières vagues qui brisent sur la plage nous commençons à avoir quelques doutes sur notre retour à bord en fin de repas.

 

Mais chaque chose en son temps.

 

D’abord c’est Mojito

 

ensuite

Daurade coryphène, colombo de lambis, poulet mariné, bananes plantains, légumes pays Excellent !

Daurade coryphène, colombo de lambis, poulet mariné, bananes plantains, légumes pays Excellent !

Avec un petit vin rosé de l’Ardèche (ici) !

 

Et pour clôturer, le gâteau aux fruits qui illustre le début d’article.

 

A noter que ce gâteau a été confectionné et offert sympathiquement par le patron du restaurant.

Si d’autres navigateurs me lisent n’hésitez pas à vous arrêter chez Andew, vous ne serez pas déçus par l’accueil ni par la qualité de la cuisine.

L’après repas, avec  le  « roi du jour » sur son trône de palettes façon « Grenadines » Royal !

L’après repas, avec le « roi du jour » sur son trône de palettes façon « Grenadines » Royal !

Comme pressenti le retour en annexe est sportif.

 

Embarquer à quatre prend 10 à 15 secondes, même avec l’aide d’une personne sur la plage.

Pendant ce temps trois vagues au moins se fracassent sur l’avant, on embarque de l’eau, quelques coups de pagaie, le temps de démarrer le moteur nous amène trois vagues de plus sur la tête, et lorsque nous arrivons, le sourire remplace l’élégance qu’il nous manque…

2017 09 07 – L’âge du capitaine !
2017 09 07 – L’âge du capitaine !

Des algues sur le visage, sur le dos et aussi dans les cheveux, on a l’impression d’avoir reçu un potage d’épinards sur la trombine. L’annexe est une soupière.

Pas beaucoup mieux !

Pas beaucoup mieux !

Allez ! Pour terminer je fais l’inventaire de mes cadeaux :

 

Une baie du bout du monde, un cyclone spécial mais heureusement pas ses conséquences, la lune pleine aux ras bords justement le 5 septembre, un petit resto super sympa, ma reine du jour, deux amis qui incarnent le sourire lui-même, un gâteau-maison et les intentions amicales du patron cachées dedans, un retour « potage d’algues », et un tsunami de sms, petits mails, et messages facebook qui font de cette journée, comme je me la souhaitais :

 

Un anniversaire mémorable, impossible à confondre avec un autre !

 

 

Merci à tout, et merci à tous !

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3 septembre 2017 7 03 /09 /septembre /2017 20:15

A l’approche de l’automne en France, si le propos de la pluie et du beau temps est de toutes les conversations, il l’est encore davantage ici dans l’arc antillais lorsqu’au milieu de l’atlantique se profile « IRMA ».

Irma est une grande dame à la chevelure ébouriffée qui valse sur l’océan. Détectée depuis quelques jours déjà, cette dépression tropicale s’est mutée en tempête, puis en cyclone, et depuis quelques heures en cyclone dit « majeur » de catégorie 3 sur une échelle qui en comporte 5.

Autant dire que dame Irma ne manque pas d’air !

2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…

Plutôt jolie vue de loin, c’est donc tout naturel que tous les regards se tournent vers elle.

Selon les estimations de trajectoires, Irma qui titube un peu en ce moment, devrait prendre un virage vers le Nord dans les prochains jours.

 

Comme à chaque fois, nous croisons les doigts pour que cette prévision se révèle exacte, néanmoins par précaution nous sommes descendus un peu vers le Sud jusque Union Island (la petite croix rouge); on ne sait jamais trop ce qu’une Irma, qui plus est dépressive, peut inventer comme ballade… Une fugue c’est si vite fait !

Ou alors, il suffirait juste qu’elle loupe son virage…

2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…

Dans tous les cas ce cyclone va remuer beaucoup d’eau autour de son centre, sur plus de 300 kilomètres de diamètre, et Agur n’a pas trop envie de se faire secouer les coques.

 

La semaine dernière, alors que nous étions encore à Bequia,  nous avons vécu de très près le passage d’une dépression naissante qui est devenue plus tard « Harvey » (oui oui c’est Harvey qui a tout cassé aux USA). Bien qu’il s’agisse du tout début de la formation du système sans danger majeur, nous avons confirmé, par l’inconfort vécu, ce que nous savions déjà c'est-à-dire qu’il est préférable d’en être le plus éloigné possible.

 

Nous avons passé une journée de tangage et roulis dans la baie de Bequia ballottés par une mer désordonnée avec 1 m 50 de creux. En catamaran la sensation était désagréable, mais nous étions impressionnés à la vue de nos voisins monocoques transformés en métronomes, ou en balais (ballets) d’essuie-glaces, oscillant chacun à leur rythme jusqu’à plus de quarante cinq degrés de chaque côté de la verticale.

 

Juste après Irma, si elle a la délicatesse de nous épargner, nous traverserons, quarante huit heures plus tard, une autre dépression tropicale assez confuse mais gérable, qui couvre toutes les îles de l’arc antillais avec des vents de l’ordre de 25 à 30 nœuds, et servira à priori beaucoup de pluie.

Les réserves d’eau seront complétées et probablement beaucoup plus qu’il nous en faut.

C’est la saison !

Mustique island

 

Entre ces épisodes agités, il y a de très belles périodes de temps radieux ; c’est la compensation.

C’est alors que pour divertir le quotidien, nous décidons de saluer l’île voisine de Bequia : Mustique.

 

Mustique Island, écrit à la française, c’est l’île de Moustique ; elle dépend administrativement de Saint Vincent.

 

La particularité de Moustique c’est d’être un repaire de milliardaires.

 

Durant trois jours et trois nuits, nous partageons avec eux l’immense privilège de fouler ce sol de luxe, avouons-le, davantage par curiosité que par intérêt.

 

5 kilomètres de long, 3 kilomètres de large, des plages, un massif boisé culminant à quelques deux cents mètres.

« Mais qu’est ce que cette île peut bien avoir de si particulier pour attirer les plus confortables fortunes de ce monde ? »

C’est la question que nous nous posions.

 

La réponse est basique :

Rien de plus ni de moins que les autres îles des Grenadines, si ce n’est qu’elle est privée et exclusivement réservée à cette clientèle aux multiples zéros juste avant le signe dollars.

Les zéros, nous les avons de commun avec eux, leur secret est d’avoir des chiffres non nuls en début de ligne !

 

89 propriétés de haut standing sont érigées sur ce petit territoire, et une organisation spécifique nommée la « Mustique Compagny » dont les résidents sont actionnaires, gère toute la logistique, la sécurité, les infrastructures, les aménagements de ce petit monde. Et ce n’est pas une petite organisation ! Une sorte de super syndic de propriétaires à l’échelle d’une île…

 

Les employés sont des locaux triés sur le volet. Ils vivent sur place et sont regroupés dans l’unique village de l’île. Ici pas de case en bois, le personnel a les moyens de disposer de petites villas pimpantes.

 

Parmi les VIP, quelques noms connus reviennent souvent : Mick Jagger, David Bowie, Tommy Hilfiger, Madonna et, plus vaguement, certains membres de la famille Royale britannique, mais discrétion et mystère voilent pudiquement l’identité des propriétaires. 

 

Nous sommes d’ailleurs étonnés que l’accès à cette île nous soit autorisé sans autre complication que celle de régler l’équivalent de 67 Euros pour un droit d’amarrage sur bouée, valable pour une durée de 3 nuits.

2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…

Aucun autre contrôle d’entrée n’est opéré.

 

Nous comprendrons plus tard que l’accès à l’île ne signifie pas côtoyer ses résidents, de la même manière qu’entrer dans une banque ne signifie pas se retrouver dans la salle des coffres.

 

C’est sac à dos garni de biscuits secs et d’eau que nous y débarquons, car sur cette île, à part un petit magasin d’alimentation proche du lieu de débarquement, il n’y a pas d’autre oasis en cours de promenade.

 

Ce matin-là un énorme pétrolier est ancré au large de l’unique ponton de service.

Ne pouvant s’approcher en raison de son trop important tirant d’eau, une ligne de tuyau balisée par des bouées est tirée sur environ trois cents mètres pour permettre la livraison. Le pipeline flottant est surveillé en permanence par un puissant canot de la « Mustique Compagny », dont les pilotes nous prescrivent de contourner toute l’installation, y compris le pétrolier pour rejoindre avec notre annexe le ponton de débarquement. La livraison de carburant dure toute la journée.

 

Avant d’atteindre les zones les plus tranquilles de l’île, notre promenade sur les axes principaux bétonnés est d’abord « agrémentée » par le passage incessant de semi-remorques, camions-bennes, fourgonnettes à l’enseigne de la « Mustique Compagny ».

Il nous apparaît comme une évidence que cette organisation est suréquipée et très active.  Nous en avons confirmation en longeant la clôture d’un vaste dépôt de matériaux de construction près duquel sont stationnés de nombreux engins de travaux en tous genres.

Le ton est donné, il n’y a pas de petits moyens à Moustique !

 

Les abords des routes sont propres tondus, arborés, fleuris ; des ouvriers apparaissent ici et là entretenant les espaces verts collectifs.

2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…
2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…

Tout est ratissé, balayé, tamisé peut-être, j’exagère à peine car même les noix de coco sont cueillies pour éviter que l’une d’elles, par mégarde ou par malice ne fracasse une tête précieuse.

2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…

Voici l’entrée de l’école primaire, dont la fraîcheur donnerait envie au dernier des cancres d’aller s’y inscrire.

 

Sur la route, plusieurs fois nous sommes doublés par des véhicules tous terrains blancs estampillés « Sécurity » circulant à faible vitesse, avec à bord un colosse au regard du genre scanner qui décrypte à la fois qui nous sommes et nos intentions.

 

Une première fois nous nous engageons sur une voie secondaire sans indication particulière, et à peine avions-nous parcouru vingt mètres qu’un de ces véhicules blancs «Sécurity » nous rattrape.

Cette route ne nous est pas autorisée.

Nous indiquons aimablement à monsieur Muscle que nous cherchons à voir l’unique hôtel de l’île, qui selon nos repères pifométriques se trouverait dans cette direction.

Ne répondant pas à notre demande, le vigile nous répète un peu plus fermement que la route ne nous est pas autorisée.

 

Supposant qu’il n’avait pas bien saisi notre question, nous la lui posons à nouveau.

Cette fois avec un hochement de tête et un regard jeté au plafond de son quatre-quatre, expression faciale qui doit signifier quelque chose comme «çà y est je suis tombé sur les casse-pieds du jour», il prend une longue inspiration et choisit de nous expliquer le B-a ba des règles de vie ici.

 

  • Hum … Je vois, c’est la première fois que vous venez à Moustique…

Si vous vous allez à l’hôtel, vous devez leur téléphoner et une voiture viendra vous chercher. Il n’y a aucun autre moyen d’y accéder. C’est comme cela qu’il faut procéder.

Et vous, me dit-il, je vois que vous tenez une caméra dans les mains. Je vous informe qu’il n’est pas autorisé de photographier les propriétés. Qu’avez-vous déjà pris comme photos ?

  • Euh… des cocotiers et la plage !
  • Je vous le redis il est interdit de photographier toute propriété et s’il vous plait, à présent, restez sur les axes principaux.

 

Bien compris le message ; le problème avec les interdictions, c’est qu’elles génèrent dans les esprits mal tournés des désirs irrépressibles !

 

N’est-ce pas « .… »  (ami qui se reconnaitra) ? Nous avons repéré deux squelettes de perroquets qui gisent par 5 mètres de fond attachés à un bout de nylon !)

 

Bref passons, mais c’est dommage que nous n’ayons pas vu l’hôtel ; notre curiosité est en reste. Le seul hôtel de l’île, avec seulement 17 chambres et suites, dont le tarif se situe entre 1280 et 4740 dollars la nuit, devrait être mignon…

 

Plus loin nous sommes à nouveau rattrapés par une voiture et son vigile, après une autre incursion involontaire de quelques mètres sur un chemin privé… C’est difficile pour nous, Moustique !

 

Après cet autre rappel à l’ordre, nous ne prenons plus de risque.

Au pire nous nous arrêtons quelques secondes devant des entrées prometteuses.

Classiquement le nom de la propriété est plaqué sur l’un des piliers de maçonnerie, au-delà desquels un chemin gravillonné impeccable s’enfuit entre les plantes tropicales. La majeure partie du temps nous n’en voyons pas davantage.

Quelque fois un morceau de toiture se hisse au loin au dessus de la cime des arbres pour nous narguer, plus rarement un coin de piscine scintille parmi la végétation. Maigre butin.

 

Souvent nous apercevons les membres du personnel qui entretiennent ces parcs privés. Ils se déplacent en petits véhicules qui évoquent les voiturettes de golf dans une version un peu plus grande et plus véloce. Chacun de ces véhicules porte le nom de la propriété à laquelle il est rattaché. Tout cela est très chic.

 

Toute une population s’agite, grouille, travaille, aménage l’environnement avec efficacité et discrétion. Ce n’est pas sans me rappeler le fonctionnement des fourmilières avec leurs centaines d’ouvrières pour servir les reines…

 

Nous croisons aussi quelques uns de ces résidents VIP, dans les mêmes voiturettes ouvertes.

A quoi les distingue-t-on des employés ?

C’est facile, teint clair, chemise blanche, pantalon de toile ou sobre short pour les messieurs ; chapeau et mousseline au vent pour ces dames, et en prime un généreux tourbillon parfumé à leur passage.

Ils nous saluent tous de la main en nous croisant. Nous imaginent-ils d’une quelconque propriété voisine ? C’est assez improbable vu notre look de baroudeurs transpirants ; alors ce doit être un geste automatique.

A part cette charmante demoiselle et quelques unes de ses sœurs, nous ne reconnaissons personne, et personne ne nous reconnait.

2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…

Par accident en essayant de photographier des insectes qui passent par là, il semble que l’on aperçoive en arrière plan quelques constructions ; les moins discrètes, ou les plus imposantes ; ou les deux à la fois...

2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…
2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…
2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…
2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…

Décidément cet appareil ne vaut rien, j’ai raté toutes les mises au point sur les papillons !

 

Bon en même temps, ces demeures sont tellement visibles de loin, que je me donne bonne conscience en me disant que leur image passe dans le domaine public ! Et hop !

 

Nous ne trouvons rien d’autre de transcendant à Moustique ; les fonds coralliens sont beaux, mais ils le sont partout ailleurs ;  il fallait la voir cette île, et voila qui est fait.

 

Ah si ! Fait étonnant : pendant notre escale, un imposant banc de poissons chirurgiens bleus s’est passionné pour la flore et la faune accrochée à la carène d’Agur. Le résultat est spectaculaire. Toutes les œuvres vives du bateau, hélices comprises, sont nettoyées comme des couverts sortant du lave-vaisselle. 

Merci les gars ! J’avais justement un peu de retard en la matière !

Je ne dis pas que nous reviendrons, mais je retiens l’idée au cas où…

 

Petit Nevis.

 

Au retour vers Bequia, nous nous arrêtons à Petit Nevis. Ce caillou inhabité, est un ancien lieu de  dépeçage des baleines chassées dans les eaux environnantes. Même s’il Il reste quelques vestiges des constructions, le lieu est calme et offre un petit mouillage serein.

 

Une courte escale pour le plaisir des yeux et la quiétude de l’esprit sur un territoire qui lui, ne vaut rien, mais contient tout…

2017 09 03 – Quelques mots sur le temps qu’il fait, et une visite à Mustique Island…

A bientôt pour un prochain post sur le blog de Ciao, si toutefois nous survivons au passage de Irma !

 

Rappel : il nous a été signalé que les mails automatiques avisant de la parution d’un article sur le blog ne sont parfois plus envoyés aux abonnés.

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6 août 2017 7 06 /08 /août /2017 23:18

J’ai posé le titre de ce texte à Sainte Anne, au sud de la Martinique, je le termine à Bequia aux Grenadines de Saint Vincent, 19 heures de navigation plus au Sud, (et il faut bien le reconnaître, une dizaine de siestes plus tard).

2017 08 06 - Les Grenadines, encore !

Eh oui, nous sommes sur nos traces de l’an dernier, pour traverser avec le moins de risque possible la saison cyclonique qui prendra fin en Novembre.

 

Cette année la saison semble capricieuse, tous les huit à dix jours nous sommes devant ce genre d’écran, à scruter matin et soir l’angle d’évolution prévu de la prochaine dépression qui se dirige vers les îles, et à espérer qu’elle se détourne vers le Nord.

Nous sommes là, et c’est la situation du 05/08/2017

Nous sommes là, et c’est la situation du 05/08/2017

Nous venons à peine de quitter la précédente dépression que dans cinq jours, le système (de droite) sera dans notre secteur, bien que nous aimerions le voir se diriger ailleurs.

Si jamais il s’obstine à passer par ici, c’est certainement nous qui devrons bouger (plus au Sud)…

On est dans la nature et c’est la loi du plus fort !

 

 

En dehors de cette vigilance, nous commençons notre séjour aux Grenadines en tenant compte des enseignements de l’an dernier.

 

Le plein d’eau est fait, et notre technique de récupération d’eau de pluie pour la maintenir à bon niveau est maintenant au point. Lors du dernier passage perturbé, nous étions d’ailleurs en débordement, tous récipients remplis, cuves, jerricans, bassines.

Nous nous sommes arrêtés faute de contenants, et il est encore tombé des cataractes pendant plusieurs heures.

 

Côté casse-croûtes, nous avons évacué l’embarras des approvisionnements en garnissant au maximum les coffres d’Agur de ce qu’on ne trouve pas ici ou à prix exorbitant : conserves en tout genre, café, chocolat, vin, desserts…

Et là aussi on frise le débordement…

La ligne de flottaison d’Agur, ne tolère plus le moindre complément.

Une partie de ce qui ne rentre pas dans les coffres déjà pleins.

Une partie de ce qui ne rentre pas dans les coffres déjà pleins.

Bequia, Ici Bequia, quelques semaines d’arrêt…

 

Bequia c’est du déjà vu, mais en 2016, nous étions parasités par nos premières impressions, et notre étonnement vis-à-vis de l’aspect sommaire des infrastructures locales.

 

 

C’est donc avec un œil neuf que nous débarquons cette année à Port Elisabeth dans l’Admiralty Bay. So british, pour le nom !

A noter que les anglais sont loin car l’indépendance date de 1979.

 

Port Elisabeth c’est comme çà, coloré, vétuste par endroit, plus chic à d’autres.

2017 08 06 - Les Grenadines, encore !
2017 08 06 - Les Grenadines, encore !
2017 08 06 - Les Grenadines, encore !
2017 08 06 - Les Grenadines, encore !
L’un des magasins « d’époque »

L’un des magasins « d’époque »

aux rayons aérés...

aux rayons aérés...

2017 08 06 - Les Grenadines, encore !

Passé l’effet de surprise, il y a un côté authentique, dépaysant et attachant.

 

2017 08 06 - Les Grenadines, encore !
2017 08 06 - Les Grenadines, encore !

La baie est magnifique, l’eau y est très claire ; nous mouillons sur des fonds de sable à 2 mètres de profondeur.

Les « bleus grenadines » nous entourent ; une tortue passe à l’heure du petit déjeuner, sort la tête, l’air de dire, comme tous ici : « Hi man ! », et elle replonge. Un enchantement !

Baignade irrésistible dans ces conditions

Baignade irrésistible dans ces conditions

Le littoral de la côte au vent est lui aussi très agréable, il y a là-bas quelques installations hôtelières.

2017 08 06 - Les Grenadines, encore !
2017 08 06 - Les Grenadines, encore !

A Bequia en Août, nous sommes hors saison, les hôtels sont fermés, les plages quasi désertes, la baie paisible et peu fréquentée.

2017 08 06 - Les Grenadines, encore !

Nos journées s’articulent entre bains, plongée, courses, ballades à terre, lectures, jeux de société, et bien sûr sieste à l’ombre, au moment le plus chaud de la journée.

 

Les locaux ne se gênent jamais pour soulager le moment de fatigue qui frappe en traitre, comme ici dans un abri bus. D'ailleurs nous avons remarqué que les bancs sont toujours assez longs pour permettre ce genre de pause.

L’inscription signifie : « Respectez tous les animaux sur quatre pattes ou deux »

L’inscription signifie : « Respectez tous les animaux sur quatre pattes ou deux »

Rien à voir avec la sieste, mais plutôt avec une tendance ici, dans les Grenadines, à empoisonner les chiens et chats errants.

Quant aux animaux à deux pattes, il doit s’agir d’un reste d’humour anglais peut-être…

 

 

Vous l’aurez compris nous sommes obligés de nous la couler douce à Bequia !

 

Même si pour nous, c’est toujours un dilemme conscient de savoir que, dans les mêmes moments, d’autres parmi ceux qui nous lisent n’ont pas cette possibilité et gèrent des situations matérielles ou personnelles pesantes…

 

Je ne sais pas si les choses peuvent se transmettre ainsi, mais je suis convaincu que chacun de nous se doit de faire honneur à la chance qu’il a, au moment où elle se présente dans sa vie.

Ne serait-ce justement qu’à l’égard de ceux qui en sont privés ; puissent-ils en recevoir quelques effets bénéfiques à distance !

 

Bonne vacances à ceux qui en ont !

 

Un petit clin d’œil complice à nos amis Ivan et Patricia de Paseo qui sont rentrés en France, des bises à Pati, et à Annie qui ont aussi retrouvé le sol ferme.

Amitiés à Marie-Christine et Joël récemment rencontrés à Sainte Anne.

 

A bientôt !

 

 

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6 juin 2017 2 06 /06 /juin /2017 01:00

En un courant d’air, six pages viennent de se tourner sur le calendrier. Six mois riches et intenses occupés à recevoir nos proches, à parcourir avec eux les lieux que nous fréquentons, et aussi à les initier aux frasques de notre vie sur l’eau.

C’était fort, c’était bon, c’était selon, mais c’était ! Et c’est l’essentiel !

Reste le souvenir, reste l’émotion. En témoignent ces quelques belles images.

 

Helen en Décembre.

Helen en Décembre.

Anne, c'était en Janvier 2017.

Anne, c'était en Janvier 2017.

Christiane, la marraine du bateau, début Mars.

Christiane, la marraine du bateau, début Mars.

Guillaume et Elodie, fin Mars/début Avril.

Guillaume et Elodie, fin Mars/début Avril.

Olivia et Jopiero au mois d'Avril.

Olivia et Jopiero au mois d'Avril.

Et pour clôturer Mimi et Jo en Mai.

Et pour clôturer Mimi et Jo en Mai.

Ensemble, Syl et moi, nous vous clamons un grand merci à chacun, pour avoir osé le voyage, pour avoir pris le risque de cette vie si particulière sur le bateau, bravant vos appréhensions et fragilités, afin de nous rejoindre.

 

 

 

Début Juin 2017

 

Nous voici arrivés en Martinique depuis quelques jours.

Fort de France ; Agur mouille à deux cents mètres du centre-ville.

 

A nous les rues piétonnes, les commerces, les petits restos, le bruit, la musique !

La terre palpite alors que la mer berce ; l’une excite, l’autre endort…

 

Aristote disait « il y a les vivants, les morts et les gens qui vont sur la mer ».

Revenir à terre nous ramène donc à la Vie !

 

 

On se recharge, on se booste, on se prépare.

A la fin du mois, direction les Grenadines, comme l’an dernier, pour les mêmes raisons.

 

Et là-bas, attention ; maintenant nous le savons, les bleus turquoise hypnotisent, la nonchalance guette ses proies, et la diète affaiblit les corps.

 

Nous sommes prêts.

Les coffres sont remplis.

Des nouveaux jeux de « société » (dans le cas présent on devrait dire des jeux de « tête à tête ») se promettent de nous défier, et un gros potentiel de lectures viendra à leur rescousse.

Et aussi il y a des projets plein la tête…

 

Le voyage se transforme, il évolue, il prend sens, et c’était d’ailleurs sa vocation.

Les choses infusent avant que le blog ne les diffuse !

 

Je reviens bientôt.

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1 mars 2017 3 01 /03 /mars /2017 22:03

Elles sont venues, et elles sont reparties… Quinze jours chacune, Helen, la fille de Syl, arrivée au moment des fêtes de fin d’année, et Anne à la mi-janvier…

Retrouvailles, visites, découvertes, ballades, repos, soleil, bains, plongées, shopping exotique, immersion dans l’ambiance nautique, et … retour au bercail.

 

On ressent bien l’enjeu élevé de cette parenthèse volée au tumulte d’un monde agité où elles semblent, l’une comme l’autre, n’avoir que très peu de temps libre.

 

De notre côté, avant l’arrivée d’Helen la prévision météo était catastrophique ; des vents violents étaient annoncés ainsi que des quantités impressionnantes de pluies. Finalement à la dernière minute, le système perturbé s’est heureusement un peu décalé. Le vent est resté fort pendant tout son séjour mais la pluie est allée se faire bronzer ailleurs…

Nous avons, malgré cela, subi (et Helen encore plus que nous) l’inconfort des mouillages agités de jour comme de nuit, perturbant le sommeil et la récupération tant convoités lors de ces précieuses vacances…

 

Le circuit se voulait optimal ; c’est d’ailleurs à peu de choses près ce que proposent les professionnels de la location de bateaux en Guadeloupe.

premier bain d’Helen à l’ilet Gosier

premier bain d’Helen à l’ilet Gosier

Plage de Sainte Anne

Plage de Sainte Anne

Nous avons démarré par la côte sud de Grande Terre, avec un départ de Pointe à Pitre, escale face à l’ilet Gosier, puis la belle plage de Sainte Anne, enchaîné par une traversée dynamique vers Marie Galante où nous avons passé quelques jours, et nous nous sommes laissés catapulter par les alizés vers Les Saintes.

Là nous avons joué à cache-cache avec les rafales farfelues, changeant de mouillage non pas en fonction de notre plaisir mais pour répondre aux nécessités dues au temps agité ; et pour terminer : retour vers Pointe à Pitre au près serré.

 

 

Les multiples visites à terre, les jolies plages, les points de vue superbes sur tout le parcours ont dissipé tant bien que mal cette sensation de mouvements permanents et inévitables sur un bateau dans des conditions d’alizés soutenus.

 

Heureusement, à notre grande surprise, Helen a apprécié les navigations, s’imaginant visiblement chevaucher Agur au grand galop sur l’océan formé…

 

Anne a eu la main plus chanceuse, elle a tiré de bien meilleures cartes.

 

Même parcours, mêmes lieux, avec un temps majoritairement calme et superbe. Evidemment ce n’est pas du tout le même vécu ; un ressenti paisible domine, une véritable atmosphère de vacances. Nous avons d’ailleurs pu ajouter au programme un petit mouillage isolé à Terre de Bas ; un endroit simple et charmant, peu abrité, praticable uniquement par temps serein.

 

Il s’en tient à peu de chose ! Mais, en bateau, la seule qui nous dirige encore et toujours c’est la météo !

2017 03 01 - Ah les filles !
Anne et Sainte Anne

Anne et Sainte Anne

Avis aux prochains candidats : c’est une loterie !

Même sous les tropiques ou il semble, vu de loin, que ce soit toujours l’été…

Croisez les doigts, sortez les grigris, et arrangez-vous pour tirer le bon numéro !

Nous n’avons aucun pouvoir sur « la chose ».

 

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Les filles rentrées chez elles, nous sommes revenus aux Saintes, histoire de passer quelques journées sympas avec les copains-bateaux laissés derrière nous il y a quelques semaines. Objectif atteint !

Ti-punchs, rigolades, partages, échanges, avec les équipages de Argo IV, de Paseo, et aussi de Manu Atéa dont nous avons fait connaissance. Bref, que de bons moments !

 

 

Depuis les Saintes, en compagnie de Pati, détachée pour l’occasion du bord d’Argo IV, nous avons mis le Cap sur l’île de la Dominique toute proche (4 heures de navigation), pour une escapade de trois jours.

 

La Dominique (à ne pas confondre avec la République Dominicaine) est l’île qui se situe entre la Martinique et la Guadeloupe. Ancienne colonie britannique, elle est aujourd’hui indépendante.

 

Un territoire superbe, avec un relief parmi les plus élevés des îles antillaises, une végétation variée et luxuriante, une profusion de cocotiers, d’arbres fruitiers, de plantes aromatiques, de fleurs ;  son urbanisation encore discrète semble en harmonie avec une nature sillonnée de rivières, de cascades, de chemins de randonnées. Bref il y aurait ici tout pour plaire, une sorte de petit paradis…

La rivière indienne

La rivière indienne

2017 03 01 - Ah les filles !
2017 03 01 - Ah les filles !
Echappée au centre de l’île

Echappée au centre de l’île

Mais… Il fallait bien qu’il y ait un « mais » !

 

Et c’est la mentalité des gens avec qui nous avons eu contact qui pose un bémol sur l’intérêt que présente une visite à La Dominique.

 

Je résumerais en une seule phrase qui reflète ce court vécu :

La Dominique est à voir, l’île est très belle, mais le système en place gâche tout ; il est à boycotter.

 

Le moindre échange avec quelqu’un est sous-tendu par le Dollar Caraïbe.

 

Les sites naturels les plus visités sont administrés par un service équivalent à notre « ONF » et sur chacun d’eux, un gardien en uniforme est posté à l’entrée pour percevoir un droit d’entrée.

Les autres sites plus ou moins marqués par une particularité géologique ou un point de vue par exemple, sont gardiennés par des privés qui s’octroient le droit de demander à leur tour une contribution pour emprunter le sentier (privé ?) qui conduit à l’endroit en question.

La rivière indienne n’est accessible qu’avec un guide et son embarcation, et bien-sûr après paiement de la taxe d’entrée ; sur le parcours deux haltes assez longues sont prévues, comme par hasard là où se trouve un bar…

A la longue c’est fatiguant.

 

Tout est prétexte pour collecter, jusqu’au dernier, les dollars du touriste que nous sommes et que nous affichons par nos visages pâles.

 

Trop c’est trop ! La Dominique est sous l’emprise d’une espèce de racket organisé.

 

Les boat-boys, jeunes dominicains qui viennent à notre rencontre à l’approche des mouillages, se sont rendus quasiment indispensables. Ils détiennent forcément les subtilités pour visiter l’île et, entretiennent un flou artistique, voire une nébuleuse, sur les informations qui permettraient d’être autonomes. Bref ils s’arrangent pour vendre leur prestation, et ils y arrivent très bien.

 

- Où est le bureau d’information touristique ?

« Le bureau d’information c’est nous ! » répondent-ils.

 

Et ils savent aussi nous glisser dans l’oreille que lorsque nous avons recours à leurs services, le bateau est surveillé en notre absence…

Ce qui veut dire que dans le cas contraire on peut craindre quelques déconvenues. Réalité ou intox ?

Nous ne savons pas, quelques histoires de vol d’annexe, ou de bateaux visités circulent…

 

En bons touristes que nous étions pour l’occasion, nous avons opté pour un circuit d’une journée, en voiture avec un guide parlant couramment le français ; il nous importait de nous imprégner de la culture et de l’histoire de ces îliens, et nous voulions être en communion avec la nature particulièrement généreuse. L’affaire a été conclue ainsi avec le boat-boy.

En réalité, au dernier moment, la prestation a été sous-traitée, nous avons été redirigés vers un chauffeur  apathique, supposé « guide parlant français », qui n’a fait que nous déposer de manière systématique dans les lieux les plus fréquentés, ignorant ou ne comprenant pas nos sollicitations répétées pour sortir du « circuit », des sites préparés, aménagés, dénaturés et bien sûr payants !

 

Ses quelques explications inaudibles dans un créole marmonné ne nous ont strictement rien appris sur l’île et ses habitants.

La seule chose que nous avons compris, et celle-là nous l’avons parfaitement assimilée, c’est que nous avons certainement choisi la plus mauvaise option par rapport à nos aspirations.

 

 

Nous sommes rentrés à la fois conscients de la beauté de l’île et remplis de certaines images, mais globalement déçus par l’expérience vécue au cours de cette journée qui s’est achevée, comme si elle en avait besoin, sur un bras de fer avec nos interlocuteurs quant au prix réel de la dite prestation par rapport aux accords initiaux…

 

 

Ce qu’il aurait certainement fallu faire :

Rester une dizaine de jours sur place, observer le risque éventuel d’insécurité pour le bateau et le gérer avec d’autres marins-voyageurs ancrés à proximité ; piocher petit à petit des renseignements relatifs aux lieux intéressants originaux et authentiques, cerner le moyen de transport le moins onéreux (taxi collectif ?), et rencontrer la population en dehors des points de chute systématiques des groupes de touristes américains déversés par les grands voiliers de croisière.

 

Notre mémoire du voyage étant, consciemment ou non, sélective, nous resterons sur les belles images de ce court séjour ; le bon côté de la Dominique !

 

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De retour à Pointe à Pitre en l’attente de l’arrivée prochaine de Christiane (la marraine du bateau), nous avons eu le plaisir de participer à la grande parade du Carnaval.

 

Evénement important et traditionnel dans la vie des antillais, le carnaval est une explosion de rythmes et de couleurs dans chaque localité durant les semaines précédant le Mardi Gras…

 

Nous avons sillonné les rues du centre ville, et des quartiers populaires ; l’ambiance chaleureuse et familiale nous a rapprochés un peu plus de l’authentique Guadeloupe, qui bien trop souvent elle aussi, transparait au travers des échanges mercantiles et insipides des « marchés à touristes »…

 

Plumes, peintures, rythmes, déhanchés, sourires, spontanéité, foule, et plaisirs partagés sont nettement plus attirants !!!

2017 03 01 - Ah les filles !
2017 03 01 - Ah les filles !
2017 03 01 - Ah les filles !
2017 03 01 - Ah les filles !
2017 03 01 - Ah les filles !
En ces temps-là – Culture et Tradition

En ces temps-là – Culture et Tradition

Plein les mirettes, plein les oreilles, et plein les jambes, au terme de cette grande journée partagée avec Ivan du bateau Paseo !

 

 

Nous resterons pour les mois qui viennent sur le secteur de la Guadeloupe et de ses îles rattachées, animés du plaisir de recevoir nos futurs invités.

 

Que personne ne s’inquiète si les parutions sur le blog s’espacent, c’est que nous sommes occupés avec nos hôtes !

 

A une prochaine session, sur le blog de Ciaoooooooooo !

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22 décembre 2016 4 22 /12 /décembre /2016 15:48

Nous imaginons les rues de chaque bourgade de métropole illuminées, les parkings des centres commerciaux bondés, les files ininterrompues des phares de voitures sur les échangeurs en fin de journée, les publicités en tout genre à l’approche de cette période de fêtes, et le petit vent froid qui pince les oreilles… C’est toujours comme çà ?

 

A vous maintenant !

 

Imaginez Agur, revenu mouiller son ancre dans les eaux Guadeloupéennes, face à l’ilet Gosier (pensées pour Marie-Pierre et Henri).

Lever de soleil sur l'îlet Gosier

Lever de soleil sur l'îlet Gosier

Ici aussi la température s’est rafraîchie, mais juste un peu : l’océan est à 28 ° ; les nuits sont maintenant autour de 26 °, c’est tout simplement plus agréable…

 

Près de l’ilet Gosier, le plan d’eau est sans arrêt sillonné par des nageurs qui font ainsi une variante du « footing » quotidien.

Sur la plage on bronze, on mange des glaces cocos ou des sorbets groseilles-pays…

 

En ville, les yeux se posent invariablement sur les étals de vêtements d’été ou d’objets d’artisanat. Les stands des marchés aux épices rivalisent de couleurs et de senteurs attirantes.

Quant aux terrasses de café et restaurants, elles accueillent toute une faune en short-casquette-lunettes de soleil.

 

Pas d’indices d’un Noël tout proche…

 

Les illuminations urbaines sont d’ailleurs quasiment inexistantes.

 

Nous savons que c’est Noël dans quelques jours, mais il est difficile de ressentir cette ambiance si particulière de l’approche des fêtes. Il y a bien quelques cantiques traditionnels qui s’échappent ici ou là de la sono d’un commerce, mais il semble y avoir incohérence…

« Douce nuit, Mon beau sapin, Gloria », réorchestrés en rythmique locale, l’oreille reconnait, mais l’esprit ne commute pas.

 

 

 

A 7000 Kilomètres de là, Hélène, la fille de Sylvie a bouclé sa valise, nous l’attendons ce Jeudi 22 décembre en soirée.

 

Elle vient passer la période des fêtes avec nous, et d’après les contacts téléphoniques récents, elle parle de foie gras, de petits cadeaux, et de réveillon…

En plus du décalage horaire, elle rencontrera vraisemblablement un décalage d’atmosphère !

 

Pour lui faciliter l’intégration, il nous reste à décorer un peu le bateau pour lui donner une petite touche festive (merci Mimi pour les fournitures) et à entrevoir la confection d’un petit repas amélioré, ce qui est dans nos cordes.

2016 12 22 – Joyeuses fêtes de fin d’année !

Notre attention est cependant davantage tournée vers le programme de ces 15 jours de vacances à partager avec elle.

 

Petites navigations vers les îles toutes proches ?

Mouillages charmants face aux plages bordées de cocotiers ?

Plongées à la recherche des tortues et autres poissons multicolores, ou encore une ballade en forêt tropicale ?

Un peu tout çà certainement ; nous comptons bien en tous cas lui faire oublier la grisaille de l’hiver.

 

 

Misons quand même sur le fait que le ciel soit avec nous car en ces mois de fin d’année les alizés, parfois impertinents, excitent l’océan qui gonfle ses vagues, et nous ramènent une quantité de gros nuages orageux qui prennent un malin plaisir à nous arroser subitement plusieurs fois par jour.

Nous avons connu des périodes plus sereines, mais nous ferons tout pour en tirer le meilleur parti.

 

Voilà donc le point de la situation sur Agur.

 

Résumons en un « tout va bien à bord », si on occulte que Syl peine un peu à se sortir d’un épisode grippal ; eh oui ici aussi les virus se baladent, et même un grog au rhum du pays n’y a rien fait et il a fallu avoir recours aux fameux "antibiotiques pas automatiques" !

Période pas facile à gérer au sein d'un gros rush de fin d’année vis-à-vis de son travail, qui impose présence et concentration alors qu’elle compose entre fièvre et migraine !

 

Tout devrait rentrer dans l’ordre sous quelques jours.

 

Pas d’autre nouvelle à l’ordre du jour ; c’est un article parmi les plus courts (on ne va pas non plus faire exprès de s'échouer sur un banc de sable !).

 

Je me donne bonne conscience en me disant que çà tombe peut-être très bien car il y a de grande chances que vous disposiez de peu de temps pour me lire, préparatifs obligent, n’est ce pas ?

 

Nous vous souhaitons à tous de très très bonnes fêtes de fin d’année, et sommes évidemment en pensées avec vous !

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16 novembre 2016 3 16 /11 /novembre /2016 21:36

Alors que la saison cyclonique tire à sa fin, le séjour sur l’île de Grenade ajoute à notre plaisir plusieurs ballades en forêt tropicale à la recherche de cascades plus belles les unes que les autres. Il ajoute accessoirement aussi des épisodes plus « terre à terre »…

Les waterfalls :

Les taxis collectifs, appelés ici « bus », nous emmènent, parfois à grands risques, aux quatre coins du territoire. Nous sommes toujours étonnés d’y être compressés à 19 sur des mini-banquettes, dans ces mêmes véhicules qu’en France où le nombre maximum est fixé à 7 ou 9 passagers… C’est dire si on voyage à l’aise !

Mais c’est souple, rapide (parfois trop), et peu onéreux ; alors…

Quoi qu’il arrive, on essaye de se convaincre qu’ils nous conduisent au paradis !

Carmel Falls près de Greenville.

Carmel Falls près de Greenville.

Même si les itinéraires pédestres ne sont pas encore très bien répertoriés à Grenade ; les départs des ballades sont connus, les bus nous y arrêtent. Ensuite des guides en quête de quelques dollars caraïbes se proposent de nous accompagner ; nous déclinons aimablement leur proposition préférant découvrir par nous-mêmes, et jusque là nous arrivons toujours à destination.

Ici nous sommes spontanément accueillis par un couple de locaux. Ils nous indiquent leur petit coin préféré où madame fait sa lessive dans le torrent, et où son compagnon tout en muscle, batifole comme un enfant.

Spontanément il nous fait goûter un fruit qu’il nomme « apple sugar » ; c’est l’occasion d’un échange de quelques minutes, comme toujours, simple et chaleureux.

2016 11 16 - Pêle-mêle

Un autre jour, plus au centre de l’île, nous engageons une nouvelle randonnée avec nos amis Ivan et Patricia.

D’après les cartes touristiques, le site comprendrait en tout 7 cascades différentes, nommées « Sisters falls ».

Nous trouvons facilement les deux premières de cette grande famille. De vraies sœurs jumelles, avec leurs deux piscines dans un écrin de verdure qui ne manque pas de charme.

En admirant quelques minutes ce site, nous retenons qu’au retour une baignade serait forcément bienfaisante.

Patricia, certainement mieux inspirée, reste sur place et profite d’ores et déjà en solo du brumisateur naturel environnant.

2016 11 16 - Pêle-mêle

Poursuivant notre motivation de découvrir les cinq cascades suivantes, nous engageons le sentier escarpé qui remonte vers les sommets de l’île.

2016 11 16 - Pêle-mêle

Le sentier est balisé ici et là par les liens de plastique autour des troncs d’arbres.

Nous savons que nous ne nous sommes pas perdus, mais une demi-heure, trois quart d’heure plus tard, fréquemment trompés par le bruit du vent qui nous évoque celui d’un torrent proche, le découragement fait surface.

Il faut se rendre à l’évidence il n’y a pas d’autre cascade à proximité.

Trop long, trop loin ! Le jeu vaut peut-être l’effort, mais en l’absence de carte précise et d’information sur le trajet restant à parcourir, c’est la convoitise du bain qui finit par l’emporter.

Nous faisons demi-tour et revenons aux deux premières chutes d’eau.

2016 11 16 - Pêle-mêle

Ce torrent est juste suffisamment frais pour que l’on apprécie d’être enfin quelques minutes en dessous des 30 degrés dans lesquels nous mijotons nuit et jour depuis des mois.

Soulagement et détente dans cette grande piscine fraîche et évidemment non salée ce qui ajoute un contraste intéressant à ce bain irrésistible !

Cette ballade c’est aussi l’occasion de réunir 3 minutes de vidéo sur cet itinéraire de charme, en partage avec Patricia et Ivan.

La rhumerie River Antoine.

C’est aussi en leur compagnie que nous avons visité une rhumerie ancestrale.  Les installations datent de 1785.

2016 11 16 - Pêle-mêle

La mécanique est entraînée par une roue à aubes, les alambics sont chauffés au bois. Toutes les opérations sont évidemment manuelles, du chargement des cannes à sucre, au chauffage des alambics, en passant par les étapes de décantation et de fermentation.

2016 11 16 - Pêle-mêle
2016 11 16 - Pêle-mêle
2016 11 16 - Pêle-mêle
2016 11 16 - Pêle-mêle
Champs de canne à sucre à proximité de la rhumerie

Champs de canne à sucre à proximité de la rhumerie

La distribution reste locale, car le rhum qui sort de cette installation est interdit à l’exportation en raison de son fort titrage d’alcool. Plus de 75 ° !

2016 11 16 - Pêle-mêle

Celui que nous dégustons avec parcimonie est étiqueté à 69 ° et déjà il ne passe pas inaperçu !

 

Quand Agur attire l’attention…

Octobre s’étire, nous nous déplaçons de baie en baie sur le sud de la côte de Grenade pour varier les plaisirs, découvrir d’autres lieux.

2016 11 16 - Pêle-mêle

Les criques très enfoncées offrent souvent un calme plat. En réciproque les fonds sont parfois envasés.

C’est le cas à Calivigny, où nous nous y prenons à trois reprises pour tenter d’accrocher l’ancre qui invariablement dérape sur la vase. Lorsque nous tirons en marche arrière sur le mouillage pour tester sa tenue, le bateau recule et recule encore, labourant le fond avec notre charrue à un seul soc…

Aucune accroche.

Ces vaines manœuvres sont agaçantes d’autant que la chaîne d’ancre maintenant corrodée remonte mal sur le guindeau. Il faut reprendre à chaque fois la totalité de la manœuvre qui, dans ces conditions, dure un quart d’heure.

Passablement tendus, nous décidons énergiquement de quitter cette baie, qui en apparence nous refuse, afin de rejoindre un endroit que nous connaissons et qui accroche bien.

Sylvie, à la barre, se dirige promptement vers la sortie de la baie. Son attention est détournée par le fait que je lui demande d’arrêter l’un des moteurs devenu inutile pour le trajet que nous avons à faire.

C’est alors qu’Agur, vraisemblablement mécontent de nos choix et de notre manque de concentration, nous gratifie d’une figure de style :

2016 11 16 - Pêle-mêle

Il freine et s’arrête.

La marche-arrière à pleine puissance n’y change rien. La situation est claire : nous sommes bêtement échoués.

 

  • Point positif : l’atterrissage s’est fait en douceur sur l’extrémité d’un banc de sable herbeux. Pas de dégât à craindre, les ailerons sous le bateau sont prévus pour se poser.
  • Note moins optimiste : bien que l’amplitude des marées soit faible ici aux Antilles ; il y a environ 50 cm de variation de niveau, et là précisément nous avons échoué exactement à l’heure de la marée haute !

 

Le temps de quelques essais de dégagement, et la carène émerge de plus en plus. C’est trop tard…

Agur est en train de nous donner une leçon de patience. A bord, tout est légèrement incliné, mais particulièrement stable ! Au passage nous nous réconfortons d’être sur un catamaran car sur un monocoque nous serions vautrés sur le côté !

La prochaine marée haute est en pleine nuit. Pas besoin de réveil, la contrariété suffit…

A 3 heures du matin, nos relevés de hauteur d’eau nous indiquent que nous sommes presque à l’étale de la pleine mer. Les diverses tentatives de marche arrière ne donnent que de légers mouvements de balancement, mais nous ne sortons pas de notre piège.

Agur décide de rester là jusqu’à la marée suivante !

2016 11 16 - Pêle-mêle
2016 11 16 - Pêle-mêle

A basse mer nous avons de l’eau aux chevilles. Avec les moyens du bord, nous grattons le sol de manière à creuser deux sillons qui sont sensés faciliter la sortie par l’arrière. Ivan nous donne un coup de main et se propose de tirer Agur avec son bateau lors de nos prochains essais de dégagement. Cette aide semble en effet indispensable.

24 heures après notre arrêt sur le banc de sable, tout est mis en œuvre pour sortir, car détail non négligeable, suivant l’évolution des coefficients, les prochaines marées seront moins hautes de quelques centimètres…Ce qui signifie que si la sortie ne se fait pas maintenant, elle sera encore plus difficile ultérieurement.

Aux deux moteurs d’Agur en arrière-toute, s’ajoutent la traction du bateau d’Ivan et Patricia au maximum, et aussi l’annexe à plein régime qui pousse sur une des étraves.

C’est à ce prix qu’Agur consent petit à petit à glisser doucement vers les eaux libres.

Cet épisode s’est clôturé sur un sourire, autour d’un casse-croûte en commun sur une table locale, avec chicken, et maïs-pays grillés au barbecue… Merci à Ivan et Patricia, avec qui nous passons encore quelques jours à Calivigny, l’ancre ayant cette fois daigné s’accrocher correctement.

 

On pourrait croire que j’en rajoute si j’écris qu’à l’escale suivante nous avons encore frisé le même type d’incident, mais en pire ; sur fond corallien…

Cherchant un autre mouillage, avec cette fois toute l’attention requise, mais une mauvaise visibilité due au soleil de face, un banc de corail aiguisé comme un rasoir s’est subitement dévoilé des transparences relatives de l’eau juste à l’avant du bateau. Le temps de crier « stop – arrière »  à Sylvie, le sondeur n’indiquait déjà plus que 90 cm de profondeur.

La réaction instantanée a été payante. Les têtes de corail se sont éloignées sans aucun contact. Ouf !

 

Comprenant alors qu’Agur avait vraisemblablement des envies « terrestres », nous avons opté pour lui donner satisfaction.

2016 11 16 - Pêle-mêle

Plus sérieusement, cette sortie à sec était prévue de longue date.

Le nettoyage des coques effectué à flots environ une fois par mois n’étant plus suffisant, le moment est venu de rafraîchir les peintures sous-marines.

Ce travail n’a pas été fait depuis notre départ d’Hendaye en Juillet 2014.

2016 11 16 - Pêle-mêle
Carénage à Courts Clark Bay

Carénage à Courts Clark Bay

Une semaine intense début Novembre.

Disposant de l’eau à volonté, circonstance rare dans la région, c’est aussi un décrassage complet que nous avons entrepris pour refaire une beauté à notre complice !

Avec un lever à 5 heures 30 le matin pour profiter des premières lueurs du jour, marquant juste une courte pause le midi, et reprenant jusqu’à la nuit tombante vers 18 heures, nous avons produit une énergie de travail digne de solder à elle seule toute l’année 2016 !

 

Cap au Nord.

Compatissants et impuissants au fait que vous entrez doucement dans l’hiver, nous nous préparons à sortir de notre « cachette anti-cyclones », et à profiter bientôt de la « belle saison » dans les Antilles Françaises en partage avec la famille qui viendra nous rendre visite.

Agur pointe donc maintenant ses étraves vers le Nord, attendant (comme toujours) un  créneau de vent compatible avec ce projet.

Nous sommes à Carriacou, juste au nord de Grenade et convoitons pour les jours prochains de rejoindre directement la Martinique par une navigation d’un peu plus de 24 heures qui s’annonce au près serré dans le meilleur des cas, et à conjuguer avec le courant et le dévent des îles.

L’idée un peu pesante de cette grande navigation avec ses inévitables quarts de nuit est adoucie par la projection de retrouver dès l’arrivée une bonne partie de nos repères en matière alimentaire après six mois de contrainte récurrente : chicken, chicken, chicken…

Une salade de tomates, un steak-frites, une glace !

Le rêve !

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6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 14:58

Tout en bas de l’arc antillais, l’île de Grenade, à notre surprise, nous apporte son lot de dépaysement et de ravissements.

Après avoir retardé au maximum notre arrivée sur l’île, nous évitons jusque-là les baies du Sud, les plus prisées, redoutant la sur-fréquentation de plaisanciers qui y sont stationnés pour la saison cyclonique.

 

« Grand mal Bay » notre première escale sur la côte Ouest, est très calme, face à un modeste village. Nous sommes pratiquement le seul bateau de voyage à y séjourner, et nous nous interrogeons encore sur les raisons qui motivent nos pairs à déserter ce genre d’endroit pour se regrouper, tous dans les mêmes classiques, au risque d’asphyxier…

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

A Grand Mal Bay nous ne sommes qu’à 3 kilomètres de la capitale, Saint Georges, et c’est par taxi collectif, le moyen de locomotion le plus populaire, que nous nous y rendons en quelques minutes.

 

Après quelques mois de calme et d’isolement, repus des plages désertes de PSV, ajustés par la force des choses aux modestes ressources de Petite Martinique et de Cariacou, nous retrouvons « la ville » !

 

Même si cette ville est petite, avec cinquante milles habitants, elle est très animée.

Si ce n’est un choc, c’est en tous cas un changement brusque qui nous nous vivifie subitement.

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

Les rues grouillent, le port est en mouvement permanent, les marchés piaillent ; c’est coloré et vivant, klaxonnant et çà nous fait du bien !

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

Pourtant cette ville n’est pas au dernier cri des aménagements publics.

Les caniveaux véhiculant des eaux usées sont parfois nauséabonds, les trottoirs sont soit encombrés soit inexistants, les chaussées sont étroites et les bâtiments d’une autre époque… 

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

Mais si la ville Saint Georges nous apparaît charmante c’est certainement parce qu’elle est authentique.

 

Charmante, la population l’est tout autant. Nous ne comptons plus les « Welcome » et les « Enjoy » qui nous sont adressés en permanence. Nous ne pouvons pas croiser une personne, homme, femme, enfant, sans qu’il y ait un aimable salut, un sourire, un pouce levé, une plaisanterie qui nous soit adressée.

 

Que nous hésitions à un angle de rue, ou devant un bâtiment, et immédiatement quelqu’un s’enquiert de notre embarras.

 

Même si par réflexe nous restons vigilants, à aucun moment nous ne ressentons la moindre insécurité.

 

Nous comprenons plus tard, au fil des échanges, que la population est soucieuse de l’image qu’elle véhicule. Il lui importe que nous, étrangers, ayons une bonne appréciation de l’île, et que nous le fassions savoir.

Le tourisme est une ressource relativement naissante à Grenade. La structure politique actuelle de ce petit état indépendant ne date que de 1984.

Les habitants ont vraisemblablement conscience que par des moyens simples et qui sont à la disposition de chacun : la sympathie, l’accueil, la cordialité ; ils œuvrent dans leur sens. On ne peut que leur donner raison.

 

Un détail nous a surpris : il est quasiment impossible en Guadeloupe et en Martinique de photographier quelqu’un dans la rue, même de loin, sans se faire rabrouer. Sur les marchés les commerçantes se cachent le visage à la vue d’un objectif, et tempêtent vers le maladroit qui est derrière.

Un jour, nous avons spécifiquement demandé l’autorisation à un pêcheur de le photographier pendant qu’il vidait d’impressionnantes prises. Vexé que nous le prenions « pour une bête de foire », et imperméable à toute communication, nous avons essuyé son refus catégorique.

 

Contrairement à cela, à Grenade les gens sont heureux que nous les prenions en photos. Souvent ils le proposent d’eux-mêmes.

 

Ils posent spontanément, ils s’en amusent, et c’est toujours l’occasion d’un échange sur nos origines et nos raisons d’être là, sans que jamais nous n’ayons senti une attitude intéressée.

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

 

Bref nous sommes conquis par cette simplicité d’échanges et cette proximité possible.

 

Tout semble ici très spontané, normal, sans prise de tête, même si à nos yeux certaines scènes peuvent nous étonner :

 

Par exemple, dans la rue la plus passante, un large stand propose des films de cinéma gravés artisanalement sur des CD basiques pour être proposés à la vente.

L’équivalent de 2 euros les 5 films…

Les titres sont notés au feutre sur les CD, enfilés dans une poche en plastique.

Sont-ils copiés, téléchargés ?

Dans tous les cas, il est certain qu’ils ne sont pas dans leur version commerciale habituelle.

Inimaginable 5 minutes chez nous en France, évident ici.

 

 

Plus loin un homme d’âge mûr, dans le pur style du pays, édenté, usé par la vie et ses abus, nous interpelle « bonjou’ coman alé vou ? ».

Comment a-t-il repéré que nous sommes précisément des français ?

Cà se voit, dit-il, au look, au comportement…

Après quelques mots, il nous offre spontanément de goûter à son « petit joint » passablement détrempé.

Ben… non merci, c’est gentil …

 

Plus loin un autre, plus jeune et très « clean », propose de nous vendre un peu de cannabis à un prix « spécial caraïbes » ; le tout sans insistance, et avec le naturel qu’il aurait en proposant du chocolat.

 

Un coup de fatigue ? Pas de soucis : l’un dort sur une palette sous un arbre, l’autre derrière un stand de légumes…

 

Par contre nous avons remarqué que lorsqu’un jeune est saoul, ou qu’il commence à se faire un peu remarquer dans la rue, il se fait sévèrement réprimander par les aînés qui en sont témoins.

 

------------------

 

Au marché, les épices sont partout ; des dizaines de sachets remplis de poudre, des déclinaisons de couleurs ocres, des senteurs qui chatouillent les ailes du nez, et les doudous qui font l’article…

 

Le marché aux épices est néanmoins un classique dans toutes les Antilles, il n’est pas spécifique à Grenade.

 

L’île doit surtout sont slogan officiel « l’île aux épices », à la commercialisation mondiale de la noix de muscade appelée ici « Nutmeg ».

 

L’usine est à Gouyave, petite bourgade au Nord Ouest de l’Île. 

Gouyave, la rue principale

Gouyave, la rue principale

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

Nous avons visité cet étonnant établissement datant de 1952. Tout y est encore traité manuellement comme au premier jour.

 

A l’heure de l’automatisation généralisée c’est comme un enchantement de voir travailler ces gens, calmement, dans une ambiance aérée, épicée et surtout calme par l’absence de machines…

 

Voyage dans le temps…

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
décorticage et tri manuel

décorticage et tri manuel

Les noix dégringolent du premier étage où se trouve le séchoir

Les noix dégringolent du premier étage où se trouve le séchoir

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

Les noix de muscades se trouvent sous cette forme dans la nature :

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

Elles sont récoltées manuellement par des paysans qui vont les chercher  dans la montagne. Ils viennent ensuite les vendre, au poids, à l’usine.

 

La grosse enveloppe jaune n’est pas utilisée.

Le « péricarpe » rouge est une petite peau très odorante dont la texture rappelle celle du plastique. Séché, le péricarpe se commercialise localement pour épicer les recettes traditionnelles.

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

Sous le péricarpe se trouve une mince coquille de bois, et à l’intérieur de celle-ci la noix de muscade telle qu’on la connait chez nous.

 

Le traitement en usine  consiste à sécher naturellement les noix dans leurs coquilles, puis à séparer manuellement les noix des coquilles pour ne récupérer que la noix intérieure.

Les coquilles sont destinées au compost.

 

Un lavage des noix est effectué et il est suivi d’une immersion.

Certaines, de qualité moindre, flottent en surface du bain. Elles sont mises à part et destinées à l’industrie cosmétique.

Les autres, la grande majorité, subissent un ultime séchage avant la mise en sacs.

 

Chaque sac est imprimé manuellement au moyen de pochoirs, en fonction de sa destination.

 

La commercialisation depuis cette modeste usine, est mondiale.

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

Plus tard, en France, lorsque nous râperont une noix de muscade, il est certain que nous la sentirons différemment entre nos doigts et sur nos papilles…

 

 

 

 

Nous profitons d’être dans cette partie de l’île pour inscrire une randonnée à notre programme.

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...
la végétation est luxuriante

la végétation est luxuriante

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

 

Nous allons vers une cascade et au détour du chemin nous traversons plusieurs petits jardins exploités artisanalement à même la colline.

 

Les lopins de terre sont réduits à quelques mètres carrés, mal définis, ils produisent en très petites quantités des salades, quelques pommes de terre, des concombres, des herbes aromatiques.

 

Nous croisons quelques paysans dont le seul outil est le coupe-coupe.

L’un d’eux, rencontré sur le sentier, nous offre des carottes fraîchement cueillies qu’il rince spécialement dans le torrent avant de nous les donner. Toujours la sympathique spontanéité !

2016 10 06 - Grenade, l'île aux épices...

 

En dehors de ces jardins plus ou moins entretenus, la nature reste particulièrement généreuse.

 

Après notre jeûne de fruits et légumes des mois précédents, nous sommes ébahis de côtoyer dans la même ballade toutes sortes de fruits à portée de main : des bananes, des mangues, des citrons, avocats, papayes, nutmegs et aussi pour nourrir notre curiosité une grande quantité de cacaoyers.

C’est une cabosse de cacao, sur le tronc d’un cacaoyer.

C’est une cabosse de cacao, sur le tronc d’un cacaoyer.

 

C’est dans ces fruits étranges, « les cabosses de cacao », que se trouvent les pépites de cacao qui après un traitement long et complexe, fermentation, séchage, torréfaction, broyage, deviennent l’élément de base du chocolat.

 

De là, à la plaquette de chocolat, c’est encore une longue histoire, pour extraire le beurre de cacao, ajouter du sucre, et finaliser notre dessert favori, ou la poudre des boissons instantanées.

 

L’élaboration du chocolat est tout un savoir faire ancestral qui nécessite des équipements spécifiques, un procédé d’élaboration précis qui malgré notre bonne volonté échappe à nos possibilités de particuliers.

« Concord falls »  sous l’averse tropicale.

« Concord falls » sous l’averse tropicale.

 

Nous rentrons de cette randonnée avec un sac à dos surchargé, enchantés comme des enfants un soir de Noël, avec notre récolte 100 % bio et 100% éco !

Récolte du jour : bananes, nutmeg, orange verte (à jus), citron, avocat, mangues, cacao.

Récolte du jour : bananes, nutmeg, orange verte (à jus), citron, avocat, mangues, cacao.

 

Je pourrais raconter aussi la visite de la plus vieille distillerie de rhum de l’île. Elle date de 1785, et produit un rhum quasiment explosif !

Mais j’en garde un peu pour la prochaine fois !

 

C’est un autre monde à Grenade, ou plutôt notre monde mais à une autre époque !

Nous avons rajeuni d’un demi-siècle, ne nous demandez pas si nous allons bien !

 

Have a nice day !

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30 septembre 2016 5 30 /09 /septembre /2016 15:17

Le dernier article (du 27 Septembre) se clôture sur un fond de tempête tropicale en approche.

 

Dans ces cas-là, comme beaucoup, craignant le pire, ou en tous cas le très mauvais, nous cherchons un abri.

Celui dans lequel nous jetons l’ancre, n’est pas n’importe lequel : c’est Port Egmont, une sorte de port naturel sur la côte sud de Grenade ; « L’abri anti-cyclone » le plus réputé des Antilles !

 

En fait nous ne visons pas particulièrement Port Egmont, parce que les conditions ne le justifient pas, mais il se trouve que les autres baies devant lesquelles nous passons, paraissent totalement saturées de bateaux.

Ce sont de véritables forêts de mâts, visibles depuis le large qui nous dissuadent de nous en approcher.

 

Qui peut le plus, peut le moins ! A Port Egmont, certes plus isolé donc moins fréquenté, on peut voir venir !

 

C’est une enclave, un bras de mer coudé, qui s’enfonce à presque 2 kilomètres à l’intérieur des terres. Ici, pas de houle à craindre, pas de vague, on oublie la mer, il n’y a que le vent à gérer.

Le petit triangle noir c'est la position d'Agur

Le petit triangle noir c'est la position d'Agur

Quand nous arrivons il y a déjà 23 bateaux. Les autres équipages s’affairent. 

2016 09 30 - Dérapage non contrôlé

Cette baie est l’équivalent d’un lac, c’est plutôt joli, très calme, et résidentiel. Quelques maisons sont accrochées aux collines ; une route peu passante effleure le plan d’eau sur un petit pont en fond de baie.

2016 09 30 - Dérapage non contrôlé

Pas trop esthétique le petit pont, mais on l’accepte, il est chez lui après tout, et la place est tranquille !

 

L’ancre croche ferme, par 3 mètres de fond, avec 45 mètres de chaîne.

Nous tirons en marche arrière avec les deux moteurs à fond ; ça ne bougera pas !

En tous cas nous en sommes convaincus…

 

Précisons pour les non-marins qu’il faut mouiller une longueur de chaîne supérieure ou égale à 5 fois la hauteur d’eau pour être en sécurité. C’est une question d’angle de traction sur l’ancre. Dans le cas présent, disons que 20 mètres seraient suffisants. Nous avons mis plus du double… En la matière, trop ne nuit jamais !

 

Nous reprenons la météo par internet capté par le réseau téléphonique (lent mais finalement efficace) et nous constatons que la tempête (elle s’appelle Matthew) garde son intensité, mais que sa trajectoire s’oriente un peu plus au Nord.

C’est une bonne nouvelle pour nous, car les vents sont moindres dans la partie sud du système.

 

Plus il passe au Nord et moins nous en recevrons ici.

 

C’est un raisonnement très égoïste, car plus au Nord, c’est là que sont les petites îles où nous étions il y a quelques semaines, et aussi Saint Vincent, Ste Lucie, La Martinique, La Guadeloupe ; celle-ci seront alors aux premières loges...

Au fil des heures, nous recomptons nos voisins : on avoisine les 50.

 

Lundi, Mardi, Mercredi, l’attente est longue, quelques grains passent, sans vent.

Le bateau, animé par de faibles courants d’air, tournicote de nombreuses fois sur lui-même.

 

Nous repassons à l’aplomb de l’ancre plusieurs fois. Nous passons par toutes les orientations cardinales. Un vrai carrousel !

En général nous n’aimons pas trop ces allers et retours dans tous les sens qui, au bout de quelques jours, risquent de déloger l’ancre.

Mais nous nous savons tellement bien accrochés que nous restons confiants.

 

Plusieurs fois par jour nous rafraichissons les données météo. Les vents resteront sous les 30 nœuds au lieu où nous sommes ; pas d’inquiétude à avoir. Sur les îles plus au nord, 40 nœuds et davantage sont attendus (force 8 à 9) ; c’est plus délicat.

 

Petit à petit des orages grondent ; les averses isolées commencent, intenses, très serrées.

 

Dans la nuit de Mercredi 28 à Jeudi 29, vers 2 heures, le vent se lève autour des 20 nœuds, une bagatelle, mais ce sont les premiers souffles, nous sommes aux aguets.

 

Depuis la couchette, je donne un coup d’œil par le hublot, histoire de voir si tout va bien autour.

A l’éclairage public de la route, je reconnais que nous sommes dans l’axe longitudinal de la baie, l’arrière vers le pont ; je sais qu’il n’y a pas d’autre bateau dans cette direction ; RAS donc.

 

Quelques instants après, titillée par « l’ange gardien du voyage », Syl se lève précipitamment, pour mieux y voir.

A peine arrivée dans le cockpit elle déclenche l’alerte.

 

  • Viiiiite Agur recule vers le pont !
  • Depuis les toilettes, je lui réponds : « Mais oui, bien sûr… »
  • Mais puisque je te dis qu’il recu-u-u-u-le !!!! (+ quelques petits mots efficaces pour stimuler…)

 

Accélérant la « case toilette », je la rejoins.

En effet, contre toute vraisemblance, nous sommes largement derrière la bouée blanche (voir photo précédente). On dérape en marche arrière ; on dirait qu’on a une ancre sur roulettes !

 

Il faut faire vite ; Syl vient de démarrer les moteurs !

Le pont n’est plus très loin, 20 mètres, 30 mètres ? On n’y voit rien, la pluie cingle.

 

Déjà  évitons le pire !

Marche avant.

 

Ensuite, en petite tenue, sous une cascade heureusement tiède, je m’occupe de remonter « ce qui normalement nous sert d’ancre », pendant que Syl, aux commandes, nous maintient  dans l’axe du vent qui rafale.

Nous communiquons difficilement car le grain est fort et on ne s’entend pas ; je lui fais des signes, je ne la vois pas, mais je constate qu’elle suit mes demandes comme nous en avons l’habitude. La manœuvre progresse efficacement.

 

Arrivés au bout des 45 mètres de chaîne, le constat est simple : l’ancre est littéralement emballée, enrubannée dans une énorme boule d’algues très serrée au point que je ne distingue même pas la forme cachée dedans. Voilà l’explication des roulettes…

 

Tout est clair ; on le savait : « tournicotis » = mouillage suspect.

L’ancre ainsi masquée ne peut plus accrocher…

 

S’en suivent donc quelques minutes de plaisir très modéré, à plat ventre sur le pont sous la pluie battante, envasé au-delà des coudes au contact des algues qui sentent bien la marée… Arrachant poignée par poignée l’amalgame, je finis par dégager notre crochet !

 

Je sens que cette opération est un peu longue au goût de Syl qui essaye de faire un vol stationnaire dans l’obscurité, et crie régulièrement quelque chose comme « t’es prêt ? » ou « ça y est ? ».

 

Ca y est, remouillage et fin de l’épisode !

 

Quittes pour l’adrénaline et un rinçage copieux. Et un souvenir de plus dans l’album !

 

 

Côté débriefing :

 

Voilà comment en une minute de plus, on casserait bêtement un bateau, encastré sous un pont, alors que nous avons pris toutes précautions en étant dans la région adaptée à la saison, en nous posant spécifiquement dans un abri exceptionnel pour des conditions qui se sont révélées en fin de compte relativement banales.

 

Sauf bien sûr, qu’il aurait fallu tester le mouillage mercredi soir au dernier moment en tirant avec les moteurs, et le repositionner de jour, hors situation d’urgence.

 

Ca ne tient toujours qu’à un fil…

 

Nous avons examiné la trace enregistrée sur le GPS, nous étions à 18 mètres du pont selon le positionnement qui est donné lors du démarrage, et qui semble juste.

 

On s’en sort bien.

 

Matthew continue sa route. Le calme est revenu.

 

Il a malmené les îles au Nord de notre position, et continue en se renforçant.

Les populations de la République Dominicaine, Haïti, La Jamaïque, Cuba, risquent de voir arriver dans quelques jours quelque chose de beaucoup plus menaçant…

 

 

Un peu distrait de mes objectifs d’écriture, par ces quelques jours lors desquels la récupération d’eau de pluie a, entre autres, été très active (510 litres ; notre record, tous les réservoirs sont à ras bord) je me recentre maintenant sur le prochain article (comme promis) : Grenade l’île aux épices !

 

A très bientôt.

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  • Je suis né dans un petit village du Nord de la France ; 1/2 siècle plus tard, je me réveillais tous les matins avec l'envie d'aller voir de l'autre côté de l'horizon...
J'ai rencontré Syl, et ensemble nous prenons le départ en 2014...
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